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Fermeture de Radio M et Magreb Emergent, « la dernière digue vient de tomber » (Revue de presse)

Par Maghreb Émergent
décembre 28, 2022
Fermeture de Radio M et Magreb Emergent, « la dernière digue vient de tomber » (Revue de presse)

Immense mobilisation et multiples condamnations après l’arrestation il y a 5 jours, de El Kadi Ihsane, journaliste et directeur de Radio M et Maghreb Emergent. En Algérie et à l’International, le nom du journaliste alimente depuis samedi minuit, heure de son arrestation, les articles de presse dans le monde et les plateaux de télévisions.

« La dernière digue vient de tomber ». La fermeture de Radio M et Maghreb Emergent signe la fin de la presse libre en Algérie. « C’est terminé » soupire Samir yahiaoui militant politique, sur les ondes de France inter ce 27 décembre.

Le journal diffuse à ses auditeurs une déclaration de El Kadi Ihsane sur Radio M pour illustrer l’acharnement judiciaire contre le journaliste qui réagissait à une de ses précédentes convocations : «Regarder un juge dans les yeux et lui dire je suis un journaliste pas un terroriste ça me met dans une colère noire »
« Cette fois, il est Interpellé sans qu’on connaisse les raisons. Aucun motif à cette nouvelle interpellation souligne le journaliste, la veille Ihsane El Kadi avait contesté des déclarations du président Tebboune »
France culture
Sur France culture , ses conditions d’arrestations sont mises à l’index, « Emmené menotté , le journaliste se trouve dans une caserne militaire » relève le média français.
Jeune Afrique
« Le journaliste algérien Ihsane El-Kadi Aux mains de la sécurité intérieure » Titre jeune Afrique qui relate la nuit de son arrestation : Vendredi vers 22h, Ihsane El-Kadi a reçu un coup de fil lui demandant de se présenter à la caserne Antar, siège de la DGSI, « pour prendre un café ». Le journaliste propose de se déplacer dans l’après-midi du samedi pour honorer le rendez-vous. Il informe son interlocuteur de son souhait d’aviser l’opinion publique de cette nouvelle interpellation.
Une demi-heure plus tard, nouveau coup de fil d’un autre agent de la DGSI avec lequel Ihsane El-Kadi a déjà été en contact par le passé. Cette fois, l’homme lui propose de le retrouver le soir même dans un café sur les hauteurs d’Alger pour une « discussion informelle ». Nouveau refus du journaliste. Vendredi, à minuit trente, six agents en civil de la sécurité intérieure débarquent à son domicile et lui intiment l’ordre de les suivre. Lit-on dans les colonnes de Jeune Afrique.
« Alors même que le journaliste se trouvait dans les locaux de la DGSI, la Cour d’Alger l’a condamné à une peine de six mois de prison ferme, sans mandat de dépôt, et à une amende de 50 000 dinars (environ 340 euros), pour « publication de fausses informations ». Note le journal selon qui El Kadi Ihsane est persuadé qu’il doit son interpellation à un article publié le 17 décembre sur le site de Maghreb Émergent , sur les rumeurs faisant état d’une volonté du chef de l’État algérien de se maintenir au pouvoir à l’issue de son mandat en cours ; des agents de la DGSI auraient en outre clairement exigé du journaliste qu’il cesse de parler de l’armée. C’est d’ailleurs ce qui lui aurait été demandé au cours d’une précédente interpellation avance le journaliste de jeune Afrique.
La famille d’Ihsane El-Kadi et ses avocats ne savent pas quelle était l’autorité – judiciaire, militaire ou politique – qui a pris la décision d’enclencher cette nouvelle affaire judiciaire contre Ihsane El Kadi.
Libération
«L’ordre vient d’en haut» Selon le journal Libération
« Aucune procédure judiciaire n’a été respectée, souligne le quotidien français disponible également dans sa version en ligne.
«Aujourd’hui, on peut arrêter un journaliste et le garder des jours en détention, mettre sous scellés les bureaux du journal, empêcher les avocats de rencontrer leurs clients et tout ça sans qu’aucune raison ne soit donnée», déplore un journaliste algérien qui préfère garder l’anonymat interrogé par le média français.
TV5 monde
« Sans motifs officiels ; cet épisode vient clore une année sombre pour la presse en Algérie renchérit TV5 monde qui multiplie les témoignages de journalistes algériens devenus indépendants après avoir été frappés par la censure.
« Jamais nous n’avons reçu autant de coups de massue que cette année. » soulignent-ils à la télévision française qui se demande si cette décision émane de la justice ou de la police politique »
« C’était une radio qui invite tout le monde, parle de ce dont on ne parle pas ailleurs, invite les opposants, critique le pouvoir. C’était le dernier espace où on pouvait débattre. » Témoignent-on. Le média évoque tantôt l’article 87 bis du Code pénal dont l’interprétation vise majoritairement à engager des poursuites et à criminaliser « toute voix critique » au sein du pays ; tantôt, l’article 97 qui interdit les manifestations non autorisées dans les lieux publics ou encore l’article 98 et 100 . Tous sont si vagues que n’importe quel magistrat, en fonction des volontés politiques, peut les interpréter de différentes manières et mettre quelqu’un en prison. » Rapporte TV5 monde dans ses témoignages, citant notamment le cas du journaliste Mohamed Mouloudj.
Twala info
« A l’évidence il n4 y avait aucune urgence » Commente Twala info, le site d’information affiche son entière solidarité avec le journaliste El Kadi Ihsane , et sa famille. « C’est une arrestation violente , un antécédent gravissime, l’arrestation du journaliste et la mise sus scellée instaure un climat d’intimidation et de terreur , inhibe le travail journalistique et paralyse les initiatives » souligne son communiqué.
Cpj : appel aux autorités Algériennes
De New York, le 27 décembre , l’appel aux autorités algériennes à libérer immédiatement et sans condition le journaliste et permettre au diffuseur local indépendant Radio M et au site d’information Maghreb Emergent de travailler librement, signé par le Comité pour la protection des journalistes. Le CPJ a rappelé avoir envoyé en 2020 un courriel au ministère algérien de l’Intérieur pour obtenir des commentaires, mais n’a reçu aucune réponse précise-t-il alors que les sites Web de Radio M et Maghreb Emergent ont été brièvement bloqués en avril de la meme année, après la publication par el-Kadi d’un éditorial critiquant les 100 premiers jours de mandat de Tebboune, comme le documentait le CPJ à l’époque.
Financal times
Le Financial times, note l’heure à laquelle « l’éminent journaliste indépendant a été arrêté. « Aux première heures samedi, relève-t-il, par 6 policiers en civil. Sa radio sur internet était le dernier espace média ou les gens pouvaient parler politique et publier des articles critiques sans se censurer. Le quotidien américain donne la parole à la journaliste algérienne daikha dridi, qui a contribué par le passé aux programmes de radio M. Dans les colonnes américaines, reporter sans frontières condamne cette arrestation et appelle les autorités à respecter le travail des médias en Algérie.
« Suivez-nous, vous connaissez l’adresse. » écrit le Monde sur la convocation de Ihsane El-Kadi à Ben Aknoun le 27 novembre des agents de la DGSI , venus au siège d’Interface Médias.
Une allusion à une précédente visite forcée à la caserne Antar, le 10 juin 2021, à la veille des élections législatives. Précise le journal pour qui « les autorités algériennes ont décidé d’en finir avec ce qui pouvait paraître comme une anomalie : un site d’information autonome dans un paysage médiatique sous contrôle ».
Le monde
Selon le Monde, cette voix qui détonne au milieu du conformisme général constituait, de fait, le dernier balbutiement d’une presse indépendante. Le journal parie sur l’incapacité des médias à se mobiliser pour préserver l’espace occupé par Radio M. « Peu probable » croit savoir le journaliste.
Hespress
Hespress y consacre plusieurs articles et parle d’un harcèlement qui n’a pas de fondement autre que celui d’empêcher l’exercice libre du métier d’informer. Le journal reprend le communique du conseil d’administration de radio M et rappelle la ferme condamnation de RIPOSTE international qui évoque un acharnement judicaire et exige qu’ils s’arrêtent à l’encontre des citoyens soucieux de l’avenir de leur pays.
« Sale temps pour la liberté de la presse et la démocratie » titre le journal électronique marocain qui paraphrase Abdelouahab Fersaoui, président de Raj, le Rassemblement Action Jeunesse dissout en octobre 2021, » abonde le journal pour qui le sort réservé à la presse est un excellent indicateur de l’existence ou de l’absence d’un état de droit , « …Absence cela va de soi commente le journal. «
Nigrizia
NIGRIZIA, dédiée à l’Afrique dans son dernier numéro, le 27 décembre, note une campagne contre la dissidence depuis 2019. Intimidation, censure des journalistes indépendants, dont les arrestations sont fréquentes dans ce pays écrit la revue italienne qui souligne que El kadi Ihsane a été arrêté à plusieurs reprises par la Dgsi et fait l’objet de diverses poursuites judiciaires dans ce cadre.
La croix
Serait-ce son article du 17 décembre sur l’armée évaluant l’hypothèse d’un deuxième mandat pour le président Tebboune qui aurait déplu ? Ou son tweet du 23 décembre qui taclait le président pour ses propos « grossiers » sur un prétendu pactole de 20 milliards de dollars qui aurait été récupéré chez les oligarques de la « Issaba » s’interroge La Croix.
Le matin d’Algérie
« Qui est derrière l’arrestation d’Ihsane El Kadi ? « S’interroge à son tour LE MATIN d’Algérie sur son site.
Chacun se perd en conjectures sur cette arrestation.

« La justice observe et attend que les ordres descendent des hautes sphères pour se saisir de cette énième affaire encombrante. Une de plus, une de trop ? Le système préfère les plumes larbines, La presse libre lui est insupportable parce qu’elle lui renvoie au visage ce qu’il est. Son autoritarisme. » Consigne le journal interdit.
Avec la mise sous scellés de ces médias, la présidence enfonce les derniers clous du cercueil qui porte les fondements de la liberté d’expression. Il n’y a absolument rien à attendre de responsables qui ferment des journaux et embastillent les opposants et journalistes. C’est là une partie du sombre bilan des 3 années de la présidence de Tebboune. Conclut t-il.
Partout en Algérie et à l’étranger, la mobilisation s’organise afin de faire pression pour la libération du journaliste et sauver Radio M et Maghreb Émergent, considérés comme les derniers survivants d’une presse indépendante étouffée par le régime.
Les signatures s’amoncellent sous la pétition hébergée sur la page Facebook de Radio M. La presse internationale s’en fait l’écho.
« Imaginez si on portait tous en nous l’engagement, la liberté et le courage d’Ihsane El Kadi… Ils deviendraient fous ! Mobilisons-nous tous pour Ihsane et Interface Médias. Rendons-les fous ! », sur Ouest France , la parole est donnée à la société civile.
En Algérie, Interligne choisit de faire parler le Parti des travailleurs qui appelle à la libération de El kadi Ihssane. « Il s’agit-là d’un dérapage qui sera vite corrigé », à en croire la même source, à Interlignes.
«Qu’est ce qui pourrait justifier de tels procédés, la célérité et le caractère d’urgence d’une telle démarche ? », s’interroge le parti de Louisa Hanoune. C’est un pas qualitatif gravissime dans la voie de la remise en cause des acquis démocratiques, dont les libertés d’expression et de presse, de leur criminalisation ». Fin de citation.
Le PT et le RCD réagissent
Avant le PT, c’est le RCD qui a considéré que l’arrestation du directeur du pôle éditorial d’Interface Médias est un «premier désenchantement» pour ceux qui «caressent l’espoir que l’apaisement l’emportera pour l’avenir du pays».
Reporters
Sur Reporters, le parti, appelle au «respect de la liberté d’expression et la cessation des harcèlements judiciaires et policiers contre les militants et les activistes», et exprime «son soutien inconditionnel au collectif et responsables de Radio M ainsi qu’à tous ceux qui subissent le poids des injustices…».
Algerie360
Algérie 360, relate les faits rapportés par la fille du journaliste El Kadi Ihsane, présente lors de son arrestation et Sur la Bbc news arabe, les débats s’enflamment , les ONG, ripostent « ET se réserve le droit de saisir l’opinion et les institutions internationales sur ces incessantes attaques à l’encontre du droit fondamental de la liberté d’expression du journalisme. C’est le cas de l’ONG, riposte dans un communiqué elle dénonce» les procédés en totale violations des dispositions réglementaires et des traités internationaux régulièrement ratifiés«
« Riposte Internationale prend à témoin la communauté internationale sur la dérive autoritaire des autorités algériennes étouffant toute possibilité de divergence
L’ humanité
« L’homme du jour pour L’humanité le 26 décembre, c’était Ihsane El Kadi, le journaliste pro-hirak écrit le quotidien français de gauche.
On ignore toujours ce qui lui est reproché précisément. Un article de Maghreb Émergent sur le soutien de l’armée à un second mandat du président Abdelmajid Tebboune ? Ou son dernier tweet où il met en doute la parole du chef de l’État sur la restitution au Trésor public de 20 milliards de dollars par des oligarques proches de son prédécesseur Bouteflika ? POUR OUEST France, c’est « un nouveau tour de vis du pouvoir militaire contre la liberté des médias . »
« La quasi-totalité des médias sont désormais sous contrôle, les journalistes qui ne comprennent pas passent par la case prison». Clôt le journal .

« Les chiffres faramineux annoncés récemment par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à ce sujet, sont à même de faire taire tous les sceptiques ». Répond l’agence de presse officielle « APS » aujourd’hui 28 décembre.
“L’ère de l’anarchie médiatique et de la circulation de l’argent sale dans les médias est révolue. A martelé le président de L’APN, Brahim Boughali, aujourd’hui à l’ouverture d’une journée parlementaire sur le sens du service public et de l’information dans les médias algériens.
“ Il y a désormais une pléiade de supports médiatiques via le Web, permettant ainsi à tout-venant de s’autoproclamer journaliste, rapportant des informations. Les médias doivent être en mesure de fournir des contenus qui “défendent l’Algérie, ses acquis et ses intérêts”. Ecrit l’agence de presse officielle au moment où le journaliste se trouve toujours à Antar. Une information reprise par Patrie News, qui twete une déclaration du président de la commission de communication de l’APN,
« Nous sommes fiers du niveau de liberté de la presse nationale ».

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