Les voyagistes marocains sont très inquiets. Les chiffres du tourisme pour le 1er trimestre 2015 sont mauvais. L’office des changes annonce une baisse de 5 ,3 % des recettes voyages pour les quatre premiers mois de l’année.
C’est la stupeur chez les voyagistes marocains. Le premier trimestre 2015 a enregistré une nette baisse du marché européen, après une année 2014 de bon cru. Rien que sur la ville de Marrakech, qui draine l’essentiel des touristes au Maroc, les arrivées en provenance de France ont baissé de 29%, celles des espagnols de 25%, la Belgique à -23% et l’Italie à -22%, alors que les arrivées de touristes britanniques ont reculé de 5%. Le journal « L’Economiste », qui parle d’année »catastrophique » pour le tourisme marocain, cite des analystes qui imputent cette situation à « des amalgames concernant la sécurité dans les pays arabes et la crise économique en Europe ».
Le plan Maroc 2020, qui prévoit une arrivée de 20 millions de touristes à cette échéance, serait fortement contrarié. Au premier trimestre 2015, les arrivées internationales ont baissé de 5%, contre une hausse de 10,5% en 2014. L’Observatoire du tourisme rapporte de son côté que la baisse de 5,5% des recettes touristiques, passant de 12,24 milliards de DH pour le 1er trimestre 2014 à 11,56 milliards de DH pour la même période en 2015. Autre confirmation de ce déclin, la note de conjoncture du ministère des Finances selon laquelle à fin avril, les recettes touristiques marocaines s’étaient établies à 16,3 milliards de DH contre une hausse de 3% en 2014 et de 6,3% en 2013.
L’effet Charlie Hebdo
Pour les professionnels du secteur, l’instabilité politique dans les pays arabes, le terrorisme et l’effet Charlie Hebdo sur les français sont derrière cette situation. Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), qui estime que la situation est « catastrophique », l’impute « à la crise économique européenne qui impacte le tourisme ». En outre, dit-il, « nous avons dû faire face à une série de crises qui remontent à 2003 avec les attentats de Casablanca ». La destination Maroc, selon lui, est impactée par l’émergence du terrorisme au Maghreb et dans les pays arabes. Et puis, il y a « l’effet Charlie Hebdo », a-t-il ajouté dans un entretien à L’Economiste. « Nous essuyons des baisses systématiques en termes d’arrivées sur l’ensemble du marché européen. Cumulées à fin mars, nous sommes à moins 5%, mais si nous analysons par marché, la baisse est alarmante sur l’ensemble des pays émetteurs traditionnels », ajoute t-il. Selon l’Office des changes, les recettes Voyages ont enregistré à fin avril dernier une baisse de 5,3% à 16,3 Mds DH au lieu de 17,2 Mds DH un an auparavant. Le secteur touristique a représenté 8,6% du Produit intérieur brut (PIB) marocain en 2013, pour atteindre 9,5 milliards de dollars (77,13 milliards Dh) et devait augmenter de 8,1% en 2014, selon le rapport du Conseil mondial du voyage et du tourisme pour 2014.