Les prévisions tablent sur l’accueil de plus de trois millions de touristes algériens au cours de cette année contre 1,8 million l’année dernière.
» Les intentions de réservations ont atteint des niveaux records et les entrées touristiques pourraient dépasser les 8 millions au cours de cette année », a indiqué Jabeur Ben Attouch, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (FTAV), dans une interview accordée à la TAP.
« La saison touristique de 2018 serait exceptionnelle cette année avec le retour des marchés classiques comme les marchés français, anglais et néerlandais. Les prémices de cette relance ont commencé à se faire ressentir à partir du mois d’avril, a-t-il précisé.
Le taux des réservations du marché francais a dépassé les 200% par rapport à celui enregistré en 2017 et le nombre des touristes francais devrait atteindre 650 mille au cours de cette saison, selon ses dires.
« On s’apprête aussi à accueillir plus de 900 mille touristes russes, sachant que le taux d’évolution de ce marché a été le plus remarquable en Tunisie après la révolution, en plus d’un important retour attendu des touristes anglais », a-t-il ajouté. En ce qui concerne le marché allemand, plus de 600 mille touristes viendraient au cours de cette saison, a assuré Ben Attouch.
Pour le marché traditionnel algérien, les prévisions tablent sur l’accueil de plus de trois millions de touristes algériens au cours de cette année contre un million 800 mille l’année dernière. « Ceci est l’aboutissement d’un travail continu et laborieux de trois ans accompli par les agences de voyage dans plusieurs pays afin de redonner confiance aux touristes et aux tours-opérateurs étrangers et promouvoir la destination Tunisie qui reste une des destinations classiques du tourisme dans la Méditerrannée qui a ses traditions et son histoire ».
Ce travail a également ciblé de nouveaux marchés touristiques dont les marchés chinois, canadien ou des pays du Golfe ainsi que le Brésil et les Etats Unis, selon le président de la FTAV. Pour ce qui est du tourisme intérieur, a-t-il dit, cette relance sera aux dépends du touriste tunisien et impactera les réservations des Tunisiens au niveau des prix et de la disponibilité des chambres.
« Il faut oser diversifier les produits touristiques »
La diversification du produit touristique nécessite une nouvelle vision stratégique de la part de l’Etat. Le tourisme balnéaire reste au coeur de l’activité touristique en Tunisie, mais cette activité pourrait être renforcée par d’autres formes de tourisme étant donné que la Tunisie bénéficie de plusieurs atouts à part la mer et les plages, dont le sahara et les fôrets, a indiqué le président de la FTAV.
« La Tunisie peut ainsi profiter d’un autre produit, à savoir le tourisme saharien, un produit qui séduit plusieurs millions de touristes dans le monde et qui pourrait donner un nouvel élan au tourisme et à l’économie tunisienne ».
La Fédération ne peut qu’appuyer l’idée de promouvoir le tourisme saharien à part entière, lequel peut attirer des millions de touristes par an. C’est un tourisme qui peut fonctionner tout au long de l’année et non quatre mois seulement comme le tourisme balnéaire.
« La Tunisie peut profiter du tourisme saharien qui constitue une alternative réussie et prometteuse au tourisme balnéaire qui reste saisonnier », a-t-il dit, affirmant que ce produit pourrait créer une nouvelle dynamique économique et de développement dans les régions intérieures comme celles du Centre et du Sud du pays.
Il faut faire connaître ce produit et le promouvoir sur le plan international parce qu’il attire une clientèle spéciale, friande du tourisme d’aventure et écologique, très répandu dans le monde et auquel certains tours-opérateurs et agences internationales s’intéressent.
La Fédération organisera, dans ce cadre, le premier salon du tourisme saharien d’ici 2020, pour la première fois dans le monde afin de créer les mécanismes de développement de ce produit en Tunisie, de discuter les possibilités offertes et les lacunes à combler. Le seul problème est l’infrastructure hôtelière et du transport, qui n’est pas adaptée à ce nouveau tourisme mais plutôt à un tourisme de masse, a-t-il fait remarquer.
Ce tourisme nécessite une infrastructure adaptée et adéquate. « En 2011, on disposait de 700 véhicules tout-terrain (4*4) de transport saharien alors qu’aujourd’hui on a seulement 125 véhicules dont seuls 85 sont en état de fonctionnement », a-t-il fait savoir. Les prix de ces véhicules sont excessivement chers pour les agenciers qui peinent déja à survivre et à faire face aux différents problèmes du secteur. L’Etat est appelé à créer une nouvelle vision globale pour le tourisme, à faire du tourisme un choix stratégique et à repenser la stratégie nationale du tourisme afin de le développer.
« Une relance attendue mais des problèmes non encore résolus »
Les vols, les aéroports et l’accueil dans les hôtels, la qualité des services sont autant de problèmes dont souffre le secteur depuis des années. Pour fidéliser les touristes et faire face à cette reprise tant attendue, la Tunisie n’a de choix que d’améliorer les services et de s’outiller pour garantir sa place comme destination touristique de qualité.
» On est pas assez outillé pour cette nouvelle relance », a indiqué le président de la FTAV, qui a ajouté que les questions logistiques restent encore le maillon faible du secteur du tourisme en Tunisie avec un manque important de moyens de transport et une faiblesse du parc du transport touristique. « Avec la flotte actuelle, il est difficile d’assurer de bons services de qualité aux touristes et de répondre à tous les besoins du secteur « .
Le tourisme doit être un choix stratégique, environnemental et de développement pour la Tunisie. Il faut aussi créer un code pour le secteur du tourisme qui fournit plus de 500 mille emplois, a-t-il dit.
L’Etat est aussi appelé à libérer l’importation des véhicules de transport touristique et permettre aux agences de voyages d’acquérir des parts plus grandes comme c’était le cas en 1993 lorsque les agences de voyage bénéficiaient d’avantages fiscaux. Pour ce qui est des nouveaux marchés de touristes, il faut penser à créer des vols directs avec certains pays qui sont intéressés par la destination Tunisie tout au long de l’année, contrairement aux marchés traditionnels qui viennent surtout pour le tourisme balnéaire.
La contuinité et la pérennité des agences sont assurées grâce à la volonté du secteur privé et des agenciers qui militent pour survivre, a-t-il regretté, relevant que les agences de voyage connaissent plusieurs problèmes qui menacent leur existence. » Plus de 300 agences de voyage sont menacées de fermeture actuellement et plus de 2000 employés risquent de perdre leurs emplois ».
Parmi ces problèmes, figure le circuit parallèle avec la multiplication des emplois informels (comme les rabatteurs, les sociétés de services, les pages facebook, les voyages d’Omra, les voyages à l’étranger, le transport touristique..)
L’agence de voyage est la seule garantie pour le client en terme de protection de ses droits. Elle seule est soumise au contrôle alors que tous ceux qui travaillent dans le noir ne sont ni contrôlés, ni sanctionnés ni soumis au fisc.
Une commission de suivi au sein d’une cellule de crise a été créée et une campagne de sensibilisation est en cours de préparation avec l’organisation nationale de défense du consommateur (ODC) et le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour sensibiliser le citoyen aux risques du circuit parallèle qui assure 50% des ventes des produits du tourisme et à la nécessité d’avoir affaire aux agences de voyage pour garantir ses droits.