Le leader mondial de production de matériaux de construction prévoit d’investir massivement sur le marché algérien. La multinationale espère également réorienter sa production de ciment blanc vers le marché national.
Renommée Lafarge-Holcim depuis sa fusion en juillet dernier avec Holcim le géant suisse de production de ciment, le groupe Lafarge veut désormais se réorienter sur les marchés émergents. Serge Dubois, le directeur affaires publiques et communication du groupe français a expliqué que l’Algérie est un «pays qui compte beaucoup pour Lafarge-Holcim» lors d’une visite de l’usine d’Oggaz ouverte à la presse ce mercredi. Présent depuis 2003 en Algérie, le groupe Lafarge détient désormais 35% du marché national, emploie directement 4000 personnes et possède deux usines fonctionnelles qui ont une capacité de production de 8,7 millions de tonnes par an. Au cours de la visite, Serge Dubois a annoncé que le groupe industriel allait investir 300 millions d’euros en 2016. Une partie de cette somme sera consacrée à la mise en œuvre de l’usine de Biskra qui aura une capacité de production de 2,7 millions de tonnes de ciment par an. Le groupe industriel prévoit aussi de muter son modèle économique de vendeur de produit à «fournisseur de solution» selon le directeur de la communication du groupe. Ce changement se réalisera notamment à travers la création d’un «laboratoire de construction» à Rouiba. Ce laboratoire de recherche, qui sera unique en Afrique, aura pour but de donner des solutions en matière de technologies de construction aux entreprises concernées. Lafarge-Holcim compte aussi atteindre les 20 supermarchés Batistore à travers le pays.
«Le ciment blanc d’Oggaz sert à construire la Freedom tower de New-York»
La multinationale française aimerait également réorienter sa production de ciment blanc excédentaire vers le marché algérien. «Avant Lafarge l’Algérie importait 250 000 tonnes de ciment blanc. Aujourd’hui Lafarge c’est 450 000 tonnes (de ciment blanc) sur le marché algérien soit 80% du marché» rappelle Jean-Louis Sibiede, directeur de l’usine d’Oggaz. Le marché algérien est en effet encore déficitaire puisque sur 25 millions de tonnes utilisées sur le marché national, 5 millions sont importées. Mais ce déficit concerne le ciment gris, très majoritairement prisé par les acteurs du secteur. L’usine d’Ogaz est productrice de ciment blanc de qualité «extrafin» qui est notamment exportée au Brésil et aux Etats-Unis où «elle sert à construire la Freedom tower de New-York» qui remplacera le World trade center. «Notre but est d’arrêter les exportations de ciment blanc pour le garder pour l’Algérie» a ajouté le directeur de l’usine. Il justifie: «Le ciment blanc produit à Oggaz est du 52-5, c’est la meilleur qualité et c’est rare». «Notre ambition et de construire blanc. Ce ciment permet d’aller plus vite, il est plus beau et moins cher car il n’y a pas besoin de construire de façade et ne nécessite pas de peinture» a ainsi plaidé Jean-Louis Sibiede. Cette réorientation stratégique du ciment blanc vers le marché algérien répond toutefois à une logique économique consécutive au ralentissement du marché international. La Chine notamment, qui représente 53% de la demande mondiale, a considérablement baissé sa consommation de matériaux de construction. Conséquence de cette morosité économique, l’usine d’Oggaz prévoit un excédent de 20% de sa production de ciment blanc pour l’année prochaine.