Cette fusion aurait pu être refusée par le Conseil de la concurrence du Maroc, mais elle avait été validée en 2015, juste avant que ce dernier ne voit ses pouvoirs élargis.
C’est jeudi 17 mars que Lafarge Ciments et Holcim ont annoncé dans un communiqué leur décision de regrouper en une seule entité leurs filiales au Maroc. L’opération capitalistique devrait se terminer à l’automne 2016, car les deux entités industrielles sont cotées à la Bourse de Casablanca.
Pour rappel, la Société nationale d’investissement (SNI), holding de la famille royale du Maroc, contrôle 50% de Lafarge Maroc, qui possède 69% de Lafarge Ciments.
Cette fusion devrait, en fait, permettre à la SNI de ne pas être diluée par la fusion par un « rééquilibrage réalisé à travers une cession à la SNI de la moitié des actions nouvelles LafargeHolcim Maroc (LHM) reçues par LafargeHolcim à l’issue de la fusion », précise le communiqué.
LHM, coté à la Bourse de Casablanca, aura comme actionnaire de référence (65%) Lafarge Maroc, détenu à parité par LafargeHolcim Monde et SNI. Avec 60% de parts de marché, six cimenteries (Bouskoura, Meknès, Tétouan, Oujda, Fès et Settat), des centres de broyages, des centrales à béton et un chiffre d’affaires de 732 millions d’euros, LHM deviendra le leader du marché local des ciments et agrégats.
Cette fusion aurait pu être refusée par le Conseil de la concurrence du Maroc, mais elle avait été validée en 2015, juste avant que ce dernier ne voit ses pouvoirs élargis. Le jour de l’annonce de la fusion des filiales marocaines des deux géants du ciment, la capitalisation cumulée des deux groupes à Casablanca dépassait les 38 milliards de dirhams (3,5 milliards d’euros), dont 9 milliards pour Holcim Maroc qui était détenu à 43% par Holcim. Le nouvel ensemble sera surtout un poids lourd sur le marché marocain du ciment.
Au cœur de la fusion, la SNI
Le chiffre d’affaires combiné des deux sociétés représentera plus de 8 milliards de dirhams, dont environ 35% pour l’ex-Holcim, sur un marché extrêmement rentable où les marges nettes dépassent régulièrement 15%. La naissance de LHM va reconfigurer le marché local des ciments, où évoluent également l’Italien Ciments du Maroc (Italcimenti/Heidelberg), Ciments de l’Atlas du groupe marocain Sefrioui ou encore Asment Temara du groupe brésilien Votorantim.
La nouvelle entité industrielle va également cibler le marché africain, notamment au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Mali, en Mauritanie, en RDC, au Congo et au Sénégal. La production de ciment au Maroc s’est établie en 2015 à 14,2 MT et n’a pas évolué depuis trois ans.
La SNI, très puissante au Maroc, contrôle tout ou partie de dizaines de géants marocains comme Attijariwafa Bank (première banque du Maroc), Wana Inwi (télecoms), Marjane (distribution), Nareva Holding (énergie ), Sotherma (eau), Optorg (commerce international), Managem (mines), Wafa Assurance…