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Hydrocarbures

L’Europe met la pression sur l’Algérie pour l’indexation du prix du gaz sur les marchés spot

Par Yazid Ferhat
août 26, 2015
L’Europe met la pression sur l’Algérie pour l’indexation du prix du gaz sur les marchés spot

L’écart est glaçant : le gaz algérien qui, dans les années 90’, représentait 16% des besoins européens ne représente plus aujourd’hui que 7 à 8 %, loin derrière la Russie (24 %) et la Norvège (19 %). Dans le sillage de la baisse drastique des cours du pétrole, l’Algérie, pays gazier, pâtit aussi de la chute des prix du gaz.

 

La question des retombées de la baisse des prix du gaz sur l’Algérie ne date pas d’aujourd’hui, estime l’expert Mohamed Saïd Beghoul consultant dans le domaine pétrolier dans une analyse pour Maghreb Emergent. « Depuis 2008, rappelle-t-il, quand les Américains ont tourné le dos au gaz algérien, ce dernier a commencé à voir son devenir sombrer dans le brouillard ». Avec cette baisse des prix du gaz, les États-Unis sont en train d’imposer un marché gazier mondialisé avec des prix spot défiant les contrats long terme indexés sur le prix du pétrole, souligne Beghoul pour qui même si le gaz américain n’est pas encore arrivé en Europe, les Européens n’acceptent plus d’acheter un gaz 3 ou 4 fois plus cher, ni signer de contrats où le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole. Selon lui, les Européens « cherchent ainsi à renégocier les contrats long terme avec leurs fournisseurs, dont l’Algérie ». A ce titre, une bonne partie du gaz acheté en Europe, en 2013, a été, pour la première fois, liée à des prix spot. Par ailleurs, l’exploitation du gaz de schiste en Europe, pour une indépendance énergétique, est une question qui reste ouverte, déclare cet expert. Les anglais viennent, par exemple, d’accorder des autorisations d’exploiter ce type de gaz, une première depuis l’année 2008 ».

Passage à vide

Toutes ces nouvelles donnes coïncident, selon Saïd Beghoul, avec le passage à vide de l’industrie gazière algérienne. Les exportations du gaz algérien, qui ont beaucoup chuté, avec seulement 44 milliards de mètres cubes en 2014, pourraient être remplacées partiellement par du gaz russe, qatari ou autre, prévoit-il. Face à la pression des partenaires européens qui veulent l’indexation du gaz acheté sur les prix spot, la part de marché du gaz algérien sur le vieux continent risque de ne plus permettre au pays d’engranger des recettes à même de remédier à une situation économique des plus critiques, fait remarquer l’expert. « Le Gazoduc Galsi qui visait l’exportation de 8 milliards de mètres cubes de gaz algérien par an, vers l’Italie, végète depuis 2003, année de son lancement. Ce projet devrait reprendre en novembre 2014 mais il bute contre la pression de la partie italienne qui veut un prix spot plutôt qu’un prix à long terme tel que revendiqué par l’Algérie », relève Dr Beghoul selon qui ce n’est apparemment pas la visite du Premier ministre algérien (Abdelmalek Sellal, Ndlr) en Italie, en mai dernier, durant laquelle il a été annoncé, conjointement, la relance ce projet, qui va faire changer d’avis les partenaires européens.

Que faire ?

Pour Mohamed Saïd Beghoul, l’Algérie n’a pas de solutions de rechange que de limiter les dégâts par la défense de ses légitimes intérêts de livrer son « désormais rare » gaz à des prix contractuels long terme, tout en réhabilitant sa place dans son marché naturel par l’augmentation de ses réserves conventionnelles et le développement des infrastructures nécessaires afin de préparer l’après-schiste qui ne saurait trop tarder. A signaler, à ce titre, que dans son dernier rapport d’août 2015, l’Agence américaine, Energy Information Administration – EIA, montre que le déclin mensuel de la production du gaz de schiste sur l’ensemble des 7 principaux gisements américains est d’environ 7 millions de mètres cubes par jour. « Si ce déclin ne s’est pas encore traduit par une augmentation des prix c’est surtout à cause du fait que la production actuelle est héritée de nouveaux puits forés il y a une ou deux années. Les puits à venir, sur les mêmes gisements, connaitront donc un déclin beaucoup plus rapide, à la faveur d’un prix de gaz plus élevé », signale le consultant.

Chute vertigineuse

Dès 2008, début du boom des schistes à gaz, les prix du gaz sur le marché américain n’ont pas cessé de baisser au rythme de la production par fracturation hydraulique, analyse Saïd Beghoul. Et de rappeler à ce titre que les prix qui étaient de 11 à 12 dollars le million Btu (Mbtu) au printemps-été 2008, ont chuté à moins de 6$/Mbtu en décembre de la même année pour s’installer dans une fourchette de 3 à 5$/Mbtu avant de descendre à 2.5 – 3$/Mbtu vers décembre 2014 jusqu’à aujourd’hui. Depuis l’avènement du pétrole de schiste, il y a une année, les prix du gaz sur le marché américain ont dégringolé de 40%, passant de 4,6 $/Mbtu en juin 2014 à moins 2,7$/Mbtu actuellement. « Mais ce n’est pas le point le plus bas puisque un plancher de 1,95 $/Mbtu a été enregistré au printemps 2012 quand le prix du baril dépassait pourtant les 100 dollars », observe-t-il. 

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