Le 11 septembre est entré dans l’histoire de l’humanité après les attentats de New-York et Washington en 2001. Avant cette attaque spectaculaire, cette date correspondait à celle du putsch contre le président Salvador Allendé et son assassinat au Chili par les forces du général Pinochet. Pour l’Algérie, cette date est historique car elle marque l’anniversaire de la décision historique du président Liamine Zeroual de démissionner.
Démarche inédite en Algérie, vingt ans plus tard, dans un paysage politique algérien totalement bloqué par les difficultés de santé de Abdelaziz Bouteflika et sa difficulté à diriger on ne mesure que plus l’importance et le courage de Zeroual.
Vingt ans plus tard les motivations de Liamine Zeroual n’ont jamais été complètements révélées, l’histoire de cette période critique pour la survie de l’Algérie a été totalement écrasée par le règne sans partage et l’accaparement de l’espace infligé par Bouteflika à l’Algérie.
En 2016, le journaliste Farid Alilat levait le voile sur cet épisode historique dans les colonnes de Jeune Afrique. Pour Alilat la décision prise par Zeroual avait été prise le 3 septembre à Windhoek, capitale de la Namibie, après une logue nuit passée debout à cogiter, le président Zeroual décide de jeter l’éponge. Le lendemain, dans l’avion du GLAM sur le chemin du retour il réunira se collaborateurs dans le petit salon de l’appareil Il est serein mais grave. « Vous savez que je voulais partir il y a un an, leur dit-il. À l’époque, les décideurs n’étaient pas d’accord, arguant qu’il n’était pas opportun de quitter le pouvoir. Eh bien ce moment est venu. Il faut laisser la place à d’autres. Je pars. Je vais le faire savoir dès mon retour à Alger. » écrit Farid Alilat. Vendredi 11 septembre, huit jours après cette confidence faite à 10 000 m d’altitude, Liamine Zéroual annonce la tenue d’une élection présidentielle anticipée.
Nommé à la tête du Haut Comité d’Etat (HCA) en 1994 après avoir été ministre de la Défense nationale, Zeroual avait détonné par sa manière de diriger. Faisant montre d’une probité extrême, il avait une parfait désintérêt pour le pouvoir et ses privilèges. En 1995 il accédera au rang de Président de la République après avoir obtenu 61% des voix lors des élections du 16 novembre.
Ni éradicateur ni réconciliateur il aura une approche implacable face au pic d’attaques terroristes de 1997, tout en ouvrant des canaux de communications avec les anciens dirigeants du FIS, à qui il rendra de nombreuses visites et avec les terroristes voulant déposer les armes.
Il donnera son accord pour une « paix des braves » avec l’Armée Islamique du Salut qui ouvrira la voie au processus de réconciliation nationale dont bénéficiera son successeur Abdelaziz Bouteflika.
Pour beaucoup deux images subsisteront du président Zeroual: Le 30 janvier 1995 les caméras le montrent au chevet des victimes de l’attentat à la bombe du boulevard Amirouche, prostré après la supplique d’une femme blessée lui enjoignant de « faire quelque chose ». Et celle du refus de rencontrer et de serrer la main du président français Jacques Chirac dans les coulisses de l’assemblée générale de l’ONU en octobre 1995.
Restera aussi sur son court règne l’ombre de son adjoint et mauvais génie Mohamed Bétchine, une sorte de Raspoutine qui subira l’été 1998, une énorme campagne médiatique, qui finira par convaincre Zeroual de démissionner.
Malgré son retrait total de la vie publique et son retour dans sa ville d’origine Batna, Liamine Zeroual force toujours le respect des citoyens par sa simplicité et son accessibilité. Ne refusant jamais les selfies et les photos avec les gens du peuple, il occupe toujours et ceci malgré-lui les réseaux sociaux.