L’accord sur le nucléaire iranien a été salué, à juste titre, par l’Algérie qui l’a qualifié « d’historique ». Le jugement des responsables algériens est sincère – contrairement à l’Arabie Saoudite qui fait grise mine derrière des propos diplomatiques convenus – mais du point de vue de la conjoncture pétrolière, c’est une « mauvaise nouvelle ».
L’espoir d’un raffermissement des prix du pétrole déjà douché par les projections de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) devient encore plus vain avec la levée des sanctions contre l’Iran, ce qui pourrait booster les exportations iraniennes en 2016 à 2,4 millions de barils par jour (mbj) en 2016, contre 1,6 mbj en 2014.
Le ministre de l’Energie, Salah Khebri, a évoqué la possibilité d’une réunion extraordinaire de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) pour remettre sur la table la proposition, rejetée par l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe, d’une réduction de la production pour soutenir les prix.
L’OPEP sur décision de l’Arabie Saoudite et des pays du Golfe a maintenu le plafond de production inchangé à 30 mbj. Les appels de l’Algérie et aussi de l’Iran à une baisse de la production pour maintenir les prix dans une fourchette de 75 à 80 dollars sont restés vains.
En l’absence d’un accord sur un plafond – et donc des quotas -, l’Iran devrait augmenter son offre de pétrole sur un marché déjà en excédent d’au moins 2 millions de baril/jour.
L’impact sur les prix est inévitable. Si l’OPEP résiste au conflit d’intérêt entre ses membres, la seule « bonne nouvelle » de l’arrivée d’une production supplémentaire iranienne est qu’elle va affaiblir les producteurs de pétrole de schiste américains.
Que faire?
Mais cela ne résoudra pas l’équation algérienne… La loi de finances complémentaires, appelée ailleurs loi de finances rectificative (LFR) va-t-elle prendre en charge résolument cette situation au risque de troubler la relative paix sociale de ces dernières années ?
Des experts appellent à s’attaquer à la politique des subventions qui profiterait davantage aux hauts revenus qu’aux démunis. Cibler les aides est une préconisation devenue classique mais des observateurs doutent de sa faisabilité en raison de l’absence d’efficacité de l’administration.
Outre des transferts sociaux de 17 milliards de dollars pour les secteurs de l’éducation, la santé, le logement et la famille, les subventions touchent aussi bien les produits de première nécessité (céréales, lait, sucre, huile alimentaire) que l’énergie (carburants, gaz, électricité) et l’eau.
La facture est estimé à 40 milliards de dollars, soit pratiquement l’équivalent du déficit qui est de 42 milliards de dollars. Le gouvernement envisagerait d’introduire une carte d’approvisionnement en carburant plafonnant la consommation subventionnée de l’essence et du gasoil.
Une option qui a déjà suscité des critiques au gouvernement accusé de choisir des voies compliquées et inefficaces. « Une augmentation des prix du carburant n’est pas une mesure antipopulaire » estime un expert, il vaut mieux soutenir directement les transports collectifs qui sont le moyen de locomotion par excellence des moins nantis.
La baisse des prix du pétrole a déjà entrainé un recul des réserves de change qui sont passées de 179,9 milliards de dollars à 159,9 milliards, selon les derniers chiffres de la banque d’Algérie. La levée des sanctions contre l’Iran va avoir un impact sur les prix pétroliers qui compliquent l’équation algérienne et qui ne permettent plus au gouvernement de reporter le moment de prendre les décisions qui fâchent.
Cet article a été initialement publié sur le Huffington Post Algérie