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La carence managériale publique menace les CAN 2019 et 2021 en Algérie

Par Maghreb Émergent
avril 29, 2014
La carence managériale publique menace les CAN 2019 et 2021 en Algérie

Une délégation de la Confédération africaine de football (CAF) séjournera dès le 5 mai prochain en Algérie pour inspecter les infrastructures sportives présentées dans le dossier de candidature de l’Algérie pour abriter la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2019 et de 2021. Point sur la situation des projets des nouveaux stades et de la mise aux normes des anciens.

 

C’est la deuxième visite qu’effectuent les officiels de la CAF pour inspecter les infrastructures présentées dans le dossier de candidature de l’Algérie pour la CAN 2019 et celle de 2021 : Tchaker (Blida), 5 Juillet, Baraki et Douera (Alger), 19 mai (Annaba) et les nouveaux stades d’Oran et de Tizi Ouzou. Au siège de la CAF au Caire, l’idée de délocaliser la CAN 2017 prévue en Libye fait son chemin, à cause de la situation sécuritaire dans ce pays. Et, on lorgne la possibilité de l’organiser en Algérie. Mais, au vu du rythme d’évolution des travaux de construction des nouvelles infrastructures et de mise à niveau des anciennes, l’Algérie sera-t-elle au rendez-vous si elle est sollicitée pour organiser cette CAN 2017 ? 

Le cahier des charges de la CAF stipule que «l’association organisatrice, doit fournir à la CAF cartes et plans détaillés de tous les stades, au plus tard six mois avant le match d’ouverture, y compris une description détaillée de chaque site». Ce qui fait que les stades des cinq villes présentés dans le dossier de candidatures de l’Algérie pour les CAN 2019 et 2021 doivent être prêts avant la fin de 2016. Or, si l’Etat ne lésine pas sur les moyens, l’administration se montre incapable à mener à terme de tels projets.

Beaucoup de projets, peu d’expérience

Pas moins de 12.000 projets de construction d’infrastructures sportives ont été lancés durant la décennie 2000-2012, pour un montant global de 394 milliards de DA (3,6 milliards d’euros environ). 559 projets ont été inscrits au titre de la seule année 2014 pour une dépense publique de 75 milliards de DA (680 millions d’euros environ). Cet effort d’investissement n’a pas, jusqu’ici, sorti l’Algérie de son sous-développement en la matière. Elle ne dispose toujours pas d’un stade qui répond aux standards de la FIFA pour accueillir, dans des conditions optimales, ne serait-ce que les matchs de la sélection nationale.
Et pour cause, explique Redha Doumi, directeur des études prospectives et des programmes d’investissement au ministère de la jeunesse et du sport (MJS), le manque d’expérience de l’administration dans ce domaine. S’il affirme que «les projets lancés entre 2000 et 2012 seront à 90 % achevés à la fin de 2014», il précise toutefois qu’«ils ont connu, outre les insuffisances managériales, d’autres difficultés d’ordre technique, » qui ont accentué les retards, pour les grands projets. «Les retards enregistrés sont dus à une raison toute simple : l’administration n’était pas prête gérer ce genre de projets», a-t-il conclu.

Retards

L’exemple le plus parlant des retards cumulés, est le stade de Tizi Ouzou. Inscrit en 2002 avec une autorisation de programme de 35 milliards de DA (320 millions d’euros environ), les travaux de sa réalisation, confiés au groupement hispano-algérien Fomento de Construcciones y Contratas (FCC) et ETRHB Haddad, ont atteint 12 ans après son lancement, à peine 25% de taux d’avancement. Selon Redha Doumi, ce retard s’explique «par la complexité du terrain affecté pour la construction de ce stade, une quasi-montagne à terrasser». D’autant, ajoute-t-il, qu’il a fallu décontaminer la décharge publique mitoyenne, régler le problème du passage de la ligne ferroviaire à proximité du terrain, et « des problèmes organisationnels internes au groupement FCC-ETRHB Haddad etc.».
Le stade de Tizi Ouzou fait partie des onze projets d’infrastructures sportives d’une capacité allant de 30 000 à 50 000 places, qui sont en cours de construction ou seront construits dans différentes régions du pays. Deux stades sur quatre en construction devraient être livrés fin 2015, prédit Redha Doumi. Il s’agit de celui d’Oran et celui de Baraki (Est d’Alger). Le taux d’avancement des travaux a atteint 55% pour le premier et 35% pour le second.

Les chinois, toujours en force

Ce sont deux entreprises chinoises qui construisent ces deux stades, Metallurgical Corporation of China (MCC) pour le stade d’Oran et China Railway Construction Engineering Group (CRCEG) pour celui de Baraki (14 milliards DA). Le stade de Douéra, confié également aux Chinois de Zhejiang Construction Investment Group Corporation (ZCIGC) pour un montant de 13 milliards de DA (119 millions d’euros environ), sort à peine de terre (10% de taux d’avancement). Tous ces projets ont été inscrits, soit au titre du plan 2001-2004, soit au titre du plan quinquennal 2005-2009.
Le stade de Tizi Ouzou a été lancé en 2002, ceux de Baraki et Douera en 2004, Constantine et Sétif en 2007 (encore en phase d’études). D’autres stades, devant être construits à Batna, Bejaia, Chlef, Tlemcen et Mostaganem, sont encore au stade de la conception.
Une agence pour les grands projets

Quant à la mise à niveau, elle concerne trois stades, à savoir, le stade du 5 juillet (Alger), celui du 19 mai (Annaba) et celui de Mustapha Tchaker (Blida). La mise à niveau du stade du 5 juillet a déjà été lancée pour sa première tranche, qui consiste à refaire les 2960 sièges des gradins supérieurs. Le marché a été attribué aux Chinois de China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) pour un montant de 1,7 milliards de DA (15 millions d’euros environ) et des délais contractuels de 11 mois. C’est le bureau d’études français Egis qui contrôle les travaux pour le compte du maitre de l’ouvrage, le ministère de l’habitat en l’occurrence.
La deuxième tranche des travaux consiste en la réalisation d’un nombre d’extensions, la couverture du stade, l’aménagement de nouveaux accès, l’éclairage, l’installation d’un système électronique de billetterie etc. La troisième concerne l’ensemble de la cité olympique Mohamed Boudiaf qui abrite le stade, dont les terrains répliques, la Coupole, etc. Les cahiers des charges sont en cours d’élaboration pour ces deux dernières phases. Au MJS, on espère réceptionner le «nouveau 5 juillet », en 2018, toujours selon Redha Doumi.
Concernant le stade de Blida, il s’agit de réaliser des extensions des gradins pour porter leur capacité à 45 000 places. Les études ont déjà été confiées au bureau public d’études BEREP (Bureau d’Études de Réalisation et d’Engineering des Projets). Pour le stade d’Annaba, les appels d’offres des études ne sont toujours pas lancés.
Et pour mieux gérer ces projets et éviter que ces retards ne se multiplient dans l’avenir, le MJS, révèle Redha Doumi, réfléchit actuellement à créer une agence de suivi des grands projets d’infrastructures sportives, à l’instar des agences qui gèrent les grands projets dans les autres secteurs. Une réflexion qui, elle aussi, a pris du retard…

 

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