D’après les chiffres révélés par le Bureau national des statistiques de Chine, l’Algérie a accordé des contrats d’une valeur estimée à près de 70 milliards USD à des entreprises chinoises du secteur des BTP, entre 2009 et 2019.
On estime que l’Algérie est le marché le plus important pour les entreprises de construction chinoises en Afrique et l’un des plus importants au monde. Le pays a accordé des contrats d’une valeur estimée à 69.3 milliards USD à des entreprises chinoises entre 2009 et 2019. L’autoroute est-ouest algérienne, le nouvel aéroport de la capitale, la Grande Mosquée d’Alger, les projets AADL sont quelques exemples des contrats importants qui ont été attribués par le gouvernement algérien à des entreprises de construction chinoises.
Data du bureau national des statistiques de Chine rapporté par le SAIS-CARI à l’université de John Hopkins : http://www.sais-cari.org/data-chinese-contracts-in-africa
Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, les plans de rattrapage infrastructurel de l’Algérie ont ralenti, les réserves de change du pays sont passés de près de 200 milliards USD en 2014 à environ 49 milliards USD à la fin de l’année 2020, entrainant une diminution de la valeur des contrats chinois dans le pays, comme le montre le graphe.
L’Algérie et la nouvelle route de la soie
L’adhésion de l’Algérie à l’initiative ‘nouvelle route de la soie’ (BRI) en 2018 en marge du Forum China-Afrique (FOCAC) à Pékin, n’a pas fondamentalement changé la dynamique des échanges économiques entre les deux pays. Avec comme tendance, un flux de capitaux quittant le trésor algérien pour la Chine, de loin supérieur au flux de capitaux venant de la Chine vers l’Algérie.
En juillet 2019, un décret présidentiel signé par le président par intérim Abdelkader Bensalah et publié au Journal officiel du pays le décret stipulait que l’Algérie et la Chine coopéreraient dans les domaines de la coordination des politiques et de l’interdépendance des infrastructures ; une opportunité pour les entreprises chinoises de BTP.
Avant de rejoindre la route de la soie, l’Algérie était le premier pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) à bénéficier d’un partenariat stratégique global et du plus haut niveau de relations bilatérales avec la Chine. En visite en Algérie en novembre 2014, Yu Zhengsheng, président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, l’organe consultatif politique suprême de la Chine, a déclaré que l’objectif de ce partenariat était de « renforcer les échanges à tous les niveaux, de cimenter la confiance politique mutuelle et de promouvoir la coopération pragmatique » entre les deux nations.
En 2018, le président chinois Xi Jinping a confirmé cette déclaration en s’engageant à promouvoir le développement du partenariat et à poursuivre la tendance au resserrement des liens diplomatiques entre les deux pays. Lors du sommet des Nations unies sur le climat COP27 qui s’est tenu en Égypte en 2022, l’Algérie a signé un deuxième pacte de coopération stratégique quinquennal avec la Chine visant à renforcer davantage la coopération bilatérale.
Toujours dans le cadre de la route de la soie, l’Algérie a conclu plusieurs de partenariats avec des entreprises chinoises dans divers secteurs, notamment les infrastructures, l’industrie, les télécommunications et l’énergie. Le port d’El Hamdania, près de la ville centrale de Cherchell, est l’un des projets phares de la nouvelle route de la soie en Algérie. Ce port en eau profonde, d’une valeur de 3,3 milliards de dollars, est construit par un consortium d’entreprises sino-algériennes, dont la société d’État China Harbour Engineering Corporation, la China State Construction Engineering Corporation et le groupe algérien Public Port Services Group. Le projet est cofinancé par le gouvernement algérien et la Banque d’import-export de Chine. Cependant, les progrès ont été lents depuis les premières études exploratoires, en 2012.
Pendant sa visite actuelle à Pékin, le président Tebboune a signé 19 accords dans de multiples domaines. Les deux pays ont réaffirmé leur volonté de renforcer un partenariat établi depuis plus de 60 ans. Mais malgré le battage médiatique sur la nature « gagnant-gagnant » des échanges entre la Chine et l’Algérie, les chiffres indiquent que les dividendes de Pékin sont bien supérieures à celles d’Alger.
L.B