« Une transition démocratique signifie un changement profond du système politique. Et l’application de l’article 102 de la Constitution algérienne signifie une seule chose, c’est que le Chef de l’Etat actuel, Abdelaziz Bouteflika sera destitué et que tout le reste sera maintenu », a déclaré à Maghreb Emergent la politologue Louisa Dris Ait Hamadouche.
Elle signale que l’activation de l’article 102 de la Constitution, comme proposé par le chef d’Etat-major, Gaïd Salah, signifie sur le plan politique le rejet de toute transition démocratique. « La transition démocratique doit comprendre un certain nombre d’opérations et implique un processus de réformes juridiques et politiques et doit être menée par un gouvernement politiquement neutre. Il faut des reformes au niveau des lois relatives aux libertés individuelles et collectives », a-t-elle souligné. « Tout ce processus est totalement exclu si nous organisons une élection dans 90 jours », a-t-elle assuré.
Louiza Ait Hamadouche a aussi rappelé que la contestation populaire n’est pas contre le président lui-même mais contre tout le système et, selon elle, le président n’est pas le systéme, mais il en est le produit.
« Primauté du militaire sur le politique »
La politologue a enregistré un problème de forme quant à la proposition de Gaid Salah. « La convocation où l’application de l’article 102 n’est absolument pas de ses prérogatives. Cette décision peut venir soit du Conseil constitutionnel où d’un parlement réuni et on n’est pas dans ces deux cas de figures », a-t-elle expliqué. Elle a aussi souligné que le fait que cette demande vienne de l’institution militaire signifie la « primauté du militaire sur le politique », ce qui est, selon elle, en contradiction avec toutes les lois algériennes.
Sur le fond, notre interlocutrice estime que la demande du chef d’État-Major de l’ANP, est anachronique. « L’application de l’article 102 est une demande qui est venue de l’opposition il y a plusieurs années, et l’opposition, ces derniers mois, a déclaré que nous n’étions plus dans une logique de vacance du pouvoir d’autant plus que le président en reportant l’élection présidentielle sans motif valable a déjà fait entrer le pays dans l’anti-constitutionnalité. Donc cette demande est anachronique», a-elle précisé.
La nationalité marocaine de Ben Salah !
Elle a notamment mis l’accent sur le fait que ce qui vient de se passer est une réponse juridique à un problème politique. Elle a noté également que, si les choses se confirment, toutes les procédures liées à l’article 102 seront appliquées et le chef du Sénat deviendra le chef de l’Etat et aura en tout 90 jours pour organiser l’élection présidentielle. « Sauf que l’actuel président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, n’est juridiquement pas apte à remplacer le Chef de l’Etat car sa nationalité d’origine n’est pas algérienne. Il a eu la nationalité algérienne en 2e lieu. Donc, même cette solution juridique pose problème », a expliqué la politologue.
Il faut noter que la Constitution dans sont article 87, stipule que « Pour être éligible à la Présidence de la République, le candidat doit : ne pas avoir acquis une nationalité étrangère et jouir uniquement de la nationalité algérienne d’origine et attester de la nationalité algérienne d’origine du père et de la mère ».