Par Samy Injar
Le pronostic vital du chauffeur d’un véhicule d’assistance n’est plus engagé. Que s’est-il passé ?
60 heures après l’explosion « suspecte » d’un camion d’assistance du rallye du Dakar jeudi à Djeddah, les autorités saoudiennes continuent à rester évasives sur la nature de cet épisode.
Le conducteur français du véhicule, Philippe Boutron 61 ans, a été grièvement blessé à une jambe par ce qui a finalement été reconnu par la partie française, comme « un engin explosif artisanal » placé sous le camion à l’endroit du siège du conducteur. Il a été opéré plusieurs fois et son état a été déclaré « stabilisé » par l’équipe médicale de l’hôpital militaire de Djeddah.
Cinq autres passagers se trouvaient dans le Ford Ranger d’assistance au moment de l’explosion. Ils ont pu « reprendre leur travail » après avoir été fortement secouées. Thierry Sabine Organisation (ASO) détenteur du Rallye Dakar a évoqué dans un communiqué un « véhicule brutalement arrêté par une explosion soudaine » pour ensuite rapporter que les autorités locales n’écartaient alors aucune possibilité « y compris celui d’un acte malveillant».
Des témoignages recueillis au bivouac du Rallye évoquent, des images de vidéo-surveillance montrant que « trois hommes se sont approchés du véhicule », et laissent penser à la piste de la bombe artisanale. Les véhicules participants au Dakar n’étaient pas encore sous parc fermé à l’avant veille du départ de la course. La gêne partagée par Ryad et ASO pour reconnaître un attentat contre le Rallye Dakar, appelé Paris-Dakar à sa naissance en 1979, peut se comprendre. De grands intérêts sont en jeu.
Un retour en Afrique avorté
Le Dakar a du quitter le continent africain insécurisé en 2009 pour migrer vers l’Amérique du sud (Argentine) durant dix années. L’Arabie Saoudite du prince Mohamed Ben Selmane, en quête d’une image nouvelle d’ouverture a réussi à attirer en 2020 sur son territoire ce qui reste comme le plus grand Rallye auto-moto d’endurance au monde.
ASO espérait, en prenant le pari de l’Arabie Saoudite, relancer l’intérêt du public et des sponsors pour un évènement sportif qui a considérablement perdu de sa magie faute notamment de parcours à la hauteur des challenges proposés par le Sahara et le Sahel.
Des contacts ont été établis entre la fédération algérienne de sport mécanique (FASM) et ASO en 2018, pour le retour du Dakar sur le continent africain et son passage à nouveau par l’Algérie abandonné en 1993. Le team SodiCars se posait la question de son maintien sur le Rallye au soir de cet attentat qui a ciblé, sans doute de manière aléatoire, leur véhicule d’assistance. 144 motards et 92 pilotes autos sont engagés dans cette édition 2022. Les autorités saoudiennes ont renforcé la sécurité autour du Rallye qui a débuté ce samedi 1er janvier 800 km au nord de Djeddah.
L’attentat à la bombe artisanale de jeudi dernier n’était pas le premier contre des intérêts français en Arabie Saoudite. Deux attentats ont été enregistrés à l’automne 2020 dont l’un contre le consulat français dans la ville. Le cheque de MBS pour amener le Dakar dans son pays pourrait ne plus suffire pour convaincre ASO de maintenir le Rallye en Arabie Saoudite.