La 4G LTE c’est pour bientôt en Algérie. Cependant, son déploiement prendra du temps. Jusqu’à huit ans pour la rendre disponible dans les 48 wilayas du pays pour chacun des trois opérateurs. Dans ce long processus, certaines modifications devraient intervenir. Notamment sur la question des fréquences. Les détails…
Sans surprise, les trois opérateurs mobiles, Mobilis, Djezzy et Ooredoo, ont été déclarés, dans cet ordre, le 23 mai dernier par l’ARPT, « attributaires provisoires d’une licence d’établissement et d’exploitation de réseaux publics de télécommunications mobiles de quatrième génération (4G) et de fourniture de services au public ». La décision de lancer la 4G LTE, prise par le gouvernement en janvier 2016, n’intervient pas après une étude montrant une maturité du marché de la technologie mobile de troisième génération (3G), lancée fin décembre 2013, mais sur la nécessité de passer à la technologie suivante.
Il y a certes une « explosion de la consommation de la 3G », comme nous l’expliquait M. Mahgoun, le président de la Commission de l’appel à la concurrence de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications (ARPT), lors de l’annonce des résultats pour l’attribution des licences de la 4G LTE. Mais le marché algérien de la 3G est loin d’être mature. Au Maroc, où l’existence de la 3G remonte à avril 2007, le lancement de la 4G LTE est effectif depuis juillet 2015, soit huit ans entre les deux technologies de l’Internet haut débit mobile.
De cette décision d’aller très vite vers la 4G LTE, après avoir tergiversé longtemps pour lancer la 3G, découle tout le reste du processus. C’est ce qui explique que la mise en concurrence de la licence 4G LTE n’a pas été basée sur la vente des fréquences. L’Etat a donc choisi de ménager les opérateurs sachant qu’ils ont énormément investi pour le lancement de la 3G, et qu’ils doivent attendre un retour sur investissement avant de passer à la prochaine étape. C’est ce qui explique le balisage du montant de la vente de la licence de quatrième génération. Un plancher de 3 milliards de dinars a été exigé pour entrer dans la course à la licence 4G. Et un plafonnement à 5 milliards de dinars pour le montant maximum à soumettre dans la partie financière de l’offre.
Concernant le délai de déploiement de la 4G au niveau national, Mahgoun Salah nous a déclaré que durant la première année, « les opérateurs auront l’obligation de couvrir au moins 10% de chacune des trois wilayas obligatoires » qui leur seront attribuées. Selon lui, l’ARPT prévoit un déploiement national de la 4G est prévu « dans huit ans ». « Mais, dit-il, dans quatre ans, chaque wilaya aura une couverture 4G par au moins un opérateur ».
La « bataille » des fréquences
Selon ses explications, si un opérateur prioritaire choisi une wilaya donnée, un autre opérateur peut lui aussi se déployer dans cette même wilaya, « à condition d’avoir accompli un minimum de couverture de 10% (de la population) de la wilaya obligatoire qu’il a choisi ». « En France, où la durée de déploiement retenue est de dix ans, ils arrivent actuellement à 55% de la population. Nous, on a exigé en huit ans, avec un taux de couverture de la population de 65% pour le Sud, parce qu’il n’y a pas beaucoup de population, et 55% pour les wilayas du nord du pays », ajoute Salah Mahgoun.
Actuellement, c’est la bande de fréquence des 1800 MHz qui est mise à disposition des opérateurs pour le lancement de la 4G. « Elle est mitoyenne avec le GSM », explique encore Salah Mahgoun. « D’ailleurs, ajoute-t-il, on a fait un plan de migration (pour libérer des fréquences GMS à attribuer à la LTE, ndlr), pour donner à chaque opérateur une porteuse de 10 MHz (dans les 1800 MHz) ».
Après les 1800 MHz, d’autres fréquences seront disponibles pour la suite du déploiement de la 4G, nous annonce M. Mahgoun. « Nous n’avons pas voulu beaucoup en parler, mais c’est prévu dans l’appel à concurrence (les opérateurs le savent, ndlr), c’est qu’il y aura des fréquences supplémentaires qui seront mises à la disposition des trois opérateurs », dit-il.
Ces fréquences « ne sont pas encore disponibles ». Il s’agit de « fréquences de la bande 2,6 GHz ». « Pour l’instant, ces fréquences ne sont pas disponibles. Elles sont occupées par des organismes publics et des institutions nationales. Elles seront libérées dans un à deux ans. Elles seront libérées d’abord par l’armée nationale, puis par Sonelgaz ». Mais, selon les explications de M. Mahgoun, c’est surtout la partie Sonelgaz, du désengagement de la bande de fréquences 2,6 GHz, qui sera la grosse affaire. « Le réseau électrique est prioritaire. Nous devons faire migrer Sonelgaz (vers une autre bande de fréquences, ndlr) et, surtout, la payer en guise de compensation pour l’investissement qu’elle avait consenti », affirme notre interlocuteur.
La 900 MHz pour l’autoroute Est-Ouest
Une fois la bande 2,6 GHz libérée, l’ARPT invitera les opérateurs à effectuer, chacun selon « son classement » dans l’attribution des licences 4G, le « choix des fréquences », affirme notre interlocuteur. Précisant, toutefois, que « le choix n’est pas dans la largeur de bande qui est commune aux trois opérateurs ».
Par ailleurs, le choix des fréquences a des conséquences sur l’investissement. Ainsi, selon M. Mahgoun, « plus les fréquences choisies sont basses, plus l’investissement est moins important », car « plus on monte en fréquence, plus les portées sont réduites », et plus il faut installer de « stations de base eNode B ».
Selon Salah Mahgoun, l’ARPT envisage même la « neutralité technologique » qui permettra aux opérateurs « d’aller dans la bande 900 MHz, comme en Europe ». Notre interlocuteur explique qu’il y a « un phénomène de migration du GSM (2G) vers la 3G ». « Quand il y aura moins d’abonnés dans le GSM, on pourra leur prendre des fréquences de la 900 MHz et la donner à la 4G ». « Les opérateurs ont, d’ailleurs, exprimé le besoin d’utiliser la bande des 900 MHz pour la 3G sur le tronçon de l’autoroute est-ouest », dit-il.
Mesure de la qualité de service de la 3G
Interrogé sur les enquêtes de la qualité de service (QoS)de la 3G que devaient mener le régulateur, le président de la Commission de l’appel à la concurrence de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications (ARPT), affirme qu’un « premier contrôle a déjà été effectué ». « Notre enquête sur la qualité de service de la 3G est presque aboutie. Les résultats n’ont pas encore été communiqués au Conseil de l’Autorité. Nous les publierons dès que possible », ajoute M. Mahgoun. Sur le même registre, il affirme que l’ARPT va aussi désigner un cabinet de contrôle français auquel elle a déjà eu recours par le passé pour effectuer une autre enquête de qualité. « Le cabinet français va mener un audit supplémentaire pour rendre officiel les résultats sur la qualité de service de la 3G », dit-il aussi. Selon lui, le cabinet Directique va « commencer bientôt » le balayage à partir des régions « Est, Centre et Ouest, en même temps ».