Ce n’est pas la question de la sécurité qui fait hésiter ces firmes à investir en Algérie mais « la circulation des capitaux, la loi 51-49, et les questions fiscales », a estimé Geoff D. Porter, président de ce cabinet d’études, lors du Sommet nord-africain du pétrole et du gaz qui se tient actuellement à Alger.
Les opportunités d’investissement et les risques pris par les investisseurs dans les différents segments des hydrocarbures ont constitué le principal thème de la deuxième journée du Sommet nord- africain du pétrole et du gaz, dont les travaux se sont ouverts hier à Alger. Alors que certaines interventions évoquaient la situation sécuritaire de l’Afrique du Nord, marquée par le foisonnement des groupes djihadistes et l’instabilité politique que connaît la Libye, le vice- président du géant néerlandais Shell pour l’Afrique du Nord-Moyen-Orient (Mena), le Tunisien Mounir Bouaziz, a expliqué que l’insécurité n’avait jamais constitué un frein devant les volontés d’investissement de son groupe : « Shell était la première compagnie étrangère à s’être installée en Iraq après la chute de Saddam en 2003. Nous opérons dans des régions très instables du point de vu sécuritaire, et cela ne nous a jamais empêchés de produire. » Et de préciser que « les investisseurs regardent plutôt la réactivité de leur associé sur le terrain, l’esprit du partenership, les lois, les facilitations bancaires, que le climat sécuritaire ».
Shell : l’insécurité n’est pas toujours une contrainte majeure
Faisant part de la volonté de Shell d’aller vers « des projets géants en Algérie, aussi bien dans le conventionnel que le non conventionnel, et surtout en pétrochimie, après s’être lancé dans une expérience de gaz de schiste dans le sud tunisien », Mounir Bouaziz s’est plaint ouvertement de la bureaucratie algérienne auprès des hauts responsables de Sonatrach et du ministère de l’Energie. Le Directeur des ventes de Siemens Brian Todd a, quant lui, ironiquement soulevé devant les responsables du ministère le problème d’obtention de visa auquel est confronté son personnel.
« C’est la fiscalité algérienne qui rebute les investisseurs américains », a déclaré à Maghreb Emergent le président du bureau américain chargé des études des risques North Africa Risks Consulting NARCO, M. Geoff D. Porter, en précisant qu’« une activité économique vise à faire des bénéfices, et les investisseurs se préparent d’emblée à faire preuve de flexibilité devant les différentes contraintes: bureaucratie, sécurité, non réactivité ». Interrogé sur la cause de la réticence des firmes pétro-gazières américaines à répondre au dernier appel d’offres d’Al Naft, le président de NARCO nous a répondu que l’Algérie, du point de vu sécuritaire, n’effraie pas les firmes qui consultent son bureau newyorkais : « L’attaque de Tiguentourine est un cas isolé, une anomalie aux yeux des investisseurs américains. On regardait ce qui allait se passer lors des présidentielles d’avril dernier mais dès lors que la stabilité est maintenue dans ce pays, les firmes américaines continuent à s’y intéresser. La santé du président tant commentée par les médias occidentaux n’est pas si préoccupante. La circulation des capitaux, la loi 51-49, et les questions fiscales sont, selon nos expériences, les principales causes de cette réticence. »