La divulgation de la mouture de la réforme constitutionnelle ne fait pas l’unanimité au niveau de la classe politique. Du côté de l’opposition, les islamistes et les partis de la mouvance démocratique rejettent le projet pour déférentes raisons. D’un autre côté, des formations politiques dont celles de l’allégeance saluent le projet.
Les forces du Pacte de l’alternative démocratique (PAD), regroupant entre autres le FFS, le RCD, le MDS, l’UCP et le PT, ainsi que des ONG comme la LADDH, avaient qualifié ladite opération de « trituration constitutionnelle ». « Contre la volonté de la majorité des Algériens, le pouvoir a décidé de dérouler sa feuille de route dans une situation d’exception pour exclure, une fois de plus, le peuple algérien du choix de son devenir. Les triturations constitutionnelles unilatérales en cours confirment, une fois de plus, la culture de la pensée unique autoritaire et de l’octroi qui reconduisent une confiscation de l’Etat à l’origine du désastre national depuis l’indépendance » a dénoncé la coalition de partis de la mouvance démocratique. « Le pouvoir a décidé de dérouler sa feuille de route dans une situation d’exception pour exclure, une fois de plus, le peuple algérien du choix de son devenir » a-t-elle ajouté.
Dans son évaluation de l’avant-projet de la révision de la constitution, le parti du mouvement de la société et de la paix, MSP avait regretté que les conclusions proposées par le comité mandaté pour préparer la mouture de révision de la constitution, les considérant loin des aspirations du peuple, qui exige des changements profonds.
Selon le parti dirigé par Abderezak Makri, le texte « ne donne pas de pouvoirs suffisants aux organes élus capables de mettre en œuvre les articles (7, 8) de la constitution, qui représentent une exigence fondamentale du mouvement populaire ». Pour cette formation, « le projet, écarte la majorité de la gouvernance, le fait que le chef du gouvernement n’est pas désigné par la majorité parlementaire, ce qui contredit le sens de la démocratie représentative et élimine une partie essentielle et fondamentale de la volonté populaire exprimée lors des élections législatives ».
L’autre parti de la mouvance islamiste qui a critiqué l’avant-projet de révision constitutionnelle est El Adala, de Abdellah Djabellah. Le parti a rejeté que l’idée de la mission de proposer des amendements soit confiée à « des techniciens », « appartenant dans leur majorité à un même courant idéologique, ce qui ne permet pas d’élaborer une constitution consensuelle».
En revanche, le président du parti Jil Djadidn Sofiane Djilali, a déclaré que dans le nouveau projet « un certain nombre de qualités pouvant être potentialisées, dans la mesure, dit-il, où il donne des garanties aux libertés individuelles et collectives et permet, en outre, un rééquilibrage au sein de l’exécutif. Soufiane Djilali note un autre aspect positif relatif au fait que le président de la République ne puisse plus légiférer par ordonnances, et donc, n’a pas à interférer dans les prérogatives du pouvoir législatif. Il parle également d’une avancée, « bien que timide », pour ce qui concerne l’indépendance de la Justice.
Quant aux historiques partis de l’allégeance le FLN et le RND, ils estiment que le projet est à saluer. Le Front de libération nationale (FLN), a souligné sa «satisfaction de la volonté politique du président de la République de doter le pays d’une Constitution démocratique, reflétant les aspirations du peuple algérien et visant à soutenir et protéger l’identité nationale et l’unité du peuple, en sus de l’élargissement de la Constitution aux droits et libertés de l’homme et des citoyens, l’ancrage de la démocratie, la consolidation des piliers de l’Etat de droit et le renforcement de l’indépendance de la justice et des institutions».
De son côté le Rassemblement national démocratique (RND) a indiqué dans un communiqué rendu public que cet avant-projet de révision constitutionnelle « se veut une pierre angulaire dans l’édification de l’Algérie nouvelle espérée par tous ». A la première lecture du document, le RND a relevé « la volonté du président de la République à travers la prochaine Constitution, de donner un nouveau souffle aux institutions de l’Etat, de renforcer les libertés et de lever toute équivoque au sujet de la séparation des pouvoirs ».