Près de 5,3 millions de Tunisiens iront ce dimanche aux urnes pour élire leurs représentants au nouveau parlement, le premier de l’ère Post-Benali. Des élections qui devraient confirmer l’hégémonie politique d’Ennahda, de Nida Tounès et du Congrès patriotique.
En prélude à l’élection présidentielle prévue le 23 novembre prochain, les Tunisiens vont élire ce dimanche, 217 nouveaux députés au sein d’un nouveau parlement, ouvrant la voie à un gouvernement de la majorité ou d’une coalition, selon les résultats d’un scrutin qui se tient sous le mode de la proportionnelle au plus fort. Il y aura, pour cette consultation, 33 circonscriptions électorales, dont celle de Sidi Bouzid, d’où est partie la révolution de Jasmin, qui a fait partir le président Benali et donné le ‘’top départ’’ au printemps arabe. En tout, il y aura 1.327 listes de candidats, autant indépendants et de petits partis de gauche, que des grands partis qui squattent la vie politique tunisienne : Ennahda, Nida Tounès, le Congrès pour la république et l’Union patriotique libre. Globalement, les 1.327 listes de candidats se répartissent en 803 listes de partis, 159 listes de coalitions et 365 listes indépendantes. En outre, 90 partis sont inscrits pour ces élections législatives. Pour autant, les observateurs parient sur une grande désaffection des électeurs à cette consultation d’au moins 20% du nombre total des inscrits dans les listes électorales. Raison principale : détérioration des conditions de vie, hausse du chômage et pauvreté en progression dans la plupart des gouvernorats. Plus de 15 % de la population active Tunisienne est sans emploi et 33 % de diplômés sont chômeurs, selon un rapport d’une ONG locale.
Verrou économique
D’autre part, le taux de pauvreté s’est établi à 15% en 2012 selon la Banque africaine de développement (BAD), alors qu’il était de 23% en 2005 et 32% en 2000. Face à la situation économique et financière précaire de la Tunisie, le Conseil d’administration du FMI avait accepté au début de 2014, le versement immédiat, au titre de la nouvelle tranche de son crédit de précaution, de 217,5 millions de dollars (375 millions de dinars). Pour le FMI, »la Tunisie est en phase d’achever sa transition démocratique avec l’avènement des élections », dont les élections législatives, »une nouvelle étape (qui) permettra de galvaniser le soutien des partenaires au développement ». Pour autant, »la situation économique (de la Tunisie) reste difficile, avec une croissance timide, alors que le chômage demeure élevé », estime dans une note le FMI pour qui »la hausse des déséquilibres extérieurs met sous pressions le taux de change et des réserves ».
Menaces sur le scrutin
Selon le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, les réserves en devises du pays ont atteint 117 jours d’importations à fin septembre 2014. Sur le plan sécuritaire, rien ne va plus également dans une Tunisie qui fait face aux affres du terrorisme. Pour sécuriser ces élections, quelques 80.000 policiers et militaires ont été déployés à travers toute la Tunisie. Les autorités tunisiennes craignent en effet que ces élections ne soient perturbées par des actions terroristes. Vendredi, un groupe terroriste a été neutralisé dans la banlieue de Tunis avec la mort des auteurs de l’assassinat d’un gendarme. La bonne organisation de ce scrutin, même si on parle à Tunis d‘un fort taux d’absentions, sera assurément un sérieux test politique pour l’organisation le 23 novembre prochain de l’élection présidentielle.