Sur le front des finances nationales et dans le sillage de l’effondrement des cours pétroliers, les mauvaises nouvelles se succèdent. La « violence du choc externe » évoqué hier par le gouverneur de la Banque d’Algérie se mesure d’abord, depuis près de 18 mois déjà, en termes d’érosion des réserves financières. Une érosion plus rapide que prévue et qui prend déjà de court les estimations, pourtant jugées « prudentes », des experts du ministère des Finances.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, vient de confirmer l’ampleur du « choc externe » subi par l’économie algérienne depuis juin 2014. La terminologie utilisée par la Banque centrale confirme, tout d’abord, que les facteurs sous-jacents à la baisse du prix du pétrole, à l’origine de la fragilisation de notre situation financière, sont largement en dehors du contrôle de l’Algérie. Autre confirmation, si cela était encore nécessaire, cette nouvelle conjoncture est révélatrice de la profonde vulnérabilité de l’économie de notre pays.
On peut, néanmoins, concéder aux autorités algériennes, qui ne manquent d’ailleurs aucune occasion de le rappeler, que la politique « prudente » de constitution de réserves financières mise en œuvre au cours des dernières années permet d’atténuer partiellement les effets de l’effondrement du prix du baril de brut, même si elle ne protègera pas notre pays contre « une baisse prolongée des prix pétroliers » ainsi que vient de le rappeler M. Laksaci .
Des réserves de change qui diminuent plus vite que prévu
A défaut de pouvoir agir sur les prix pétroliers, les autorités financières algériennes « mesurent » donc les effets de la chute des prix pétroliers. Un prix moyen du baril à près de 56 dollars entre janvier et septembre 2015 c’est déjà 26 milliards de dollars de perdues par nos réserves de change depuis le début de l’année et 32 milliards de dollars en un an. Des réserves chiffrées à un peu plus de 152 milliards à fin septembre, c’est aussi l’annonce d’un niveau de réserves qu’on peut, sans grand risque d’erreur, estimer déjà proche de 145 milliards de dollars à fin 2015. C’est là un niveau sensiblement inférieur aux 151 milliards prévus voici encore quelques semaines par les experts du ministère des Finances dans les éléments de « cadrage » de la Loi de finances pour 2016 et qui renseigne sur l’accélération du processus de leur érosion.
Le FRR en voie d’épuisement accéléré
Le second compartiment de la cagnotte financière constituée depuis un peu plus d’une décennie par les autorités algériennes ne se porte pas mieux et se trouve même menacé d’un épuisement plus rapide que celui des réserves de change. C’est ce que vient de rappeler également la Banque d’Algérie. Le stock d’épargnes financières du Trésor accumulé au sein du Fonds de régulation des ressources (FFR) a chuté à près de 2.900 milliards de DA à fin septembre dernier contre 3.500 milliards trois mois auparavant. « Au total, les ressources du Trésor ont subi une érosion drastique de l’ordre de 2.000 milliards de DA entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015, soit une réduction de 40% en l’espace de douze mois seulement, après plusieurs années d’efforts soutenus d’épargne budgétaire », précise la Banque centrale. Des chiffres qui indiquent que dès fin septembre dernier, on était déjà très en dessous des 3.400 milliards de dinars prévus par la LF 2016 et qui questionnent sérieusement les prévisions des experts du ministère des Finances faisant état d’un solde du FRR estimé, de façon trop optimiste, à 1.700 milliards de dinars à fin 2016.