La bourse d’Alger est insensible au soulèvement populaire que connaît l’Algérie depuis le 22 février dernier. Dans d’autres pays, le moindre mouvement populaire aurait eu un impact significatif sur les bourses locales, celles-ci étant directement connectées à la vie économique et sociale du pays où elles se trouvent.
Déconnectée de l’économie mondiale, elle reste fidèle à sa renommée d’institution léthargique. En janvier dernier, elle avait affiché une baisse de son activité par rapport au mois de décembre 2018. L’indice de la bourse d’Alger Dzairindex semble, pour sa part, refléter, dès février, une volatilité somme toute artificielle en affichant un graphe légèrement ascendant.
Les observateurs invitent néanmoins à ne pas se laisser leurrer par ce tableau et décrètent sèchement : « La bourse d’Alger n’a aucune vie malheureusement ! ». Croire que la bourse d’Alger réagit aux marches de millions d’algériens qui battent le pavé chaque vendredi est présomptueux.
L’on s’accorde donc pour dire qu’il est inopportun d’établir un quelconque effet « Hirak » en bourse, à Alger. C’est que la bourse d’Alger, plus petite bourse au monde, demeure déconnectée des autres places boursières mondiales. Cet amer constat est partagé par les experts qui reprochent à la bourse d’Alger d’être un pur legs de l’époque du dirigisme économique et de ne pas pouvoir créer un cercle vertueux.
Ainsi, Abderrahmane Mebtoul, Expert international est de ceux qui jugent qu’il ne peut y avoir de bourse en Algérie sans l’existence d’un véritable marché financier : « une bourse doit se fonder sur un système bancaire rénové et j’insisterai sur ce facteur fondamental car le système financier algérien depuis des décennies est le lieu par excellence de la distribution de la rente des hydrocarbures et donc un enjeu énorme du pouvoir».
En attendant, la bourse d’Alger demeure en léthargie car les plus grandes sociétés algériennes comme Sonatrach et Sonelgaz et plusieurs grands groupes privés n’y sont pas cotés.