Le ministre algérien des Ressources halieutiques, M. Sid-Ahmed Ferroukhi, prône une « pêche durable » et une réorientation vers l’élevage pour satisfaire la demande nationale.
Le ministre de la Pêche, Sid-Ahmed Ferroukhi, a tiré la sonnette d’alarme : il a déclaré, dimanche à la radio publique algérienne, que les ressources de l’Algérie en matière de pêche sauvage sont arrivées à leurs limites, ce qui oblige à s’orienter vers de nouvelles ressources, notamment l’aquaculture.
« Nous arrivons à la limite des stocks disponibles de produits sauvages », a déclaré M. Ferroukhi. C’est « ce que disent nos campagnes d’évaluation scientifique », précise-t-il, ajoutant qu’il est nécessaire de « compenser la demande supplémentaire à travers les élevages en mer et dans la pêche continentale ». Celle-ci est « à construire dans ses différents maillons » et commence par un « réseau de fermes dans la production », qui constitueront « un noyau d’activité autour duquel il faut construire ».
Le ministre a indiqué qu’une trentaine de projets sont en cours de mise en œuvre alors qu’une vingtaine d’autres sont déjà en production. Cela donne « 50 opérateurs qui seront le noyau pour construire d’autres activités, couvrant l’alimentation et la production de différents intrants ». A terme, « l’aquaculture doit avoir un impact sur l’offre », a-t-il dit.
« Pour une profession mieux organisée »
Malgré cette raréfaction de la ressource, M. Ferroukhi a refusé d’aller sur le terrain des subventions. « Il faut qu’on reste dans une logique économique, il faut que l’activité demeure rentable », a-t-il déclaré. Ce qui n’exclut pas les aides et les facilités accordées aux opérateurs, avec une politique de crédits avantageuse, des facilités pour la mise en place d’une assurance pour la production, l’organisation des « appuis techniques », ainsi que des concessions à très bas prix accordées aux éleveurs. Pour les concessions, cela ne dépasse pas « le prix d’une place de parking » au mètre carré, a-t-il dit.
Pour M. Ferroukhi, il est vital d’aller vers « une exploitation durable ». Cela passe, a-t-il expliqué, par une concertation et un travail de mobilisation pour préserver la ressource. Il a cité l’interdiction de pêcher pendant la période de reproduction, mais cela ne suffit pas. Selon lui, il est nécessaire de mettre en place « un dispositif d’ensemble » pour avoir « une profession mieux organisée », avec notamment une formation adéquate.
« Pour une pêche durable »
A l’heure actuelle, le secteur de la pêche et de l’aquaculture assure près de 80.000 emplois. Le gouvernement œuvre à encadrer la profession et à favoriser « la maturation des projets », a souligné le ministre. L’infrastructure existe, avec 40 ports et abris de pêche, dont certains doivent être rénovés.
Mais M. Ferroukhi insiste d’abord sur le concept de pêche durable pour permettre au secteur de devenir économiquement viable et socialement utile. Pour y arriver, il préconise « d’organiser les interventions des uns et des autres autour de règles claires et d’une visibilité de l’avenir » du secteur. Cela permettra une gestion qui évite « les pratiques illicites et destructrices de la ressource » vécues dans le passé autour des produits comme le corail, le thon rouge.