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Idées

L’urbanisme d’Alger et les pérégrinations intellectuelles de Le Corbusier (contribution)

Par Yacine Temlali
juin 11, 2015
L’urbanisme d’Alger et les pérégrinations intellectuelles de Le Corbusier (contribution)

Partant du débat actuel en France sur les accointances fascistes de Le Corbusier, l’auteur* revient sur la pensée de cet architecte moderne et, surtout, sur son échec à mettre en application ses projets ; échec qui n’a pas empêché qu’il exerce une grande influence sur ses disciples, notamment à Alger, à l’époque coloniale.

 

Le Corbusier (1887-1965) vient d’être revisité avec la publication, en France, de trois ouvrages (1) qui soulignent, au grand dam des ses adeptes et disciples, ses accointances avec le fascisme et ses offres de services au maréchal Pétain ! Faits qui ne sont, cependant, pas nouveaux et ne sont pas extraordinaires.  D’autres  grands penseurs du 20° siècle, sans qu’ils puissent être qualifiés pour autant de fascistes, ont nourri des ambigüités et des complaisances dans leur positionnement politique ou idéologique vis-à-vis du nazisme. Ce fut le cas, par exemple, du philosophe allemand Heidegger ou encore de son compatriote et compagnon de route de Le Corbusier, l’architecte Mies Van Der Rohe. Ce dernier a lui aussi tenté de vendre son savoir-faire architectural et urbain à Hitler : peu de gens savent  qu’il a promis aux autorités nazies la réouverture de l’école du Bauhaus expurgée de ses « éléments hébraïques, hautement nuisibles » (!!!) et qu’il n’a décidé d’émigrer aux Etats-Unis qu’en 1938 et uniquement par dépit, après qu’Hitler lui eut préféré Albert Speer pour la reconstruction de Berlin (2).  

Peut-on qualifier ces personnages de fascistes ou plutôt dissocier leurs idées et leurs engagements politiques de leurs productions scientifiques et de leurs œuvres ?  Il y a, dans ce débat, du moins concernant Le Corbusier, trois dimensions qui suscitent notre intérêt. La première est directement liée aux ambitions de la personne, un peu dans le personnage du film Méphisto (3).  La deuxième est relative aux hypothèses de projets dites « modernes» qu’il a défendues. La troisième est dans son expérience algérienne et plus exactement algéroise.

 

Une grande fascination pour l’autorité

 

Les écrits sur Le Corbusier  sont nombreux auxquels sont attachées beaucoup de critiques mais aussi des mythes et des légendes que lui-même n’a rien fait pour dissiper. Né dans le Jura suisse, Charles Edouard Jeanneret deviendra Le Corbusier en empruntant à un de ses ancêtres le nom Lecorbézier qu’il utilisera comme pseudonyme dans ses premiers écrits sur l’art et l’architecture.  L’un des mythes qu’il s’est construit est qu’il a quitté l’école à treize ans et qu’il est devenu l’intellectuel connu et reconnu grâce à l’école buissonnière ! Une sorte de « fils de prolo » qui s’est débrouillé tout seul !   Il a oublié de souligner que les boitiers de montres qu’il dessinait à la Chaux-de-Fond en Suisse, il ne le faisait pas comme ouvrier, mais comme élève de l’Ecole des arts décoratifs. Cette école avait été fondée pour former des graveurs destinés à l’industrie horlogère naissante. Le Professeur L’Eplattenier y créa en 1906 un cours supérieur où les étudiants les plus compétents allaient s’initier à la décoration  et à l’architecture. Le futur Le Corbusier s’inscrit dans ce cours à 17 ans (4). Il commence ainsi son enseignement qui fera de lui l’architecte que l’on connaît.

Faute de trouver du travail comme architecte dans ses premières années professionnelles, il deviendra peintre et écrivain critique d’art. Il édite en 1923 Vers une architecture, qui deviendra un classique dans l’art et l’architecture modernes. On retrouve dans ce livre toutes les idées du moment, celles du Werkbund, du De Stjil, de Tony Garnier ou  encore celles des cubistes. On lui reprocha, cependant,  d’avoir pillé les idées des autres. Parmi les critiques d’art, M. Ragon défend son honnêteté intellectuelle car il a quand même cité toutes ses sources, note-t-il : « Il en a fait une synthèse.  Ce qui est parfois confus, en tout cas disparate, il l’a rassemblé, étiqueté, numéroté. Ce qui était théorie devient chez Le Corbusier doctrine rigide. » (5) Les critiques les plus dures, même si elles restent idéologiquement lucides, sont celles de P. Francastel dans Art et technique. Il lui reproche d’être un simple disciple de Cézanne et de Bergson mais il lui reproche surtout son idéologie mécanicienne et militariste. « Dans le monde rêvé par Le Corbusier, écrit P. Francastel, « la joie et la propreté seront obligatoires. L’univers de Le Corbusier c’est l’univers concentrationnaire. (6) »

 La plus cruelle des critiques reste, cependant, celle de F. Choay : « ….. C’est quelqu’un d’assez fruste et naïf, sur le plan intellectuel, mais doté d’un réel talent de plume. Ses textes sont tous des manifestes, vifs, emportés, provocateurs, avec des excès, des formules qui font « tilt », on les lit sans indifférence. Cela est certain. Mais le contenu, au fond, est assez primaire, embourbé dans l’air du temps. Le Corbusier fait feu de tout bois, il pille sans citer ses sources, entremêlant le lyrisme au rationalisme le plus exacerbé. Mais son message n’est guère original. Quant à son architecture, elle dépend de ses chefs d’agence : il y a une période Pierre Jeanneret, une autre Iannis Xenakis, etc., ce qui pose une fois de plus le statut d’œuvre et celui d’auteur en architecture. Le vrai Le Corbusier se trouve certainement enfoui dans ce fatras, mais l’on ne peut accepter les présupposés anthropologiques de sa démarche. La théorie des besoins à laquelle implicitement il se réfère est discutable, tout comme sa compréhension de l’enjeu technique. C’est extraordinaire que quelqu’un qui se pensait à l’avant-garde n’ait pas perçu ce qui se tramait au cœur des villes. La Ville radieuse, qu’il imagine en 1935, est déjà en retard par rapport aux attentes des citadins et au développement de l’économie et des innovations technologiques. N’oublions pas qu’il était fasciné par la technique mais qu’il avait du mal à la comprendre. […] Le Corbusier est scientiste mais sans une solide culture technique, il est dans « son temps » sans réussir à en dégager les virtualités. C’est cela qui explique pourquoi la Tourette est si peu « fonctionnelle », si peu « rationnelle », et qu’à côté de cela, il imagine précisément La Ville radieuse qui s’éparpille dans l’espace, qui fait l’apologie des circulations « lourdes » – les réseaux d’aujourd’hui – et qu’il nomme pourtant « ville »… » (7). Voilà qui est claire et précis pour Françoise Choay.

Toute sa vie, Le Corbusier restera fasciné par les pouvoir et l’autorité, même si, comme lui-même l’avoua dans un documentaire diffusé par la chaine franco-allemande Arte (8), la politique ne l’intéresse pas et il n’en a qu’une idée floue.  Ce qu’il a toujours cherché, en réalité c’est une autorité qui lui permette de construire sa Ville radieuse. Et quand il croit l’avoir trouvée, il adhère aveuglément au régime qui est prêt à l’écouter.   C’est pourquoi il sera fasciné par l’URSS sous Staline et « attendra pendant quelque temps, à l’hôtel Carlton de Vichy, que Pétain l’appelle », note M. Ragon (9). Mais ni Staline ni Pétain n’ont été convaincus par ses théories. André Malraux a réussi à lui organiser son enterrement. Seul Nehru l’a pris au sérieux et il l’a sûrement boosté pour diriger la construction de la ville de Chandigar.

 

Les idées et le projet : contradictions et impasse

 

Le deuxième questionnement que soulève cette invitation de Le Corbusier au débat à titre posthume n’est pas tant ses pérégrinations mégalomaniaques. C’est surtout les idées qu’on véhiculées ses projets et ses théories. Vu sous cet angle, nous ne pouvons pas associer d’une manière bête et méchante les ambitions, les choix politiques et idéologiques de l’architecte et la valeur de ses projets et leur portée culturelle ou même idéologique.

 Le Corbusier appartient à un courant de pensée qui a marqué une bonne partie du 20° siècle. Si Le Corbusier ou Mies Van Der Rohe sont plus dans le personnage de Méphisto, ce n’était pas le cas de Walter Cropuis (10) ou de Hans Meyer (11) qui ont porté les mêmes idées. Le premier a fui Hitler pour le Etats-Unis. Le second a choisi la Russie soviétique car plus proche de ses orientations idéologiques. Séparons donc la critique du personnage et la critique des idées qu’il a portées. 

Le Corbusier appartient à un courant de pensée urbaine et architecturale appelé « Mouvement moderne », attaché à une modernité qui prône l’unité de l’art et de la technique, la fusion entre la peinture, la sculpture et de l’architecture, l’élimination de la distinction entre l’artisan et l’artiste. Ce sont là les principales idées qui se cristallisent dans l’enseignement de l’école allemande du Bauhaus et tout le Mouvement moderne qui feront une offre de services à l’entreprise et instaureront leur hégémonie sur la production urbaine et architecturale en Europe et partout dans le monde.

C’est le triomphe du capitalisme industriel, avec son corollaire l’idéologie du progrès et de la croissance, qui devient une  sorte de religion scientifique. Au capitalisme de la libre concurrence succède un capitalisme de monopole. L’économiste américain Keynes propose de booster la consommation pour trouver un débouché au surproduit  industriel.  C’est aussi  l’hégémonie  de la culture européenne derrière le leadership esthétique allemand et nord-européen. Même la révolution soviétique dans ses années pré-staliniennes intègre le même projet dans le sillage du constructivisme russe que résume Moïsseï Guinsbourg dans son ouvrage Le style et l’époque (12),  l’équivalent de Vers une architecture de Le Corbusier. Le peintre Mondrian et le Stijl hollandais poussent l’abstraction esthétique prôné par le mouvement  jusqu’au bout. Le Corbusier les expérimente dans ses villas, notamment la villa Savoie. Plus tard, le Brésilien Oscar Nyemeir réalise la prophétie d’éliminer toute distinction entre architecture et sculpture à l’image de ses universités algériennes de Constantine et de Bab Ezzouar à Alger et d’une manière simpliste et caricaturale à l’école polytechnique d’architecture d’urbanisme d’Alger (13).

Ces hypothèses qui tentent de construire une « esthétique industrielle » ou, plus exactement, une esthétique au service de l’industrie désormais organisant la vie humaine, vont être initiées au niveau urbain par Cropuis, suivi de près de Le Corbusier. En urbaniste, l’architecte allemand voulait, tout comme Le Corbusier en France, donner aux hommes le maximum de soleil, d’air, d’espace, de verdure tout en tenant compte de l’expansion démographique et du « droit à la ville » aux paysans et aux classes populaires. Pour cela, il mit au point, dans la construction d’un ensemble résidentiel à Berlin en 1929, le principe qu’il appelle « immeuble lamelliforme », construction étroite de huit à dix étage, bâties non pas parallèlement à la rue comme le veut la pratique urbaine jusqu’alors, mais transversalement, orientés en fonction du soleil et isolés par des zones de verdure. C’est là l’ancêtre des immeubles collectifs construits parallèlement ou perpendiculairement aux courbes de nivaux à Alger par les architectes modernes dans les années 1950 (les Asphodèles à Ben Aknoun, la cité des Annassers à Kouba, Diar Echemes….ou encore Diar El Mehssoul, Diar Essaada et Climat de France de F. Pouillon). C’est aussi l’ancêtre des « grands ensembles », une application universelle, simpliste et aberrante, de ce principe « lamelliforme » ; « grands ensembles » qui continuent d’être le modèle de production du logement en Algérie. Ce n’est évidement pas le caractère de masse ou la dimension sociale dans la production de ces logements qui sont problématiques, comme l’affirment certaines critiques, mais la méthode préconisée.

Cette méthode, née théoriquement avec le Bauhaus, tente de régler la confrontation  entre l’idéal du progrès, machiniste et technologique, et les exigences démocratiques des populations ouvrières et paysannes en plein processus d’urbanisation. De cette méthode, Le Corbusier se fera le héraut qui aboutira aux CIAM (14) et à la Charte d’Athènes (15).

 

Le Corbusier à Alger : les limites de l’utopie techniciste

 

En quoi consiste cette méthode ? C’est ici le troisième aspect de cette réouverture du dossier « Le Corbu » qui nous ramène aux contradictions d’aujourd’hui.

En 1930, Le Corbusier entame une série de grands voyages. Après Moscou, c’est l’Amérique latine (Argentine, Brésil, Uruguay) en 1929-1930 ; puis l’Algérie en 1931 et, enfin, les Etats-Unis en 1935-1936. De ces voyages, il ré-urbanise dans des utopies abstraites. A Rio, il dessine une cité linéaire sinuant le large de la baie de la ville.  Il invente sa « ville radieuse », ou plutôt sa méthode qu’il proposera pour Paris (plan Voisin), pour Anvers ou Barcelone ou pour Alger (Plan Obus).

A Alger, Le Corbusier exploite, comme à Rio, les données du site, la morphologie du terrain très escarpé, les hauteurs autour du « Fort l’Empereur », la Casbah et la courbe de la baie.  Il en fait des matériaux bruts disponibles et exploitables. Il propose une structure à échelle gigantesque formée de bâtiments très longs, d’un seul bloc, perpendiculaires à l’horizontale de la ville, formant une sorte de promontoires, surplombés par des viaducs servant pour la circulation.  Les bâtiments sont construits sur pilotis. Ils libèrent ainsi le sol pour la circulation et l’aménagement du parc. Pour J. L. Cohen, «  les premières hypothèses tracées du pont du navire sont, en effet, une sorte de plan Voisin. (…) mais, très rapidement, une autre stratégie est formulée, prolongeant celle élaborée en 1929 pour Rio, tout autant que l’émoi plastique devant le paysage de la baie d’Alger celui de la capitale brésilienne deux ans auparavant » (16).  L’auteur souligne par ailleurs que les formes longitudinales des bâtiments semblent être le fruit de  « la surenchère »  à l’endroit des ces concurrents du moment, notamment M. Rotival. À la place des gratte-ciel du projet de celui-ci, jugés démesurés, Le Corbusier les dessine longs et horizontaux pour en « tirer une grande horizontale de l’aire », note-il dans un dessin tracé depuis le bateau (17).  

Puis les esquisses pour le projet continuent à partir de son atelier parisien « sans enquêtes sur le terrain » (18).  La cité des affaires, dénommée « poste de commandement » – pour rester dans la terminologie de la « cité radieuse » -,  est d’abord placée dans l’axe du square Bresson (aujourd’hui square Port Saïd) reprenant une figure de son propre projet pour Montevideo. Ensuite le même projet change de place pour aller vers La Marine qui sera reliée au « Fort l’Empereur » par un viaduc. Enfin, dans son plan directeur de 1942, ce même projet émigre au pied du boulevard Laferière (actuel Khemisti, au lieu-dit Parking Tafoura) afin, dira-t-il, de respecter la Casbah « patrimoine d’art unique au monde ».    

Cette méthode de projet, qui relève plus de l’utopie, a pour Le Corbusier un caractère d’expérience de laboratoire. Or, il est absolument impossible de faire passer un modèle de laboratoire dans la réalité.

Le Corbusier  appartient en fait à un courant de pensée qui se veut universaliste pour lequel le monde entier va être façonné par le moule industriel. L’espace est pensé selon les normes du mobilier urbain ou domestique fabriqué à la chaîne dans des usines : des parkings pour les mêmes voitures, des trottoirs pour les mêmes mobiliers urbains et des cuisines pour les mêmes cuisinières. On va jusqu’à vouloir parler la même langue, dira-ton (l’esperanto) !

Or, comme l’écrit M. Tafuri sur le sujet, « l’objet industriel ne présuppose aucune situation univoque dans l’espace. La production en série implique au départ le dépassement radical de toute hiérarchie spatiale. L’univers technologique comme l’avaient déjà compris les cubistes, les futuristes et les élémentaristes, ignore l’‘’ici’’ et le ‘’là’’. C’est tout le lieu humain- comme simple champ topologique- qui est le lieu naturel de ses opérations » (19).

Mais avec tout ce bruit autour de Le Corbusier, ces théories et projets urbanistiques  ne se sont concrétisés que dans deux réalisations : la cité Pessac à Bordeaux  et le plan directeur de Chandigarh. Pourtant ses théories ont dominé toute l’utopie urbanistique du 20° siècle. Comment se fait-il que son projet pour Alger, ses plans pour les villes européennes et sud-américaine et ses propositions théoriques n’ont pas abouti ? Il y a ici son échec personnel en contradiction avec sa notoriété ! D’autant plus que son projet, comme le souligne Tafuri, est « considéré comme l’hypothèse la plus avancée et la plus achevée de l’urbanisme moderne » (20)

Laissons M. Tafuri répondre à cette question : « Il est impossible d’interpréter correctement l’échec du projet d’Alger- et plus généralement la faillite de Le Corbusier- si on ne le relie pas à la crise internationale de l’architecture moderne, autrement dit à la crise de l’idéologie du ‘’Neu Welt’’ (21). » Ici s’ouvre un débat qui ne peut être traité sans les limites de cet article. Pour Tafuri, les conditions les plus générales de rationalisation de la ville et du territoire ne sont toujours pas remplies. Mais la nécessité de cette rationalisation continue néanmoins à servir de stimulant  indirect pour des réalisations compatibles avec des objectifs partiels, fixés au coup par coup (22).

C’est ce qui se passera à Alger. En effet, l’ombre de Le Corbusier et de ses réflexions ont continué à façonner l’urbanisme d’Alger après la deuxième guerre au « coup par coup ». La problématique urbaine de Le Corbusier façonne ces « Amis d’Alger » et ses disciples modernes. C’est  le cas de Zherffuss au Champ de manœuvres, dans la cité appelé Les Groupes. C’est ostentatoirement le cas  du bâtiment Aéro-habitat, sur les hauteurs de Télémly, de l’architecte  L. Miquel. On retrouvera son ancien dessinateur Gerald Hanning en collaboration avec P. Dalloz au sein de l’agence du plan et leur projet phare inachevée la Cité des Annassers, à Kouba (23).

Mais dans les années 1950, Alger était devenue une agglomération immense dont l’étalement signalait un développement alarmant que J.  Berque (24) décrivait comme un attentat topographique et une menace sociale liée à l’invasion de la ville par l’habitat précaire et une vie puissante et misérable. C’est la revendication des « indigènes » du droit à leur ville et la montée du mouvement national pour l’indépendance.  Dans le sillage de Le Corbusier, les « Modernes » d’Alger vont constituer un groupe CIAM-Alger qui traitera essentiellement de la question des bidonvilles (25). Parmi les plus illustres de cette action l’architecte R. Simounet. Puis vint le Plan de Constantine du général De gaulle qui se construira sur les avatars de la Charte d’Athènes rédigée par Le Corbusier. Ce sera la matrice du développement urbain de l’Algérie indépendante ! 

 

(*) Nadir Djermoune enseigne l’architecture à l’université de Blida.

 

Notes

 

(1) Xavier DE JARCY, Le Corbusier, un fascisme français, Albin Michel, Paris, 2015, 288 pages ; François CHASLIN, Un Corbusier, Seuil, Paris, 2015, 517 pages ; Marc PERELMAN, Le Corbusier. Une froide vision du monde,  Michalon, Paris. 2015,  255 pages.

(2) Franco LA CECLA, Contre l’architecture, Du Seuil : Paris, 2011, 187 p. 

(3) « Dans l’Allemagne des années 1930, Hendrik Hoefgen, acteur ambitieux, ne se soucie que très peu des problèmes politiques de son pays et ne vit que pour sa carrière artistique. Lorsque les nazis prennent le pouvoir, il saisit l’opportunité de jouer des pièces pour la propagande du parti et devient très rapidement le comédien le plus populaire d’Allemagne. Dévoré par sa gloire et par le doute, il doit maintenant survivre dans un monde où la haine et la peur sont devenues les véritables acteurs d’une scène où se joue le destin de ce monde. Hendrik devra combattre ses démons, rongé entre sa passion et son intégrité; quitte à payer le prix de son âme. » (Cf. l’article Mephisto (film), sur Wikipedia.fr).

(4) Voir à ce propos, Michel RAGON, Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes, tome 2, Naissance de cité moderne, 1900-1940, Casterman : Paris 1986, pp. 166-182 ;

(5) Ibid., p. 169.

(6) Pierre FRANCASTEL, Art et technique aux XIXe et XXe siècles, Denoël : Paris, 1956, p. 34

(7) Interview de F. CHOAY, réalisé par Thierry Pacquot, octobre 1994, in http://urbanisme.u-pec.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1259768720200&ID_FICHE=38710,

(8) Le siècle de Le Corbusier, Arte, documentaire, 2015.

(9) M. RAGON, op. cit., p. 171.

(10) Walter CROPUIS fut le fondateur de l’école du Bauhaus en 1919. Il la quitte en 1928. Il s’installe aux États-Unis après la victoire d’Hitler.

(11) Hans MEYER (1889-1954), fut directeur du Bauhaus après le départ de Cropuis, de 1928 à 1930. Il devint architecte en chef de la commission de l’architecture pour les écoles supérieures et technique en URSS. Il rentre dans son pays la Suisse 1936-1938), puis travaille au Mexique De 1939 à 1949. 

(12) Moïsseï GUINSBOURG, le style et l’époque, problème de l’architecture moderne, OPU, Pierre Mardaga : Alger, 1982.

(13) N. DJERMOUNE, Oscar Niemeyer, le sculpteur des monuments ou les limites d’un modernisme factice ; http://www.contretemps.eu/search/node/djermoune%20nadir;

(14) C.I.A.M, Congrès internationaux d’architecture moderne, rencontres d’architectes et d’urbanistes modernes, initiées entre autre par Le Corbusier et destinée à donner une base théorique internationale aux divers projets et réalisations dites « modernes ». Le premier congrès à eu lieu à la Sarraz en Suisse, le 26, 27 et 28 juin 1928,  présidé par   K. Moser.

(15) La Charte d’Athènes est le document qui a sanctionné la 4° rencontre des CIAM qui a eu lieu sur un paquebot de Marseille à Athènes. Le document fut signé par Le Corbusier.  

(16) J.L.COHEN, Le Corbusier, Perret et les figures d’un Alger moderne, in. Alger, Paysages urbains et architecture, 1800- 2000, S/d. J.L.Cohen, N. Oulebsir, Y. Kanoun, De l’imprimeur : Paris, 2003. p.171

(17) Ibid., p. 172

(18) Ibid.

(19) M. TAFURI, Projet et utopie, Edi Dunod : Paris, 1979, p. 107.

(20) Ibid., p. 106.

(21) Ibid., p. 113.

(22) Ibid., p. 117

(23) Voir à ce propos, J.J. DELUZ, L’urbanisme et l’architecture d’Alger, OPU : Alger, 1988.

(24) J. BERQUES, Préface à R. DESCLOTRES, J.C. REVERY, CL. DESCLTRES, L’Algérie des bidonvilles, Paris/ la Haye, Moulin et  Co. 1961, pp. 7-8, cité par Z. çellik, Bidonvilles, CIAM et grands ensembles, in,Alger, Paysages urbains et architecture, 1800- 2000, op. cit., p. 186.

(25) Voir sur cette question, Z. çELLIK, op. cit., pp. 186- 225.

 

 

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