Le chômage reste encore élevé au Maroc. L’économie du Royaume n’arrive pas à atteindre un taux de croissance suffisant pour réduire la demande d’emplois.
Dans sa dernière note sur l’état du marché du travail en 2014 au Maroc, le Haut Commissariat au Plan (HCP), a annoncé que le taux de chômage s’est établi en légère hausse à 9,9 % entre les années 2013 et 2014. Un an auparavant, ce taux était de 9,2 %, soit une hausse de 0,7 points, explique le HCP. La population active en chômage a augmenté de 8 % au niveau national, passant de 1.081.000 en 2013 à 1.167.000 chômeurs en 2014, soit 86.000 chômeurs de plus. Par ailleurs, le chômage est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural, souligne le HCP qui précise que le taux de chômage est passé de 14% à 14,8 % en milieu urbain et de 3,8% à 4,2% en milieu rural. D’autre part, conséquence du marasme économique au Maroc, près de trois personnes sur dix (29,2%) ont perdu leur travail à la suite de licenciement ou à l’arrêt de l’activité de l’établissement employeur. Quant aux actifs occupés en situation de sous-emploi, ils sont passés, entre 2013 et 2014, de 978.000 à 1.100.000 personnes au niveau national, de 530.000 à 589.000 personnes dans les villes et de 448.000 à 511.000 dans les campagnes. Dès lors, le taux de sous-emploi passe de 9,2% à 10,3% au Maroc à fin 2014.
Trou d’air
Dans ses prévisions de croissance, le gouvernement Benkirane n’a pu réaliser plus de 4%, un niveau insuffisant pour relancer l’emploi, d’autant que les investissements publics pour 2014 avaient été »rabotés », sous le coup d’un rétrécissement budgétaire. De 4,2%, le taux de croissance prévu donc par l’exécutif dirigé par le parti Justice et développement (PJD islamiste-modéré) est retombé à une moyenne plus conforme aux performances actuelles de l’économie marocaine: 3,5% à fin 2014. Les chiffres sur la situation du marché de l’emploi mettent ainsi plus de pression sur le gouvernement de Abdelilah Benkirane, qui n’a ni rassuré les milieux d’affaires et économiques sur le bien fondé de sa politique économique à moins de 8 mois des prochaines législatives, ni les syndicats sur sa stratégie sociale et de protection du pouvoir d’achat des travailleurs.
»States » du HCP implacables
Les statistiques du HCP confirment par ailleurs »le trou d’air » traversé en 2014 par l’économie marocaine. Selon des économistes marocains, il faut une croissance d’au moins 5 à 6% par an pour que le taux de chômage descende à moins de 9% avec le recrutement d’au moins 180.000 travailleurs. Et, »il faut une croissance à deux chiffres pour espérer présenter une offre de travail globale quantitativement satisfaisante pour éponger le passif cumulé », précisent les mêmes milieux. D’où ce simple constat : la croissance à elle seule ne suffira pas à réduire le taux de chômage, d’autant que la situation est inquiétante parmi les diplômés, qui représentent 26% de la masse globale des chômeurs, contre seulement 5% des chômeurs non diplômés.