8 entreprises publiques envisagent une introduction partielle en bourse cette année : la Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance, le Crédit populaire d’Algérie, Cosider Carrières, l’Entreprise nationale des aménagements hydrauliques, l’opérateur de téléphonie mobile Mobilis et trois usines du Groupe industriel des ciments d’Algérie.
La bourse algérienne a lancé un programme de réformes afin d’encourager de nouvelles entrées sur le marché et de renforcer la capitalisation boursière, mais les représentants du secteur privé réclament une plus grande transparence règlementaire.
Les efforts déployés par la bourse pour attirer davantage de capital se sont soldés ces dernières années par des résultats en demi-teinte, et seules quatre entreprises sont cotées à l’heure actuelle, avec une capitalisation boursière d’environ 0,1% du PIB. À titre de comparaison, ce taux atteint les 50% du PIB chez son voisin marocain, selon un rapport de RMA Capital.
La capitalisation boursière a toutefois doublé en Algérie entre 2009 et 2014, atteignant le chiffre de 137,6 millions d’euros en octobre dernier, et le pays s’est fixé des objectifs ambitieux pour l’avenir. La bourse table sur une croissance exponentielle dans les prochaines années, espérant atteindre une capitalisation boursière de 7,35 milliards d’euros en l’espace de cinq ans.
Nouvelles réformes
L’augmentation du nombre de sociétés algériennes cotées en bourse est au cœur de cette stratégie. À cette fin, la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB), l’autorité de régulation du secteur, a annoncé une série de réformes qui devraient être mises en œuvre d’ici la fin de l’année 2015, parmi lesquelles on trouve des allègements fiscaux pour les entreprises optant pour une introduction en bourse ainsi qu’une réduction des frais d’introduction.
Le président de la COSOB, Abdelhakim Berrah, a expliqué à OBG que les réformes devraient dynamiser le marché et accroître la confiance des investisseurs en Algérie.
« Les répercussions d’une plus grande participation au marché financier sont plurielles », a déclaré A. Berrah. « La capacité actuelle de fournir une évaluation juste des entreprises est limitée, mais à mesure que la bourse gagnera en importance, il y aura davantage de transparence au niveau des entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, ce qui permettra des évaluations fiables. En outre, les règles de transparence et les exigences en matière d’audit entraineront une meilleure gestion des entreprises, avec des conséquences favorables pour l’économie. »
Le coup de pouce le plus notable pour le marché pourrait provenir des entreprises publiques ; huit d’entre elles envisagent une introduction partielle en bourse cette année, d’après le PDG de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub. Il s’agit des entreprises suivantes : la Compagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance (CAAR) ; le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) ; Cosider Carrières ; l’Entreprise Nationale des Aménagements Hydrauliques ; trois usines de ciment appartenant à la holding publique Groupe Industriel des Ciments d’Algérie (GICA) ; et Mobilis (Algérie Télécom Mobile).
Y. Benmouhoub a souligné le rôle essentiel que jouaient les entreprises publiques pour permettre à la bourse d’atteindre son plein potentiel en formant une masse critique, non seulement en faisant entrer sur le marché des entreprises bien capitalisées mais également en manifestant la volonté politique du gouvernement de développer les marchés des capitaux.
Comme c’est bien souvent le cas dans les marchés d’Afrique du Nord, la bourse est confrontée à une méconnaissance de la part des entreprises des avantages qu’engendre une cotation en bourse. Y. Benmouhoub en a fait part à OBG : « Nombreuses sont les entreprises familiales qui n’ont pas conscience des valeurs ou de la méthode de fonctionnement de la bourse et qui par conséquent n’ont pas la confiance et les connaissances nécessaires pour faire leur entrée sur le marché boursier. »
Améliorer la clarté
Les mesures que prennent actuellement le gouvernement et la COSOB devraient contribuer à stimuler la croissance des marchés algériens des capitaux de manière considérable – en particulier si elles s’accompagnent d’une révision des règles régissant les ventes et les transactions, étant donné l’impact qu’a eu un environnement règlementaire complexe sur le rythme des transactions par le passé.
En décembre, par exemple, l’acquisition par le conglomérat multisectoriel Cevital d’une participation de 15% au capital de NCA Rouiba, l’un des principaux producteurs de jus de fruits d’Algérie, a été suspendue du fait de divergences d’interprétations quant au droit de préemption de l’Etat, en vertu duquel un tiers, dans ce cas l’Etat, peut empêcher la vente d’actions entre deux parties consentantes.
« Le blocage de la transaction illustre bien la nécessité de s’attaquer aux limites des cadres légaux actuels et de créer un consensus plus clair entre les diverses parties prenantes », a déclaré à OBG le président de NCA Rouiba, Slim Othmani. « Néanmoins, je suis convaincu que les discussions nécessaires auront lieu afin de remédier à cette situation et de rétablir la confiance, et je pense que la volonté de l’autorité de régulation de voir le marché boursier se développer est sincère. Il est primordial d’améliorer la clarté et le dialogue. »
Si le pays parvient à clarifier l’environnement règlementaire et à faire prendre conscience aux acteurs du secteur privé des avantages offerts par une présence sur le marché boursier, la bourse devrait obtenir des résultats visibles sur le moyen terme. Les efforts déployés par le gouvernement pour mettre en vente des actions dans un certain nombre d’entreprises publiques revêtent un aspect central et le succès de ces transactions contribuera grandement à optimiser les perspectives de la bourse pour les prochaines années.