L’électricité produite à partir du solaire hybridé avec du gaz torché peut être compétitive en Europe. Et celle-ci doit participer au financement du transport et des interconnexions électriques depuis le sud de l’Algérie ; propose Tewfik Hasni.
« L’électricité verte algérienne a toute sa place sur le marché électrique européen », a estimé M. Tewfik Hasni, consultant en transition énergétique, lors de son passage à l’émission « l’Entretien », de Radio M. La révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union Européenne doit être l’occasion de négocier l’introduction de l’électricité verte algérienne dans le réseau électrique européen : « nous devrions revoir cet accord d’association sur la base d’un meilleur équilibre », a-t-il dit en proposant la négociation du financement des interconnexions électriques depuis les centrales solaires hybrides du sud algérien jusqu’aux points d’entrée de l’Europe ( Espagne, Italie, Corse), en passant par les villes algériennes du Nord.
Avec le photovoltaïque l’Algérie n’atteindra pas les 40% d’électricité verte visés
L’Algérie qui a projeté de produire 40% d’énergie électrique d’origine verte à l’horizon 2030, est loin de pouvoir atteindre cet objectif selon M Tewfik Hasni, car l’Algérie a réorienté ses investissements de génération électrique de source renouvelable vers le photovoltaïque à plus de 50%. « Avec cette configuration, l’Algérie ne pourra jamais atteindre son objectif de 40% d’énergie électrique d’origine verte », estime-il. Pour le consultant en transition énergétique, le lancement récent d’une unité de production de l’électricité solaire à partir du photovoltaïque d’une capacité de 1.1 mégawat est un recul, compte tenu des besoins et du programme tracé ; 22 gigawatts en 15 ans. En effet la centrale solaire thermique (CSP) hybride (gaz naturel) inaugurée en 2011 à Hassi R’Mel développe déjà une capacité de production électrique de 25 mégawatts de source solaire. « Il était prévu de s’appuyer sur le retour d’expérience de cette première centrale solaire thermique pour en réaliser trois autres sans hybridation. 60 millions de dollars d’aide ont été obtenu pour ces projets » expliqueTewfik Hasni, qui déplore l’abandon de la génération électrique à partir du solaire thermique concentré au profit du photovoltaïque. Il considère que l’argument du coût élevé du CSP est frauduleux. « Le prix de cession de l’électricité de la centrale solaire thermique de Hassi R’Mel, est de l’ordre 3.5 dinars le kw/h, tandis que les prix appliqués par Sonelgaz (subventionnés), sont de l’ordre de 4 dinars, ce qui reviendrait à 10 dinars sans subventions. Ou est la cherté du kw/h solaire thermique ? », s’est-il interrogé, en ajoutant « le temps de production d’un champ solaire photovoltaïque est réduit par rapport à celui d’une centrale solaire thermique hybridée avec du gaz » Tewfik Hasni insiste sur l’utilisation du « gaz torché » dans les centrales hybrides, ce qui permettrait à la fois d’ « utiliser un gaz déjà brulé, de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et d’économiser la taxe de 8 dinars pour le mètre cube brulé », a-t-il expliqué.
Extraits vidéo : http://bit.ly/1QwN0hB