« Il faut dévaluer le dinar algérien pour qu'il soit à sa valeur réelle » (Nour Meddahi) - Maghreb Emergent

« Il faut dévaluer le dinar algérien pour qu’il soit à sa valeur réelle » (Nour Meddahi)

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Intervenuant ce jeudi en duplex depuis Toulouse (France), à l’émission « L’Invité du Direct» de Radio M, le Professeur en économie, Nour Meddahi, a décortiqué la situation économique de l’Algérie. Parmi les points abordés lors de cette émission, la question monétaire du pays. A ce sujet, l’économiste a estimé que « le dinar algérien est largement surévalué ».

« Depuis 2014, nous avons un déficit de la balance de payement qui est au-dessus de 10% du PIB. C’est monstrueux », a-t-il avancé, en ajoutant que « cela veut dire que le dinar est largement surévalué ».

Le professeur a expliqué que l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Mohamed Laksaci (2001-2016) avait baissé la valeur du dinar, avant que cette baisse ne soit bloquée après son départ. « Et maintenant, on n’a plus le choix. La baisse de la valeur du dinar a repris », a-t-il ajouté.

Pour argumenter ses propos, le professeur Meddahi a expliqué qu’il y a un mois, 1 dollar valait 120 dinars. « Ce matin il est à 128 dinars. Donc la Banque centrale a baissé la valeur du dinar de 6 % en un mois. Ce qui nous amène à dire que la Banque a repris la baisse du dinar », a-t-il affirmé.

Dans ce même sens, l’invité du direct de Radio M. a souligné que la richesse du pays avait beaucoup baissé. Ceci est dû, selon lui, à deux principales raisons : la baisse du prix du Brent à 70% par rapport au début de l’année. Et aussi la baisse de la production de pétrole de l’Algérie de 20%, dans le cadre de l’accord de l’Opep. « Cela veut dire que la richesse produite par l’Algérie diminue. Alors il est normal que la monnaie algérienne recule », a-t-il affirmé.

Pour démontrer la surévaluation du dinar algérien, le professeur donne l’exemple de la Russie et de la Norvège qui exportent des matières premières et des hydrocarbures comme l’Algérie. « Leurs monnaies (le Rouble et la Couronne norvégienne) cotées à la bourse, ont enregistré une baisse de 20% depuis le début de l’année. Mais pas pour gonfler les recettes mais juste par mécanisme naturel dû à la baisse du prix des hydrocarbures », a-t-il expliqué, en affirmant que ce constat « nous amène à dire que le dinar est largement surévalué ».

Par ailleurs, le professeur explique que si le dinar coûtait sa véritable valeur, ceci aurait des inconvénients  mais aussi des avantages pour l’économie algérienne. « Il est vrai que si la valeur du dinar venait à baisser, l’inflation augmenterait, ce qui impactera le pouvoir d’achat. Mais quand vous avez une monnaie surévaluée ceci a d’autres désavantages ; vous favorisez les importations à la production locale, ce qui va accentuer le chômage. Il faut aussi penser à tous les emplois qu’on n’arrivera pas à créer », a expliqué l’économiste.

Pour pallier la crise financière du pays, le professeur Meddahi estime qu’il est nécessaire de « baisser le déficit budgétaire sur deux à trois ans, ce qui veut dire dépenser moins et augmenter les recettes ». Pour cela, le professeur explique que « le premier outil à utiliser est le dinar. Alors il faut baisser sa valeur ».

« A mon avis, le dinar doit être en terme réel à 1 dollar pour 160 à 170 dinars, soit une baisse de 20 à 25% », a-t-il estimé. Et d’ajouter ; « Ceci va générer de l’inflation. A cela s’ajoutera l’inflation des subventions notamment dans les prix des énergies qui vont inévitablement augmenter dans les trois prochaines années ».  « Si je devais donner des pronostiques, dans trois à cinq ans, un dollar vaudra 250 dinars », a-t-il conclu.

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