Tewfik Hasni, reste convaincu, en dépit de la baisse des cours pétroliers, que les énergies renouvelables sont plus que jamais la solution qui assurera à long terme la sécurité énergétique du pays. Il considère qu’ « un débat d’experts est aujourd’hui nécessaire pour examiner, toutes les options sans céder à des choix dictés par l’urgence ».
Le consultant en transition énergétique, Tewfik Hasni qui était mardi l’invité du « Direct » de Radio M, a livré quelques repères chiffrés sur le coût économique des différentes solutions disponibles et évoquées par les pouvoirs publics algériens au cours des dernières années. Selon l’ancien PDG de NEAL, la production d’électricité par le solaire thermique serait d’ores et déjà l’option la moins coûteuse. Tandis que la production de 2000 MW d’électricité nucléaire demanderait un investissement global de près de 50 milliards de dollars, le coût de la même quantité d’énergie produite par des centrales utilisant le solaire thermique ne dépasserait pas 10 milliards de dollars « même en intégrant les coûts de recherche et de développement ». Le gaz de schiste, qui pour Tewfik Hasni semble avoir la faveur des responsables du secteur algérien de l’énergie, demanderait de son côté un investissement minimum de 43 milliards de dollars pour la production de 20 milliards de m3 de gaz « sans compter les coûts d’abandon et de démantèlement dont on oublie de tenir compte ».
Un vrai avantage comparatif pour l’Algérie
« Notre point fort et notre vrai avantage comparatif c’est le solaire thermique » assure Tewfik Hasni. Il rappelle que l’espace saharien est l’un des seuls au monde à permettre la mise en œuvre d’une telle solution pour la génération électrique. Une option d’ailleurs déjà largement développée par les saoudiens qui ont pris une longueur d’avance dans ce domaine grâce à l’entreprise AQUA qui est aujourd’hui un leader mondial et a déjà installé près de 800 MW dans son propre pays et jusqu’en Afrique du sud, ou elle vient de remporter un nouveau marché. Les coûts de production de l’électricité ainsi produite seraient d’ailleurs en baisse sensible et Tewfik Hasni évoque un coût du KW/ heure de moins de 10 centimes de dollars dans les derniers projets mis en œuvre par l’entreprise saoudienne. Cette dernière ne devrait d’ailleurs pas rester longtemps seule en lice, « les Américains sont également en train de concevoir un programme très ambitieux ».
Des centrales solaires pour récupérer les gaz torchés
L’ancien DG adjoint de Sonatrach estime qu’en Algérie, la seule récupération des gaz torchés, évaluée de façon très conservatrice à 6 milliards de m3, pourrait permettre la production, via la construction sur les sites gaziers de centrales hybrides utilisant à 70% l’énergie solaire, de près de 25 GW d’électricité. Soit plus que l’équivalent de la totalité du programme d’énergie renouvelable défini par les pouvoirs publics à l’horizon 2030. Ce dernier programme est malheureusement aujourd’hui très en retard et seule la centrale expérimentale de Hassi R’mel en est fonctionnelle avec une capacité de 25 MW. Un programme qui souffre aussi selon Tewfik Hasni d’une « focalisation excessive sur le photovoltaïque » pour lequel deux projets d’une capacité totale de 400 MW sont en cours de réalisation qui « seront équipés avec des panneaux importés de Chine alors qu’une entreprise algérienne comme Condor est capable de les produire localement et risque de renoncer à cette activité faute de commandes ».
Le monopole de Sonelgaz en question
Pour mettre en œuvre ce programme ambitieux, Tewfik considère que la volonté politique est aujourd’hui absente et qu’on a fait de mauvais choix qui peuvent expliquer le retard pris par le programme national des énergies renouvelables. Il ne comprend pas qu’on ait confié dans ce domaine un monopole à Sonelgaz « alors que la loi a consacré l’ouverture du secteur aux acteurs algériens ». Il faut « remettre Neal en selle et envisager des partenariats public–privé. « Le saoudien AQUA peut être un partenaire » recommande également Tewfik Hasni qui regrette que « les décrets pour les tarifs du CSP et du photovoltaïque qui seraient des incitations puissantes au développement de la production n’existe toujours pas ».
Extraits vidéo : http://bit.ly/1EfZmk1
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