Les dynamiques économiques modifient les rapports de force à l’échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l’intérieur des États comme à l’échelle des espaces régionaux. L’énergie, particulièrement, est au cœur de la souveraineté des États et de leurs politiques de sécurité.
La stratégie russe, la stabilisation politique de l’Irak, de la Syrie où devrait transiter des canalisations et de la Libye, tout en n‘oubliant pas les énormes potentialités du Qatar et de l’Iran, les importantes découvertes en méditerranée orientale et le gazoduc israélien en direction de l’Europe, financé par les Emiraties, devrait entraîner un profond bouleversement de la carte énergétique au niveau de la méditerranée 2020/2025. Les importantes potentialités de toutes formes d’énergie en Méditerranée celles du vent ou du soleil, ou des énergies fossiles présentes dans son sous-sol peut faire de cette zone des contacts entre civilisations millénaires, soumise depuis toujours à des tensions politiques fortes, une nouvelle région énergétique du monde, aux portes de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient. Carrefour de trois continents, fragile sur le plan environnemental, le bassin méditerranéen est aussi une région source d’énergies, comme celles du vent ou du soleil, ou des énergies fossiles présentes dans son sous-sol. C’est dans ce cadre que l’Algérie qui a un rôle stratégique à jouer , participera à la réunion des 5+5 au sommet de la société civile des deux rives de la Méditerranée qui se tiendra à Marseille le 24 juin 2019 où j’ai été désigné par son Excellence le Président de la République, Monsieur Abdelaziz BOUTEFLIKA pour diriger la délégation des 10 ONG algériennes, tenant à le remercier pour la confiance témoignée, où je présiderai la commission , la plus importante dévolue à l’Algérie, «la transition énergétique au sein de l’espace des 5+5 ».
1.-La transition énergétique, une question de sécurité pour les deux rives de la Méditerranée via l’Afrique
L’énergie autant que l’eau est cœur de la sécurité des Nations. Le monde s’oriente 2020/2030, inéluctablement vers un nouveau modèle de consommation énergétique fondé sur la transition énergétique La transition pouvant être définie comme le passage d’une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l’énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire). La transition énergétique renvoie à d’autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale. Il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant c’est le socle social Cela pose la problématique d’un nouveau modèle de croissance : tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés : transport, BTPH ; industries, agriculture. Les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme. Dès lors la transition énergétique suppose un consensus social car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien ça coûte, combien ça rapporte et qui en seront les bénéficiaires. Pour une transition énergétique cohérente de renforcer les interconnexions des réseaux et l’optimisation de leur gestion (smart grids) pour contribuer à l’efficacité énergétique, au développement industriel, aller vers un nouveau modèle de croissance, afin de favoriser l’émergence d’une industrie de l’énergie, au service de l’intégration économique, les avantages octroyés par l’Etat devant être fonction de ce taux. Les décisions dans le domaine de l’énergie engagent le long terme et la sécurité de tout pays au regard des priorités définies sur le plan politique (indépendance nationale, réduction des coûts, réduction des émissions de carbone, création d’emplois). D’une manière générale, l’énergie apparaît donc aujourd’hui comme un puissant facteur de coopération et d’intégration entre les deux rives de la Méditerranée. Le climat et l’énergie peuvent donc fournir le lien structurant qui permettra non seulement de concrétiser l’orgueil culturel méditerranéen dans la conception et la réalisation d’une suite de projets concrets, mais aussi de préparer l’élaboration d’un concept stratégique euro-africain. Mon ami ,le polytechnicien Jean Pierre Hauet de KP Intelligence ( France) note avec justesse que « les marchés de la filière énergie – situation et perspectives que c’est que depuis à peine 10 ans, la scène énergétique s’anime à nouveau en Méditerranée avec au moins trois grands champs de manœuvre dont il est intéressant d’essayer de comprendre les tenants et d’anticiper les aboutissants.
Il y aurait trois théâtres d’opérations.
-Le premier théâtre est celui des énergies renouvelables (éolien, solaire à concentration, photovoltaïque) qui s’est caractérisé par le lancement de grandes initiatives fondées sur l’idée que le progrès technique dans les lignes de transport à courant continu permettrait de tirer parti de la complémentarité entre les besoins en électricité des pays du Nord et les disponibilités en espace et en soleil des pays du Sud. On parlait alors de 400 M€ d’investissements et de la satisfaction de 15 % des besoins européens en électricité. Aujourd’hui le projet Desertec est plutôt en berne, du fait notamment du retrait de grands acteurs industriels, Siemens et Bosch, et du désaccord consommé entre la fondation Desertec et son bras armé industriel la Desertec Industrial Initiatitive (Dii). La Dii poursuit ses ambitions d’intégration des réseaux européens, nord-africains et moyen-orientaux, cependant que la Fondation Desertec semble à présent privilégier les initiatives bilatérales au Cameroun, au Sénégal et en Arabie Saoudite.
-Le deuxième théâtre d’opérations est plus récent : il a trait à la découverte à partir de 2009, de ressources pétrolières et gazières en off shore profond, dans le bassin levantin en Méditerranée Est. Israël est le premier à avoir fait état de découvertes importantes sur les gisements de Dalit, Tamar et plus récemment de Léviathan. Ce dernier gisement, localisé sous la couche de sels messinienne, semble très important. Des forages sont en cours afin d’aller explorer les couches encore plus profondes qui pourraient contenir du pétrole. Chypre et la Grèce ont également trouvé des réserves apparemment considérables de gaz, toujours dans le même thème géologique qui était resté largement inexploré jusqu’à présent. Toujours selon l’auteur, Chypre, la Grèce et Israël ont reconnu leurs zones économiques exclusives en Méditerranée et le 8 août 2013 ont signé un mémorandum sur l’énergie qualifié d’historique, incluant notamment la construction d’une usine de GNL à Limassol et réalisation d’un câble de 2 000 MW entre Chypre et Israël.
-Le troisième théâtre d’opérations a trait à la prospection et à la mise en valeur éventuelle des gaz de schiste dont il faut le rappeler le premier producteur sont les Etats Unis d’Amérique qui ont réussi à réduire depuis trois années les couts d’environ 50% les grands gisements sont rentables à un cours variant entre 40/50 dollars et les marginaux, un cours de 55/60 dollars.
2.- Favoriser les
interconnexions : l’énergie
au service du co- développement
Les interconnexions électriques en Méditerranée
peuvent être un facteur de co-développement. Une communauté
méditerranéenne de l’énergie, c’est possible où les liens commerciaux sont
importants, les pays du sud de la Méditerranée exportant environ 80% du gaz et
60% du pétrole vers l’Europe. Les besoins électriques sont
complémentaires: la pointe de consommation d’électricité en Europe (France,
Allemagne, Pays du Nord…) se situe généralement en hiver, alors que dans les
pays du Sud, compte tenu des systèmes de refroidissement (appelés à se développer
avec l’amélioration du niveau de vie), elle se situe en été. Le sud de la
Méditerranée est mieux placé que le nord pour exploiter les énergies
renouvelables. L’ensoleillement y est deux fois plus important. Quant à
l’éolien terrestre, il y a des sites extrêmement favorables, notamment sur la
bordure atlantique et aussi en Algérie et au Maroc, avec des durées de
fonctionnement qui sont sensiblement le double de celles des sites allemands ou
français. Ainsi il est très souhaitable d’échanger de l’électricité tantôt dans
un sens tantôt dans l’autre: l’électricité conventionnelle de l’Europe vers
l’Afrique dans les périodes d’été; l’électricité d’origine renouvelable de
l’Afrique vers l’Europe dans les périodes d’hiver. Les interconnexions
correspondantes permettront en outre de mieux gérer les problèmes
d’intermittence inhérents au solaire et à l’éolien car, lorsque les productions
du Sud seront insuffisantes, l’Europe pourra fournir le complément en
électricité traditionnelle. Les échanges énergétiques entre les deux rives de
la Méditerranée doivent donc s’envisager dans le cadre de la transition
énergétique qui s’impose de par la rareté des ressources. Le mix énergétique de
demain sera à forte dominance électrique, puisque selon Shell, le marché de l’électricité
devrait augmenter de près de 80% horizon 2040. Dans ce cadre,
le solaire thermique pour l’exportation, combiné au
photovoltaïque pour les besoins de consommation internes devrait
représenter la ressource la plus importante pour la génération électrique.
L’hybridation avec le gaz devrait lui permettre d’ores et déjà d’être
compétitif. Les autoroutes électriques en courant continu pour traverser la
Méditerranée pourraient servir à satisfaire les besoins grandissants de
la côte méditerranéenne de l’Europe et la supraconductivité achevée par
un refroidissement à l’hydrogène liquide sera la solution à moyen terme pour
satisfaire les besoins de l’Europe du Nord. En effet, des pipes transportant de
l’Hydrogène liquide permettront de transporter aussi de l’électricité dans des
câbles supraconducteurs.. Certes, existent des limitations technologiques
actuelles qui interdisent d’installer des câbles électriques à très haute
tension lorsque les profondeurs dépassent 2000 m mais qui peuvent être contournées
comme par le Détroit de Gibraltar ou au niveau de la Sardaigne. Un
rapport de l’EPIMED montre que le déficit structurel européen et la forte
hausse de la demande de la rive sud impliqueront à l’avenir de construire les
éléments d’un partenariat qui dépasse le modèle classique fournisseur-client.
Facteur de précarité supplémentaire, la part des approvisionnements européens
en gaz provenant du marché spot du gaz sera plus forte avec la montée en
puissance des livraisons en GNL sur un marché mondial décloisonné. La
volatilité des prix et l’insécurité des volumes disponibles seront plus
importants dans une telle configuration en dépit de la multiplicité des
offreurs. Aussi, les pays de la méditerranée sont tous confrontés au problème
de la sécurité énergétique. Il s’agit avant tout de renforcer la coopération
notamment dans le domaine énergétique, étant un élément fondamental de
l’activité économique, un facteur de sécurité humaine, pouvant représenter un
lien très fort entre le nord et le sud de la Méditerranée. La situation
géographique de l’Europe et la Méditerranée, est un couloir de transit
important pour les marchés mondiaux de l’énergie et important carrefour pour
les marchés énergétiques mondiaux. Comme le note justement mon ami, le
professeur Jean Louis Guigou, Délégué de l’IPIMED, il faut faire
comprendre que, dans l’intérêt tant des américains que des Européens et de
toutes les populations sud méditerranéennes, les frontières du marché commun de
demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection
sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain,
doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l’Algérie, et à l’Est
du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie passant par une paix
durable au Moyen Orient les populations juives et arabes ayant une histoire
millénaire de cohabitation pacifique. Comme le préconise l’auteur, il
serait donc souhaitable qu’une réflexion collective s’articule autour de quatre
axes thématiques. Premièrement, la gouvernance territoriale: il s’agira en ce
sens de repérer les acteurs clés (privés et/ou publics, individuels et/ou
organisationnels), d’analyser les contextes institutionnels et de proposer une
grille d’analyse des modes de coordination de ces acteurs. Deuxièmement,
l’attractivité des territoires : il s’agira de mettre en perspective les
politiques publiques mises en œuvre (réglementations et incitations) et les
stratégies des acteurs de la globalisation pour mieux comprendre les mouvements
de délocalisation et la nature des relations de sous-traitance. Troisièmement,
de nouvelles dynamiques productives sur la base d’une approche sectorielle, les
logiques d’agglomération et d’organisation productive pour mettre en évidence
des processus de désindustrialisation, de restructuration et/ou d’émergence
industrielle. Quatrièmement, la spatialisation des activités de production en
analysant l’organisation spatiale (urbaine) des dynamiques productives afin de
mettre en relief les modes d’aménagement, d’organisation et de gestion des
territoires, et expliquer les logiques de localisation et d’agglomérations
intra-urbaines des entreprises
3.-Les six axes directeurs de la transition énergétique en Algérie
Chaque décision majeure devra être préalablement analysée par le conseil national de l’Energie, présidé par le président de la République, après un large débat national. La transition énergétique en Algérie est un choix stratégique politique, militaire, et économique pour assurer la sécurité énergétique du pays qui se fera progressivement, car il est incontestable que les gisements fossilifères du pays commencent à se tarir alors que la consommation énergétique nationale est en croissance importante et va continuer de l’être. En effet, l’Algérie à travers des subventions généralisées et mal ciblées est l’un des modèles les plus énergétivores en Afrique et en Méditerranée, avec un taux de croissance qui a atteint ou même dépassé les 14% par an pour l’électricité. Les prévisions de la CREG annoncent des besoins internes entre 42 (minimum) et 55 (maximum) milliards de m3 de gaz naturel en 2019, alors que Sonelgaz prévoit, quant à elle, 75 milliards de m3 en 2030. Selon le bilan énergétique, publié par le secteur, la répartition de la consommation d’énergie primaire est la suivante: production totale : 155 millions TEP, dont 63% exportés et 37% consommés sur le marché intérieur (y compris pour la génération électrique). Quant à la consommation des ménages et autres, elle aurait atteint 16,5%, la consommation des transports 13% et la consommation de l’industrie & BTP 7,5%. En Algérie, il existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif, idem pour les carburants et l’eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, environ 6% du produit intérieur brut en 2017 selon l’ONS. Aussi, des actions coordonnées doivent être mises en place dans le cadre d’une vision stratégique de développement tenant compte des nouvelles mutations mondiales. D’où l’importance dès maintenant de prévoir un nouveau modèle de consommation énergétique
-Premier axe, améliorer l’efficacité énergétique par une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur (environ un dixième du prix) occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales, dossier que j’ai dirigé avec le bureau d’études américain Ernest Young et avec les cadres du Ministère de l’Energie et de Sonatrach que j’ai présenté personnellement à la commission économique de l’APN en 2008, renvoyant à une nouvelle politique des prix ( prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales. C’est la plus grande réserve pour l’Algérie, ce qui implique une révision des politiques de l’habitat, du transport et une sensibilisation de la population. L’on doit durant une période transitoire ne pas pénaliser les couches les plus défavorisées. A cet effet, une réflexion doit être engagée pour la création d’une chambre nationale de compensation, que toute subvention devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence. Une chambre devant réaliser un système de péréquation, tant interrégionale que socioprofessionnelle, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale. -Le deuxième axe, ne devant pas être utopique , continuer à investir dans l’amont supposant pour attirer les investisseurs étrangers, étant dans un système concurrentiel mondial, une révision de la loi des hydrocarbures de 2013, inadapté à la conjoncture actuelle, notamment on volet fiscal, pour de nouvelles découvertes. Mais pour la rentabilité de ces gisements tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables
.Le troisième axe, développer les énergies renouvelables combinant le thermique et le photovoltaïque avec pour objectif d’ici 2030, produire, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables où selon des études de l’Université des Sciences et Technologies d’Alger (USTHB), le potentiel photovoltaïque de l’Algérie est estimé à près de 2,6 millions de térawattheures (TW/h) par an, soit 107 fois la consommation mondiale d’électricité et en énergie éolienne, l’Algérie bénéficie aussi d’un potentiel énergétique important, estimé à près de 12 000 térawatts/heure (TWh) par an. Cette même étude estime qu’avec un taux moyen de consommation de 260 m3 /MWh, le potentiel algérien en énergies renouvelables serait équivalent à une réserve annuellement renouvelable de gaz naturel de l’ordre de 700 000 Milliards de m3. Avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Aussi le défi algérien est-il d’avoir le budget et les technologies nécessaires pour, d’abord, financer la fabrication de panneaux solaires et, ensuite, subventionner, du moins en partie, leur installation à grande échelle. Car les panneaux solaires ne sont pas disponibles sur le marché, et quand bien même ils le seraient, il est quasi impossible pour un particulier d’assumer les charges d’une installation solaire. Le retard dans l’exploitation de l’énergie solaire est indéniable Adopté en février 2011 par le Conseil des ministres, le programme national des énergies renouvelables algérien prévoit une introduction progressive des sources alternatives, notamment le solaire avec ses deux branches (thermique et photovoltaïque), dans la production d’électricité sur les 20 prochaines années Dans cette perspective, la production d’électricité à partir des différentes sources d’énergies renouvelables dont l’Algérie compte développer serait de 22.000 mégawatts à l’horizon 2030, soit 40% de la production globale d’électricité. Sur les 22.000 MW programmés pour les deux prochaines décennies, l’Algérie ambitionne d’exporter 10.000 MW, alors que les 12.000 MW restants seraient destinés pour couvrir la demande nationale. Une fois réalisé, ce programme permettra d’économiser près de 600 milliards de mètres cubes de gaz sur une période de 25 années. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la première centrale électrique hybride. D’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant du solaire, cette centrale, a ainsi ouvert le chapitre des projets en cours ou en maturation pour le passage de l’Algérie à des sources d’énergies alternatives. Au moins, six centrales du même principe, mais dont la part du solaire serait de plus en plus importante, sont programmées juste pour les neuf prochaines années, ce qui permettra de lever progressivement la contribution des énergies renouvelables dans la satisfaction des besoins internes en électricité. Outre une nouvelle politique des prix, Sonatrach ne pouvant assurer à elle seule cet important investissement, (environ 100 milliards de dollars entre 2018/2030), il y a lieu de mettre en place une industrie nationale dans le cadre d’un partenariat public-privé national/international, supposant d’importantes compétences. Celle-ci doit comprendre tous les éléments de la chaîne de valeur renouvelable, dont l’ingénierie, l’équipement et la construction afin d’accroître le rythme de mise en œuvre, des études sur la connexion de ces sites aux réseaux électriques.
-Le quatrième axe, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d’électricité galopante, où selon le 19 mai 2013 du ministre de l’Energie et des Mines, l’Institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d’une capacité de 1000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère de l’Energie. La ressource humaine étant la clef à l’instar de la production de toutes les formes d’énergie et afin d’éviter cet exode de cerveaux massif que connait l’Algérie -Le cinquième axe, est l’option du pétrole/gaz de schiste horizon 2022/2025 (3ème réservoir mondial selon des études internationales) introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013, dossier que j’ai l’honneur de diriger pour le compte du gouvernement et remis en janvier 2015. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, l’adhésion des populations locales par un dialogue productif est nécessaire car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L’Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, doit être opéré un arbitrage pour la consommation d’eau douce des populations et celle utilisée pour cette production. Selon l’étude réalisée sous ma direction, les nouvelles techniques peu consommatrices d’eau et évitant l’injection de produits chimiques dans les puits devraient être mises au point opérationnelle horizon 2022/2025 car actuellement avec la fracturation hydraulique classique il faudrait environ un milliard de mètres cubes gazeux environ 1 million de mètres cubes d’eau douce, devant tenir compte de la durée courte vie des puits ( cinq ans maximum) et devant perforer des centaines pour avoir un milliard de mètres cubes gazeux
-Le sixième axe, rentrant dans le cadre des résolutions de la COPE21 et de la COP22 est l’action climatique qui ne peut être conçue dans le cadre d’une Nation, impliquera une large concertation avec notamment les pays du Maghreb et de l’Afrique. D’une manière générale, pour le Maghreb dont l’Algérie, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques. L’eau et sa gestion sont des problèmes conditionnant son avenir, le volume maximal d’eau mobilisable étant déficitaire d’ici à 2020 selon Femise (réseau euro-méditerranéen sur la région MENA. Dans la région du Maghreb, les effets négatifs toucheront la production de légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30 % et une baisse du blé à près de 40%. Ainsi, le changement climatique pourrait entraîner une véritable crise migratoire, l’or bleu, enjeu du XXIème siècle qui non résolu pouvant provoquer des guerres planétaires. Les conclusions du rapport du GIEC publié en janvier 2015 et du rapport de Rachel Kyte, vice-présidente de la Banque mondiale chargée du développement durable).montre une intensification de plus en plus visible partout dans le monde d’événements climatiques extrêmes (sécheresses, canicules, pluies diluviennes, inondations, ouragans, typhons…), lourdes pertes humaines (2 millions et demi de personnes sur les 30 dernières années),multiplication du nombre de réfugiés climatiques (plus de 20 millions selon le Conseil norvégien pour les réfugiés) et des coûts financiers liés à ces catastrophes naturelles en forte augmentation (200 milliards par an au cours de la dernière décennie, soit 4 fois plus que dans les années 1980.
En conclusion, si l’humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes d’où l’urgence d’un nouveau modèle de consommation à l’échelle mondiale. Comme j’ai eu à l’affirmer au cours de différentes conférences internationales, le co-développement, les co-localisations, qui ne sauraient se limiter à l’économique, incluant la diversité culturelle, peuvent être le champ de mise en œuvre de toutes les idées innovantes au niveau de l’espace méditerranéen, pont entre l’Europe et l’Afrique continent qui sera l’enjeu du XXIème siècle. L’Algérie, pays à fortes potentialités énergétiques, au niveau de l’espace méditerranéen et africain possède toutes les potentialités pour être un vecteur actif en renforçant la coopération sur la base d’un contrat gagnant/gagnant afin de faire de cet espace un lac de paix et de prospérité partagé. 26/01/2019- Pr Abderrahmane Mebtoul
Professeur des universités expert international directeur d’études Ministère Energie Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007-2013/2015 -Chef de la délégation algérienne au sommet de la société civile des deux rives de la Méditerranée et président la commission de la transition énergétique au sein de l’espace des 5+5 ». Références En plus de nombreuses contributions dans des revues internationales sur l’énergie entre 1975/2018 voir Pr Abderrahmane Mebtoul « Sonatrach dans un