Pour le professeur Abderrahmane Mebtoul, « la transition énergétique renvoie à d’autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, autant que celle de la fiscalité énergétique influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la répartition du revenu par catégories socioprofessionnelles ».
Pour cerner le concept de transition énergétique, il faut s’intéresser aux aspects suivants :
Premièrement, si l’humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes, d’où l’urgence d’une adaptation pour un nouveau modèle de consommation.
Deuxièmement, la transition énergétique renvoie à d’autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, autant que celle de la fiscalité énergétique influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la répartition du revenu par catégories socioprofessionnelles. Cela pose le problème d’un nouveau modèle de croissance. Tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés : transport, BTPH ; industries, agriculture. Les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme. Il ne faut pas être pessimiste. Le passage de l’ère du charbon à l’ère des hydrocarbures ne s’est pas fait parce qu’il n’y avait plus de charbon, et demain d’autres sources d’énergie existeront.
Troisièmement, il faut être réaliste et éviter une vision unilatérale car les fossiles classiques demeureront encore pour longtemps la principale source d’énergie. Aussi, la transition énergétique doit-elle être fondée sur deux principes :
a- La sobriété énergique (efficacité énergétique), impliquant la maîtrise de la demande, par la sensibilisation mais aussi par la formation pour forger de nouveaux comportements. Il faut de nouveaux réseaux, un nouveau système de financement par de nouvelles politiques publiques. Il faut agir sur la réduction des besoins énergétiques en amont en augmentant l’efficacité des équipements et de leurs usages (par exemple nouveaux procédés pour le BTPH, les transports pour des économies en énergie passant, respectivement, par la rénovation des bâtiments existants et un nouveau mode de transport.
b.- Le mix énergétique, qui nécessitera d’adapter le réseau électrique aux nouveaux usages, supposant un nouveau réseau de distribution adapté aux nouvelles productions pour garantir la continuité de fourniture et au meilleur prix.
Quatrièmement, la transition énergétique suppose un consensus social, l’acceptabilité des citoyens du fait de la hausse à court terme du coût de l’énergie, hausse profitable, cependant, aux générations futures. La question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien coûte-t-elle, combien rapporte-t-elle et qui en seront les bénéficiaires?
Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) consacré à l’Allemagne note qu’un foyer allemand de trois personnes paie en moyenne 83 euros par mois pour son électricité, près du double qu’il y a dix ans. Ainsi, la transition énergétique est un processus long éminemment politique qui devrait être traité loin de toute polémique. Elle implique un nouveau modèle de consommation évolutif (exemple : la rationalisation de l’usage du téléphone portable, consommateur d’énergie électrique). D’autres besoins nouveaux pourront apparaître au fil des décennies, l’objectif stratégique est d’éviter la précarité énergétique de la majorité.
(*) Abderrahmane Mebtoul est professeur des Universités et expert international en management stratégique.