Le Docteur Zerguini, qui rechigne à se faire appeler « Professeur » par d’autres que ses étudiants, est membre de la commission médicale de la FIFA depuis vingt-et-un ans. Invité ce mercredi du Direct de Radio M la webradio de Maghreb Emergent, ce chirurgien de profession se présente volontiers comme un « bénévole » à la FIFA.
Sans nier les retombées positives que procure une telle activité, il la perçoit avant tout comme un « engagement ». Entré en 1994 chez le mastodonte du football, il a pu suivre avec attention et participer avec passion aux développements de nombreux programmes de la FIFA, notamment dans le secteur de la santé. Loin de vouer la FIFA aux gémonies, M. Zerguini a ainsi défendu le bilan du travail de l’ère Blatter ainsi que ses programmes de développement.
Des programmes adaptés aux fédérations
« Les programmes de développement sont destinés à toutes les Fédérations », explique-il en précisant qu’il existe des ajustements selon les conditions socio-économiques du pays concerné. Des fédérations finissent même par formuler leur « propre desiderata ».
Il atteste « sans réfléchir » de l’impact positif de ces programmes pour le football et la qualité du jeu sur « le niveau des coaches, des arbitres, des dirigeants ». « J’ai visité cinquante pays en Afrique, j’ai pu constater une différence en 20 ans ». Pour le démontrer, il affirme qu’il y a deux décennies encore, un match tel que Cap-Vert-Algérie se caractérisait par un score aux allures de handball. « Aujourd’hui, même un match contre les Seychelles sera pris au sérieux ». Il met cela sur le compte de ces programmes de développement qui forment les différents acteurs du ballon rond. A titre d’exemple, il cite les débuts du programme Futuro dans les années 1990. Un groupe d’instructeurs issu des rangs de la FIFA rendait visite à une Fédération afin de former un groupe d’une vingtaine de personnes aussi bien au niveau arbitral, médical, technique que sportif et administratif.
Il affirme que l’état de santé des joueurs sur le terrain était une préoccupation récurrente et importante pour Sepp Blatter. Le Docteur Zerguini refuse de hurler avec les loups ou de s’étendre sur les soubresauts qui agitent actuellement la FIFA. Pour lui, les malversations, les luttes de successions et les querelles entre fédérations ne doivent pas occulter le rôle bénéfique et la portée de l’action de la FIFA, notamment de ses programmes médicaux qui s’attachent « à la santé du joueur » et plus globalement « à la santé du jeu ». Actuellement, la tendance s’inverse : on s’intéresse à l’étude des bienfaits du football pour la santé. Le financement de ces programmes suit un circuit précis qui passe par le centre d’excellence FIFA, « ambassadeur pour ce qui est de l’aspect médical » de l’organisation, installé à la clinique Chahrazed, à Alger. Il existe trois centres de ce type en Afrique.
Pour sa part, il a développé de nombreux programmes de recherche, des études prospectives, notamment dans le domaine de l’évaluation et de la prévention des blessures dans le football, dans le cadre du F-Marc (Football for health). « Nous avons pu définir le contexte des blessures » chez les joueurs et les joueuses. En moyenne, les licenciés se blessent à raison de 2,1 fois par saison, blessures intrinsèques et extrinsèques confondues. Il indique qu’à partir des conclusions de ces études, des mesures préventives sont mises en place. Il a fait partie de ceux qui ont préconisé le carton rouge pour les blessures « qui proviennent de tacles arrières. »
Détermination de l’âge des joueurs : un programme d’études à Alger
L’expertise médicale constitue ainsi un support à l’application de la réglementation. Des équipes qualifiées, auxquelles M. Zerguini a pris part, se chargent ainsi du contrôle de l’âge des joueurs. Les contrôles ont lieu en amont – par l’étude des IRM -, et de façon aléatoire sur le site de la compétition. On étudie attentivement le poignet des joueurs pour connaître l’âge osseux. La fermeture du cartilage de croissance indique si un joueur a atteint l’âge de 17 ans. Le Docteur Zerguini participe actuellement à une étude sur ce thème de l’âge qui se déroule à Alger. C’est la clavicule qui est à l’étude. Les avancées escomptées devraient permettre de mieux déterminer si les joueurs ont dépassé l’âge de 20 ans. Il a, par ailleurs, participé à des programmes d’impact du jeûne sur la performance sportive. Il s’est notamment rendu à l’AJ Auxerre, à l’époque où Guy Roux était l’entraîneur de Moussa Saïb et d’Abdelhafid Tasfaout.
Football algérien
« Pour avoir des joueurs de haut niveau en Algérie, il estime que « ça commence par la formation des formateurs et c’est ce qu’il vient d’être fait. » Coté santé, « nous avons fait en sorte que tous les joueurs aient un dossier médical (…) Des échocardiographies sont incluses. (Ndlr : elles permettent de prévenir le risque de mort subite sur le terrain ») indique-t-il. Interrogé sur l’échec de l’Algérie quant à l’attribution de la Coupe d’Afrique des Nations de 2017 au prétexte de l’absence de stades aux normes FIFA sur le territoire, il estime qu’il « faut arriver à développer des infrastructures sans avoir le projet d’organiser une compétition. »
Extraits vidéo : http://bit.ly/1JnNNha