Le blé français recule dans son marché « naturel » : Le Maghreb. En raison de la mauvaise qualité de la moisson de blé cette année ou du fait de la crise ukrainienne, le blé français n’a plus la cote au Maroc et en Algérie.
L’Algérie, l’un des plus gros importateurs de blé au monde, devra encore compter sur les fournisseurs extérieurs pour satisfaire ses besoins toujours grandissants, que la récolte de cette année ne peut combler. Affectée par la sécheresse, la production céréalière de la campagne 2013/2014 est inférieure de 30% à celle de la saison précédente qui s’était établie à 49,1 millions de quintaux. L’Algérie devra donc importer plus que l’année dernière. En 2013, elle a importé 10,03 millions de tonnes de céréales (principalement du blé tendre) pour 3,16 milliards de dollars.
La France est de loin le premier fournisseur du marché algérien notamment pour le blé tendre avec plus 70 % de part de marché. Mais pour cette année, le blé français a perdu de sa cote. La récolte française affectée par la pluie et le froid de l’été a baissé en qualité. Et l’Algérie compte aller vers d’autres fournisseurs. Le ministre de l’Agriculture s’est montré, début septembre, intraitable à ce sujet : « Il y a des règles, des cahiers de charges à respecter et des organes chargés du contrôle des produits que nous importons (…) Ne croyez pas que notre pays importe du n’importe quoi ».
L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a refusé l’importation du blé français malgré les « aménagements techniques » apportés à la récolte consistant à mixer la mauvaise récolte avec du blé de bonne qualité importé par la France dans le but d’honorer ses contrats.
Le Maroc opte pour le blé russe
Au Maroc, le blé français subit le même revers. Le Magazine Jeune Afrique a révélé jeudi que le Maroc (qui importe annuellement environ 2,5 millions de tonnes de blé) s’est détourné du blé français au profit du blé russe. En plus de l’argument de mauvaise qualité de la récolte, le magazine avance un autre de nature politique.
« C’est un échange de bons procédés. Les Russes ont décidé d’augmenter sensiblement leurs achats de fruits et légumes du Maroc pour contourner les sanctions européennes. On se devait de faire un geste », explique la source de Jeune Afrique qui rappelle la signature en juin dernier d’un accord de financement de 300 millions de dollars entre Attijariwafa Bank et la Fédération interprofessionnelle des activités céréalières du Maroc pour le paiement des importations de blé en provenance de la Russie pour la saison 2014-2015.
La France, qui a fourni en 2013 près de 70 % des importations de blé du Maroc en blé devrait voir sa part de marché descendre cette année à 20 %, prédit le Magazine.