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L’armée, l’opposition, les prix du pétrole et la corruption, un gros menu débattu au CPP de RadioM (audio-vidéo)

Par Maghreb Émergent
décembre 5, 2014
L’armée, l’opposition, les prix du pétrole et la corruption, un gros menu débattu au CPP de RadioM (audio-vidéo)

CPP RadioM Algérie

 

L’Algérie n’a pas été capable de défendre la rente pétrolière à l’OPEP, constate un des participants du Café Presse de RadioM. Au cours de ce débat hebdomadaire, il a été aussi longuement question des déclarations du général Gaïd Salah, de la CNLTD et de la marge de manœuvre de l’Algérie devant la baisse du prix du pétrole.

Quelle est l’image, la déclaration ou l’information de la semaine qui a marqué les participants au Café Presse Politique (CPP) de ce jeudi 4 décembre 2014 ? Pour El Kadi Ihsane : « Encore une fois des algériens qui meurent dans la rue en exprimant des revendications sociales, je pense aux deux morts Touggourt ». Abed Charef : « Les sources de Salima Tlemçani qui m’intriguent ». Saïd Djaafer : « Touggourt et l’Egypte avec le blanchiment total de Moubarak ». Khaled Drareni : « Moubarak bientôt en liberté ; Bachar El Assad qui se confie à Paris-Match ; et les 2000 nigériens qui sont conduits « dans de bonnes conditions » dans leur pays ». Abdelkrim Ghezali : « Les pays voisins de la Libye se réunissent aujourd’hui à Khartoum pour un tour de discussions. Les initiatives se multiplient, mais la Libye s’enfoncent toujours dans le chaos ».

Gaïd Salah, « un homme du clan Bouteflika »

Le message du Chef d’état-major de l’ANP, devant les élèves de l’école des cadets, à la classe politique sonne comme un rappel à l’ordre à ceux qui contestent la légitimité de Bouteflika. Pour Saïd Djaafer, « c’est indiscutablement un message politique de l’armée. C’est un homme politique qui parle et qui somme les membres de la CNLTD, parce que le message leur est directement adressé, d’arrêter de contester la légitimité de Bouteflika et de demander des élections anticipées ». Abdelkrim Ghezali relève la contradiction dans le discours de Gaïd Salah qui, d’une part, « il demande à ne pas impliquer l’armée dans la politique », et d’un autre côté, « il est en plein dedans quand c’est l’armée qui décide de légitimer l’élection d’un président ». « L’armée a raison parce qu’elle a le pouvoir. Et à partir de là elle donne des leçons aux gens, et menace même » ajoute Ghezali qui estime ces déclarations expriment « un désarroi face une situation sociale qui se dégrade de plus en plus, les émeutes et les grèves, mais plus grave encore, le prix du baril de pétrole est en baisse vertigineuse ». Pour Ihsane El Kadi, ce scénario « était tout à fait prévisible ». « Le général-major Gaïd Salah fait partie du clan Bouteflika, dont il a permis la réélection pour un 4e mandat, il ne faut donc pas s’étonner qu’il utilise un autre canal que celui du MDN, pour exprimer son soutien à Bouteflika. Il fait cela au moment où d’autres soutiens, comme Saadani (qui traine l’affaire de l’appartement de Paris), alors que Saïd Bouteflika ne peut pas s’exprimer publiquement, c’est Gaïd Salah qui s’en charge ». Pour Abed Charef, « l’armée n’est pas structurellement avec Bouteflika ». Selon lui l’armée considère que « Bouteflika est là pour une période. C’est un mal, on va faire avec. Et il est hors de question de chambouler les institutions, de changer les choses de manière brutale ».

Ce que dit la CNLTD « c’est au dessous du minimum »

Toujours concernant l’attitude de l’opposition, Abed Charef en distingue deux : « Il y a ceux qui veulent arriver au pouvoir et essayent comment agréger les autres dans cet objectif. D’autres ont un projet politique et essayent de voir comment les acteurs peuvent contribuer à ce projet. Le problème c’est que c’est la première vision qui est dominante ». L’intervenant constate, à travers une lecture du dernier communiqué de la CNLTD, que l’opposition pèche par « une absence quasi totale d’un travail politique de fond », alors que la société « est au bord d’une explosion ». « Ce que dit la CNLTD c’est au dessous du minimum. Dénoncer le coup d’état d’avril 2014, c’est le « smic » que s’est fixée cette coalition de partis politiques et de personnalités de l’opposition.

Saïd Djaafer constate, par ailleurs, que certains acteurs de la CNLTD « ont donné un minimum de légitimé l’élection présidentielle de 2014 en y participant ». « Certains avaient dit que Bouteflika avait le droit d’être candidat, d’autres, comme Ali Benflis qui a été l’acteur majeur de cette présidentielle on y apportant le minimum de légitimité », dit-il encore.

Mais « quelle est l’alternative, pour la CNLTD, qui a compris ne peut pas compter sur l’armée pour intervenir ? », interroge Souhila Benali, l’animatrice du CPP de RadioM. L’élément « positif » du dernier communiqué de la CNLTD, où elle dénonce les propos du général Gaïd Salah, c’est qu’elle « a compris qu’elle n’a rien à attendre de l’armée… pour le moment ». « Ce qui m’intéresse c’est de voir ce qu’elle va faire maintenant », poursuit-il.

« Elle ne fera rien », estime Abdelkrim Ghezali qui considère qu’on ne peut pas critiquer l’opposition « parce qu’elle n’a pas les moyens ses prétentions ». « Elle ne pourra pas opter pour une autre démarche. S’il y a un changement, il ne peut se produire que dans la violence. Car, pour le moment, c’est l’émeute qui contraint les autorités à agir ».

OPEP : la voix de l’Algérie est très faible politiquement

La baisse du prix du pétrole était la seconde grande attraction du CPP de RadioM de ce jeudi. Les participants ont commenté les propos du ministre des Finances pour qui « l’Algérie a les moyens de résister à un choc pétrolier ». Pour Djaafer, ce discours rappelle celui du défunt Chadli Bendjedid, en 1986, dans lequel il affirmait aussi que l’Algérie avait « pris ses dispositions » et que la crise économique mondiale « n’allait pas nous toucher ». « Avec environ 50 milliards $ du Fonds de régulation des recettes et les 194 milliards $ de réserves de change, c’est ce que les gens du gouvernement appellent « mécanismes ». Ce n’est en réalité que de l’argent qui sera injecté pour compenser le manque à gagner dû à la chute des prix du brut. »

Combien allons-nous tenir ? « C’est intenable, à moins de toucher aux transferts sociaux et aux salaires », affirme Ghezali. Pour Charef, « l’impact n’est pas immédiat ». Ce qui s’apparente à une crise est « une occasion historique pour le pays d’aller vers des choses sérieuses », estime l’intervenant. Mais le gros problème selon, c’est que le « gouvernement ne sait pas comment investir, il ne fait que dépenser ».

Concernant le parallèle fait avec la crise pétrolière de la période Chadli, El Kadi voit une différence fondamentale. « L’Algérie est politiquement beaucoup plus faible par rapport à au milieu des années des 80. A l’époque elle bataillait pour la défense du prix du pétrole. Alors qu’aujourd’hui, comme le soulignait Abdelmadjid Attar qui était l’invité du direct de RadioM, l’Algérie va à la réunion de l’OPEP en se contentant d’espérer qu’il y aura un consensus. La position correct de l’Algérie ç’aurait été de rejoindre le Venezuela et l’Iran pour demander à l’Arabie saoudite, qui est le grand régulateur du marché pétrolier, et qui n’a pas besoin de produire 9 millions de barils/jour, de réduire sa production. La voix de l’Algérie est très faible politiquement. C’est cela l’Algérie de Bouteflika », ajoute El Kadi Ihsane.

La corruption

Les affaires de corruption reviennent cette semaine avec la publication par la presse italienne de nouvelles révélations mettant de nouveau en cause l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, dans des malversations impliquant des dirigeants de la société SAIPEM. « Nous sommes ici face à un modèle de démocratie italienne où les juges font leur boulot d’enquêter sur des affaires de corruption que la presse rapporte à l’opinion publique », constate Saïd Djaafer. « L’Algérie n’étant pas une démocratie. Le DRS ne peut plus enquêter, parce qu’on soupçonnait ses enquêtes d’être politiquement instrumentalisées. Mais personne n’enquête par ailleurs », dit-il.

« Le DRS ne peut plus enquêter, mais Salima Tlemçani (journaliste à El Watan, ndlr) peut publier des articles », rétorque Abed Charef. « Elle a publié un article, qui est à mon avis le plus inquiétant depuis l’été, où elle laisse clairement entendre que du mauvais matériel militaire a été acheté par l’Algérie à cause de commissions. Elle cite deux officiers supérieurs condamnés à des peines de prison pour des affaires de corruption ».

 

Extraits vidéo: http://bit.ly/12LhDd3

 

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