Méthodes contestées, démarche inefficace : les mesures prises en Algérie pour encourager les économies d’énergie ont un effet marginal.
L’Algérie a pris des mesures destinées à économiser l’énergie, mais les décisions prises restent sans incidence significative, tant le pays est habitué à un gaspillage énorme. Un spécialiste de la question, Nidam Abdi, doute de la validité de ces mesures, affirmant qu’«il n’est pas certain que les autorités du pays aient pris la mesure d’un tel enjeu historique».
La campagne menée notamment par l’APRUE (Agence Nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation de l’Energie) se limite à des actions symboliques, menées dans un environnement hostile. Ainsi, l’entreprise Sonelgaz a entrepris, avec une campagne publicitaire dirigée par l’APRUE, de distribuer gratuitement des lampes de faible consommation, sur simple présentation de la facture d’électricité.
Dans le même temps, l’APRUE poursuit une campagne baptisée « Ecobat » destinée à transformer l’habitat pour qu’il soit moins gourmand en énergie. Elle est aussi officiellement chargée du développement du chauffe-eau solaire, de l’introduction de l’efficacité énergétique dans l’éclairage public, ainsi que « l’introduction de l’efficacité énergétique dans le secteur industriel et les établissements grands consommateurs d’énergie ».
Projets fortement énergétivores
Ces efforts sont cependant réduits à néant par un environnement hostile. Dans le domaine de l’habitat, tout effort est anéanti par les projets de construction d’un million et demi de logements, potentiellement gros consommateurs d’énergie, particulièrement en raison de la climatisation qui devient omniprésente dans les habitations en Algérie.
Le ministère de l’habitat, principal artisan de ces projets, a énoncé quelques principes portant sur les économies d’énergie, mais la plupart des chantiers sont lancés dans l’urgence, ce qui limite considérablement les possibilités d’imposer de véritables normes pour y encadrer la consommation énergétique.
Le programme 2010-2014, portant officiellement sur plus d’un million de logements, a montré les limites de cette politique. Un architecte, associé aux projets, estime que « moins de 20% des logements construits répondent à des normes d’économie d’énergie », alors qu’il « n’y a pas du tout de logement à énergie positive », produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme.
Pédagogie adaptée
Pour les technocrates travaillant dans les administrations, l’économie d’énergie se limite à une série de circulaires à appliquer, et d’ajustements à mettre en place. A l’opposé, Nidam Abdi souligne que « les Algériens sont de très grands consommateurs d’énergie » car le prix de l’électricité et du pétrole sont très bas. En outre, selon lui, « les Algériens ne connaissent pas cette notion » selon laquelle « l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas ». « On ne peut demander aujourd’hui à une population d’intégrer la notion d’efficacité énergétique » alors qu’elle a toujours consommé sans modération, en raison d’un prix très bas, dit-il.
Il conteste aussi l’argumentaire technique utilisé, et plaide pour une « pédagogie adaptée ». A l’inverse, un ancien haut responsable de Sonatrach, qui appuie cette démarche, note aussi qu’il « faut que les consommateurs sentent la différence entre un modèle et un autre par le coût ».