L’Etat marocain pourrait reprendre la Samir, l’unique raffineur du pays, criblé de dettes et en liquidation judiciaire assortie d’un plan de continuation sur trois mois.
Le verdict du tribunal de commerce de Casablanca la semaine dernière ouvre une voie vers une reprise par l’Etat marocain via des institutionnels de la désormais ex-Société anonyme marocaine et italienne de raffinage (SAMIR). Le montant déclaré par les créanciers de la Samir, dans le cadre de la procédure d’entreprise en difficulté engagée par le tribunal de commerce de Casablanca est de 23,2 milliards de Dirhams. Mais, tout n’est pas perdu, et des officiels marocains laissent entendre que la liquidation pure et simple de la Société n’est pas entièrement envisagée, même si les montants à recouvrer par les créanciers, dont les douanes marocaines, sont énormes. Le plan de liquidation judiciaire assorti d’un plan de continuation de trois mois donne de l’espoir, selon des sources proches de la Samir. ‘’Il y a de l’espoir et tout le monde est mobilisé. Ce délai peut être renouvelé. Entre-temps, d’autres éléments peuvent surgir pour garantir (définitivement) la continuité de l’exploitation’’, indiqué une source très proche du dossier, citée par L’Economiste. Une cargaison de fuel brut est prévue dans les prochains jours et ‘’devra permettre à relancer la production pour une quinzaine de jours. D’autres commandes de matière première vont suivre’’, poursuit L’Economiste. Si le montant des créances est énorme, soit 23,2 milliards de DH (environ 2,3 mds d’euros), ‘’pour une raffinerie, ce n’est pas grand-chose. Une mise en activité de la production à hauteur de 70% permettra de rembourser les dettes’’, estime Amine Hajji, un avocat d’affaires de la place casablancaise mandant du 3e plus gros créancier, Glencore UK Ltd. Il ajoute : ‘’il est très possible que la Samir s’en sorte’’. En fait, ses propos sont corroborés par les récentes déclarations du gouverneur de la banque centrale du Maroc, Abdellatif El Jouhari. Vendredi 22 mars, dans une conférence de presse à l’issue du Conseil d’administration de Bank Al Maghrib, il a évoqué la possibilité d’une reprise de la Samir par l’Etat ou par des opérateurs marocains ou étrangers.
Lueurs d’espoir pour une reprise
‘’Bank Al-Maghrib attendait la décision de la justice. Mais avant, et vu que les banques devaient ficeler leurs comptes 2015, nous leur avons demandé de provisionner les dettes de la Samir à hauteur de 50%’’, a-t-il expliqué, ajoutant que ‘’c’est la règle s’il y a un redressement judiciaire. La Banque centrale travaillait en effet sur un scénario selon lequel la justice allait prononcer un redressement judiciaire’’. Mais, pour lui, la liquidation judiciaire de la Samir ne signifie pas la fermeture de l’entreprise. ‘’Il se peut qu’il y ait un repreneur, que ce soit l’État ou des opérateurs privés, nationaux ou étrangers’’, a-t-il laissé entendre. L’unique raffinerie au Maroc, qui s’approvisionne également en carburants et produits pétroliers raffinés par tankers, est détenue par le groupe Corral Petroleum Holding (67,27 %), et par le groupe pétrolier marocain Holmarcom ( 5,78%), et 26,95% par des investisseurs. Le groupe du Saoudien Al Amoudi, cumule une dette bancaire et obligataire de plus de 10 milliards de dirhams, des impayés aux douanes estimés à 13 milliards de dirhams et près de 10 milliards de dirhams vis-à-vis des fournisseurs. Les dettes cumulées de la Samir s’élèvent à 40 milliards de dirhams.