Le verdict du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) condamnant le journaliste et directeur de Radio M et de Maghreb Emergent, El Kadi Ihsane, ce mardi, à six mois de prison ferme a suscité un vaste élan de solidarité. Des partis politiques et des activistes ont réagi en dénonçant une violation de la liberté d’expression et de la presse.
Invitée de l’émission Offshore de Radio M, ce matin, Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), a indiqué que cette condamnation « montre que nous sommes toujours dans le cadre de la criminalisation du travail journalistique, la criminalisation de la pensée politique, et même celle de la recherche. Cela prouve également que nous ne sommes pas encore sortis de la spirale de l’enfer ».
Louisa Hanouna a rappelé « que ces agissements, non seulement fragilisent ce qu’on appelle le front interne et mais exposent notre pays au chantage externe », avant de poursuivre : « Il est temps que cela cesse. Que ces agissements s’arrêtent, que la liberté de la presse soit respectée, la liberté d’opinion, la liberté de rassemblement, et d’organisation politique ».
Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) dirigé par Athmane Mazouz, fraichement élu à la tête du parti, a condamné « énergiquement », dans une publication sur la page officielle du parti sur Facebook, « la cabale judiciaire contre Ihsane El Kadi et l’assure de son soutien et de sa solidarité »
« C’est certain qu‘Ihsane El Kadi n’est pas un « simple » journaliste, Il est beaucoup plus que ça… », a réagi Abdelkrim Zéghilèche, militant de l’UCP sur sa page Facebook.
De son côté, le sociologue Lahouari Addi a indiqué sur sa page Facebook : « Après avoir mis fin au quotidien Liberté, l’administration menace El Watan et veut fermer Maghreb Emergent. La condamnation d’El Kadi Ihsane à six mois de prison ferme montre la détermination du pouvoir exécutif à violer la constitution ». La Ligue algérienne de Défense des Droits de l’homme (LADDH) a condamné « le verdict condamnant un journaliste à six mois de prison pour un article de presse » et a exprimé toute sa solidarité avec Ihsane El Kadi.
Ahmed Mouhidjiba, Président et Fondateur, de la Fondation Algérienne pour l’Action Citoyenne (FAAC) a considéré cette condamnation comme « une peine contre quiconque serait tenté de sortir de la falsification qu’entretient le régime et d’exprimer son opinion »
De nombreux activistes ont réagi sur les réseaux sociaux avec le Hashtag #le_journalisme_nest_pas_un_crime. Des auditeurs de Radio M et lecteurs de Maghreb Emergent ont également exprimé leur solidarité avec El Kadi Ihsane avec des appels au standard de Radio M et des visites à son siège à Alger centre.
Le journaliste Ihsane El Kadi vient d’être condamné par le tribunal Sidi M’hamed d’Alger à six mois de prison ferme et une amende de 50 000 dinars. Le journaliste a également été condamné à payer la somme de 400 000 dinars à titre de réparation à l’agent judiciaire du trésor public (100 000 da) et au ministère de la communication (300 000 da), qui se sont constitués en partie civile. A l’origine de cette affaire, une plainte déposée par l’ex-ministre de la communication Amar Belhimer, contre El Kadi Ihsane pour un article de presse qu’il a publié sur Radio M.
Suite à cette condamnation, le journaliste et directeur de Radio M et Maghreb Emergent a décidé de faire appel.
Dans une vidéo postée sur la page Facebook de Radio M, Ihsane El Kadi s’est dit « furieux » et en même temps « attristé » par cette décision qui « n’arrange ni la presse algérienne, ni la justice ni l’image du pays ».
Yamina Baïr