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Hydrocarbures

Impact de la chute du cours du pétrole : profondes restructurations de l’industrie pétrolière et gazière 2015/2020

Par Yazid Ferhat
décembre 13, 2014
Impact de la chute du cours du pétrole : profondes restructurations de l’industrie pétrolière et gazière 2015/2020

 

Comme conséquence de la chute libre des cours du pétrole qui s’est coté, le 12 décembre 2014,  à 62 dollars pour le Brent et à 55 dollars  le WIT et paradoxalement avec  une  stabilisation euro/dollar à 1,246 dollars/un euro, la grande compagnie américaine Haliburton annonce la suppression  de 1000 emplois suivi  par d’autres compagnies, devant assister dans les années à venir  à de profondes restructurations au niveau pétrolier et gazier. Le rapport du FMI en date du 12 décembre 2014 attire l’attention du gouvernement algérien sur ces tendances. 

 Environ 97% des recettes d’exportation provenant des hydrocarbures, et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées, facteur essentiel de l’origine des réserves de change, des subventions  et des plans d’investissements. Cela  pose l’urgence pour le Ministère de l’Energie algérien et Sonatrach de revoir profondément  son management stratégique, de donner une nouvelle impulsion au Conseil National de l’Energie comme facteur d’adaptation.

 1.-Fondé en 1919, à Dallas aux USA, la compagnie  Haliburton a eu un chiffre d’affaire dépassant 8 milliards de dollars pour le second trimestre 2014 contre 7,3  au premier trimestre 2014 pour  un effectif  de  plus de 80.000 personnes  et étant présentes dans plus de 80 pays avec des centaines de filiales, étant le second fournisseur  de servies à l’industrie pétrolière et gazière dans le monde. Au deuxième trimestre 2014, le taux   de croissance a été de 15% en Amérique du Nord, devant s’améliorer avec des marges de 20% investissant massivement dans le pétrole et gaz de schiste aux USA,  12% au Moyen Orient Asie-Australie, seulement 5% en Amérique du Sud  et 6% en Europe –Russie, Afrique. Le plan de licenciement annoncé par la compagnie  Haliburton de 1000 emplois  pour l’instant devrait donc toucher en priorité  la Russie, l’Afrique et à un moindre degré l’Europe. Ces difficultés ne sont pas propres à cette société.

2.-Par exemple  les deux majors Total et Shell, qui totalisent environ la moitié de la production gabonaise, estimée à 230.000 barils par jour, ont vu leurs activités fortement perturbées  et menace de licencier. Cela pose d’ailleurs pour l’Algérie une question d’attractivité, la taxe sur les superprofits  risquant de faire fuir les investisseurs étrangers. Au moment où la Sonatrach annonce un plan d’investissement de 100 milliards de dollars, sans analyser sa rentabilité future  face à un marché mondial incertain et turbulent, les canalisations et les GLN travaillant actuellement en dessous de leur capacité (50/60%),  nous avons les premières incidences de la chute  du cours  des hydrocarbures au niveau mondial. Le groupe britannique BP a annoncé une réduction entre un et deux  milliards de dollars en 2015  avec la suppression de  centaines d’emplois.   L’américain ConocoPhillips annonce  une réduction de ses investissements de 20 %, à 13,5 milliards de dollars en 2015. Statoil annonce le report  de  30 des  100 projets potentiels, parmi les plus coûteux,  et Royal Dutch Shell qu’elle pourrait   fermer son champ de Draugen en mer du Nord, dix ans plus tôt que prévu.

3.-Il est prévoir comme cela s’est passé  pour le secteur financier au lendemain de la  crise de 2008 à une profonde restructuration des grandes compagnies pétrolières et gazières qui avec les économies d’échelle pourront être rentables, ce qui explique que des compagnies comme Haliburton  ne changent pas profondément de stratégie pouvant résister à des cours planchers  de 60/70 dollars,  les compagnies marginales étant absorbées  ou évincées du marché. Et ce en attendant  le prix d’équilibre  qui sera fonction essentiellement d’une entente entre l’Arabie Saoudite et les USA du fait que selon les experts internationaux  , le  seuil de rentabilité fluctue entre 75/80 dollars étant souhaitable à terme un prix d’équilibre entre 80/90 dollars. Les nouvelles technologies pourront faire baisser les couts, d’où l’importance stratégique de l’économie de la  connaissance qui couplée avec la bonne gouvernance sont les leviers de tout processus de développement fiable.  Mais pour l’instant, il faut un prix de 78/80 dollars pour  les sables bitumineux du Canada, de 75/76 dollars pour le pétrole non conventionnel américain, de 73/75 dollars pour l’offshore très profond au Brésil et  de 70 dollars pour certains projets mexicains. Entre temps des pays  mono-exportateurs  ayant une forte population ( les pays du Golfe peuvent tenir à 50 dollars le baril ), de faibles capacités et une  dépense publique importante souvent mal gérée comme le Venezuela ( déjà en semi-faillite), l’Iran , l’Algérie  et la Russie dont le budget dépasse les 100/120 dollars, risquent   des tensions budgétaires ,et des tensions sociales  si cela dure plus de trois années pour des raisons de géostratégie.

4.- Quelle est l’attitude du gouvernement algérien face à ces tendances lourdes qui s’annoncent et qui seront de longue durée?  Le rapport du FMI en date du 12 décembre 2014 tout en soulignant que  le cadre macro-macro-économique est relativement  positif met en garde le gouvernement algérien  qu’il est  éphémère sans de profondes réformes  structurelles. Pour le FMI les  menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s’accentuent en Algérie où les déficits devraient se creuser à plus de 7 pc , avec un accroissement du chômage voilé par  des emplois administratifs non créateur de valeur ajoutée et le taux de croissance annoncé de 4% l’est en grande partie par la dépense publique dont le montant   n’est pas proportionnel aux impacts avec des surcoûts exorbitants. La  chute  des cours du pétrole est défavorable aux exportations, tandis que les importations, stimulées par les dépenses publiques, continuent d’augmenter  Pour la  première fois en près de 15 ans, note le FMI, le compte des transactions courantes devrait se solder par un déficit », et à moyen terme, les déficits en Algérie devraient se creuser car les « exportations ne sont pas suffisamment diversifiées, l’IDE est freiné par les restrictions sur l’actionnariat », les subventions et les transferts sociaux plus de 26% du PIB (compressant artificiellement le taux d’inflation), encouragent   la forte consommation intérieure d’hydrocarbures.».

(*) Professeur des Universités Expert International-Directeur d’Etudes Ministère Energie / Sonatrach- 1974/1979-1990/1995-2000/2006

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