Le Maroc est le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest, région qui reçoit 64,7% du total de ses investissements sur le continent.
La Zone de libre-échange continentale (ZLEC) constitue une opportunité pour le Maroc de promouvoir ses exportations et de diversifier ses partenaires africains, tirant profit des flux commerciaux potentiels qu’offrent les marchés du continent, estime Abdelkhalek Touhami, chercheur en économie à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA) de Rabat.
« Avec la signature de l’accord instituant la ZLEC, le Maroc va pouvoir accéder à d’autres marchés africains dans lesquels il n’était pas présent, notamment dans les régions de l’Afrique australe ou de l’Afrique de l’Est. Ca va créer un marché plus grand », souligne-t-il dans une déclaration à Xinhua, ajoutant que le Maroc va « gagner davantage de cette ouverture sur les marchés africains ».
Selon M. Touhami, le Maroc va tirer profit des économies d’échelle puisque les entreprises marocaines sont compétitives sur le continent.
A signaler que le Maroc est le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest, région qui reçoit 64,7% du total de ses investissements sur le continent. Les secteurs concernés sont notamment l’agriculture, l’assurance, la banque, la cimenterie, l’électricité, les engrais, l’immobilier et les mines.
Interrogé sur les mesures devant être prises par le Maroc pour évaluer l’impact de la ZLEC sur son économie, il juge « impératif de s’appuyer sur les études d’impact qu’il faut mener pour l’économie dans sa globalité et par secteur d’activité ».
Avec celles-ci, « le Maroc doit savoir quelles sont les concessions tarifaires à accorder et quelles sont les règles d’origine qu’il doit imposer et celles que les pays africains vont devoir imposer pour qu’il y aurait une concurrence loyale », explique-t-il.
De plus, ajoute le chercheur, le Maroc doit trouver le moyen de renforcer les infrastructures (ponts, navires, ports, routes, autoroutes, chemins de fer) dans les pays du continent afin de pouvoir exporter ses produits dans de bonnes conditions.
Il est indubitable que la création de la ZLEC permettra la libéralisation des échanges économiques inter-Etats et d’augmenter le niveau de commerce intra-africain de près de 25% à moyen terme pour atteindre 52%, à long terme. Tout sachant qu’aujourd’hui, seulement 15% du commerce des pays africains s’effectue avec d’autres pays du continent et que ce dernier ne représente que 2% du commerce mondial, tient-il à souligner.
Selon M. Touhami, la ZLEC aura des effets bénéfiques « très importants » pour chacun des pays signataires. « Evidemment, ça va générer une croissance plus grande en termes de PIB des différents pays et impactera les investissements directs étrangers (IDE) interafricains et entre l’Afrique et les autres continents.
Les IDE vont s’accroître pour aller bénéficier des économies d’échelle et de la diversification qui existent dans différents pays, estime-t-il, notant que ce chantier d’intégration continentale va « booster la productivité de certains secteurs au niveau africain. L’effet va certainement être positif ».
La ZLEC, qui doit entrer en vigueur le 30 mai, va regrouper le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du Maghreb arabe et la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD).
Les défis de la ZLEC sont nombreux, notamment l’abaissement des droits de douane et la simplification des procédures aux frontières. Celles-ci sont destinées à faire passer en dix ans les échanges intra-africains de 15% à 25% du commerce total du continent.
Ce projet représente une avancée majeure et un jalon de plus pour l’intégration et l’unité africaines. La future ZLEC se traduira finalement par la création d’un marché commun de plus d’un milliard de consommateurs avec un PIB combiné de plus de 2.500 milliards de dollars.