La révolution en Tunisie a été déclenchée par les jeunes et par les chômeurs. Leurs problèmes ne sont pas résolus en fin de compte, estime le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH).
« La démocratie reste fragile si les problèmes économiques ne sont pas résolus », a estimé Abdessatar Ben Moussa président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) – membre du quartet récipiendaire du prix Nobel de la paix –, invité vendredi de France 24. « D’ailleurs, le prix Nobel d’économie cette année a été délivré à Angus Deaton, un Américain qui a écrit sur la pauvreté. Tant qu’il y a de la pauvreté, la démocratie reste fragile. La révolution en Tunisie a été déclenchée par les jeunes et par les chômeurs. Leurs problèmes ne sont pas résolus en fin de compte. Donc à mon avis il faut résoudre les problèmes économiques. C’est un grand chantier : transformer la fiscalité, le modèle économique, encourager les investissements, créer des emplois, etc. », a ajouté Ben Moussa. Revenant sur le prix Nobel de la Paix décerné au quartet du Dialogue national tunisien – dont il fait partie –, Abdessatar Ben Moussa a estimé que ce prix « tombe à un moment essentiel ». Il véhicule, selon lui, plusieurs messages : « Tout d’abord que le dialogue entre les partis politiques tunisiens est important, surtout alors qu’il y a des différends concernant la conciliation. Ensuite, il constitue un message à l’attention des pays limitrophes, essentiellement la Libye ». « Ce prix Nobel montre que la Tunisie est un pays de paix », assure par ailleurs Abdessatar Ben Moussa qui invite les investisseurs à venir en Tunisie, ainsi que les touristes. Il a révélé que le quartet, reçu par le président français François Hollande à l’Elysée, d’aider la Tunisie pour encourager les investisseurs français et européens à venir en Tunisie ».
Respecter les droits de l’Homme
Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a regretté par ailleurs des atteintes aux libertés en Tunisie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, par exemple lors de manifestations. « (…) La police ne doit pas porter atteinte à l’intégrité physique et morale des individus. La meilleure façon de combattre le terrorisme, c’est de respecter les droits de l’Homme », juge Abdessatar Ben Moussa. Celui-ci relève que la corruption n’a pas été éliminée en fin de compte dans son pays. « Cela demande un grand effort, une transformation radicale du système policier et judiciaire mais aussi une révolution culturelle. Il faut changer les esprits », clame-t-il. « Le problème en Tunisie, c’est que la justice transitionnelle n’a pas été faite en 2011. Elle tarde, notamment dans le domaine économique. Seule la justice peut juger ceux qui ont porté atteinte à l’État tunisien pour ne pas encourager de nouvelles atteintes dans le futur », observe Ben Moussa.
Rappelons que François Hollande a reçu vendredi 16 octobre les représentants du quartet tunisien pour le dialogue national, qui ont reçu le prix Nobel de la Paix la semaine dernière. Le président français a exprimé la « détermination » de son pays à continuer de soutenir la Tunisie.