L’appel d’offres est la seule porte d’entrée de nouveaux acteurs télécoms en Algérie - Maghreb Emergent

L’appel d’offres est la seule porte d’entrée de nouveaux acteurs télécoms en Algérie

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L’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché algérien des télécommunications n’est pas exclue par la ministre du secteur. Mme Derdouri a confirmé des contacts avec Vodafone et Orange, et dit attendre du “concret”. Mais, légalement, rien ne peut se faire sans la refonte de la loi actuelle, ni un processus transparent d’appel d’offres.

Dans un entretien accordé samedi dernier à l’APS, la ministre de la poste et des technologies de l’information et de la communication (MPTIC), Mme Zohra Derdouri, confirme l’information publiée, quelques jours plus tôt, par l’hebdomadaire français, L’Express, selon laquelle l’opérateur Orange (ex-France Télécom) souhaiterait entrer dans le capital de Mobilis, filiale mobile d’Algérie Telecom. Ce souhait ne s’est accompagné d’aucune proposition concrète. L’Algérie “n’a reçu, jusqu’à présent, aucune proposition concrète” de l’opérateur Orange affirme la ministre, et précise : “Nous leur avions dit que nous ne sommes pas fermés à la discussion et qu’ils devraient faire des propositions”. Mme Derdouri confirme aussi, dans cet entretien, que l’opérateur mobile britannique Vodafone est également “intéressé” pour rentrer dans le marché algérien.

“Nous leur avions dit (aux responsables d’Orange) que nous ne sommes pas fermés à la discussion et qu’ils devraient faire des propositions”, a-t-elle ajouté, expliquant que “le fait d’accepter ou de ne pas accepter ne peut se décider que sur la base d’une proposition”, selon le compte-rendu de l’APS.

Transparence oblige

La ministre des PTIC n’explique pas comme aurait-elle pu répondre même à “proposition concrète” de la part d’Orange, Vodafone ou de n’importe quel opérateur étranger. Pense-t-elle à un toilettage de l’actuelle loi 2000-03 du 5 août 2000 “fixant les règles générales relatives à la poste et aux télécommunications”, pour y introduire une plus grande ouverture du marché des télécoms ? Prévoit-elle le lancement d’un appel d’offres ? Elle n’en dit rien.

De plus, la réglementation en vigueur ne permet cette ouverture envers d’autres opérateurs étrangers que sous certaines conditions. La loi 2000-03 a été adoptée pour l’introduction du régime de licence, un préalable à l’ouverture du GSM à des opérateurs étrangers. L’octroi des licences étant également soumis à la procédure de l’appel d’offres et à des soumissions.

Pourquoi parler de l’entrée d’opérateurs étrangers dans le capital de Mobilis, filiale d’Algérie Telecom, alors qu’il était question, durant les années 2006 à 2008, de l’ouverture de capital de l’opérateur historique ? Rappelons que ce dossier avait été introduit par l’ancien ministre du secteur, Boudjemaa Haïchour, et piloté par la banque d’affaires espagnole Santander. Cette dernière avait, en 2007, annoncé qu’une quarantaine d’entreprises avaient exprimé “un intérêt certain quant à l’acquisition de parts du capital d’Algérie Telecom”, comme l’avait déclaré, à l’époque, M. Haïchour.

Pour comparer, il  faut rappeler que Orange est, depuis juillet 2013, la nouvelle dénomination de l’opérateur historique France Télécom. Et que par conséquent il serait plus logique qu’il s’intéresse à l’ouverture de capital d’Algérie Telecom et non à celle de sa filiale Mobilis.

Parler de l’éventualité de l’entrée sur le marché des télécoms mobile de nouveaux opérateurs, une année à peine depuis le lancement de la 3G, ne correspond à aucune logique de développement du secteur. Les opérateurs ont été mis dans des conditions rocambolesques de déploiement de la 3G, notamment avec un partage de wilayas qui est tout aussi contraignant pour eux que pour les usagers. Ils ont consenti des investissements importants dont ils attendent les dividendes. A noter que le MPTIC et l’ARPT auraient pu permettre une plus grande ouverture en permettant la soumission d’autres opérateurs mobiles pour l’accès aux licences 3G. Ce choix ayant été écarté, parler de l’entrée de Orange ou de Vodafone est une donne nouvelle que rien ne justifie.

Orange le come-back ?

Dans quelles conditions Orange envisage-t-il son come-back ? Rappelons qu’en 2001, à l’époque où il était une filiale de France Télécom, l’opérateur mobile Orange (devenu opérateur historique) avait mal misé sur le marché algérien des télécommunications mobiles. C’était lors des soumissions dans le cadre de l’appel d’offre pour la 2e licence GSM où Orange était en concurrence avec l’espagnol Telefonica, et l’égyptien (à l’époque) Orascom Telecom. Ce dernier avait été retenu pour avoir présenté la meilleure offre financière de 733 millions de dollars, contre 422 millions de dollars proposés par Orange. Telefonica s’était retiré au dernier moment.

Orange tente une nouvelle fois de rentrer sur le marqué algérien. Pour le moment il n’a fait “aucune proposition concrète”. Au-delà du fait que les contacts qu’il a effectué lui ont permis de sonder l’humeur des autorités algériennes, Orange, qui est déjà présent dans 32 pays en Afrique, sait qu’il ne pourra venir par la porte d’un lobbying mené en sa faveur par un ministre français (Arnaud Montebourg). L’opérateur sait qu’il devra se soumettre à la concurrence avec d’autres de ses paires comme Vodafone (présent dans seulement 3 pays d’Afrique), via un appel d’offres et non par une quelconque dérogation.

Peut-être que pour le lancement de la 4G, annoncé par Mme Derdouri pour la fin 2015, les opérateurs Orange, Vodafone et d’autres auront l’occasion de montrer leur intérêt pour le marché algérien des télécoms.

 

 

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