Prévu initialement dans la région d’El Kseur, le «3 ème plus grand complexe pétrochimique d’Algérie » devrait finalement être réalisé dans la commune de Boudjellil, située à l’extrême sud-ouest du chef-lieu de wilaya de Béjaia et aux limites territoriales des wilayas de Bouira et de Bordj Bou Arreridj.
C’est l’information donnée jeudi dernier, par le wali de Béjaïa, sur les ondes de la radio Soummam après que le ministère de l’Agriculture ait opposé «son veto» au transfert de propriété d’un terrain agricole localisé dans la région d’El-Kseur. L’assiette de terrain sur lequel sera érigé ce projet éminemment structurant est de 220 ha mais plus 500 y seront proposés pour le développement de cette industrie, a confirmé le président de l’APW de Béjaïa, Mohamed Bettache. Le projet de plateforme pétrochimique était initialement prévu dans la région d’El-Kseur et le choix de cet important centre urbain avait eu l’assentiment des responsables de la Sonatrach ; il répondait à tous les critères : un terrain de plus de 250 ha ; le site est située à 26 km du port et de l’aéroport ; le passage par la zone d’un pipeline et d’un oléoduc.Avec la réalisation de la plateforme pétrochimique, qui doit regrouper un ensemble d’unités de production de matières premières à base de GPL (gaz propane liquéfié), quelque 3.000 emplois sont attendus, selon les mêmes responsables, qui n’ont pas indiqué le montant de cet investissement. Le projet fait partie d’un ambitieux programme national .Le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi a déclaré ,voici quelques mois, sur les ondes de la Radio nationale que «l’Algérie (prévoyait) d’investir 10 milliards de dollars pour construire cinq (05) raffineries de pétrole afin d’augmenter ses capacités de production». La production étant présentement de quelque 26 millions de tonnes/an.
Le « précédent » de la raffinerie de Tiaret
Avant que le ministère de l’Agriculture ne vienne s’opposer officiellement en donnant un avis défavorable à l’implantation du complexe pétrochimique dans la région d’El-Kseur en raison de la vocation agricole du terrain, une polémique avait opposé un groupe de parlementaires du Front des forces socialistes (FFS) au wali de Béjaïa. Les députés et sénateur FFS suspectaient le wali de travailler secrètement pour sa délocalisation. Il est vrai que «chat échaudé craint l’eau froide», comme dit l’adage. Le FFS, qui était aux responsabilités au milieu des années 2000, avait assisté impuissant à la délocalisation d’un premier projet de raffinerie, lequel finalement a été implanté dans la wilaya de Tiaret alors que le bureau d’études japonais avait classé Béjaïa en tête des wilayas en lice. Parmi les critères retenus : une forte pluviométrie – Béjaïa étant avec la wilaya de Jijel parmi les arrosées d’Algérie ; la présence d’un port et d’un aéroport ; l’assiette de terrain, etc.
Transformer localement le pétrole brut
La commission mixte chargée du choix du terrain a visité deux sites durant sa sortie : celui d’El-Kseur, désormais exclu, et celui de Boudjellil. C’est sur cette assiette de réserve que sera implanté le projet, le 3ème grand complexe pétrochimique du pays après ceux d’Arzew et de Skikda. Une fois le complexe pétrochimique opérationnel,nous a-t-on indiqué, «l’Algérie sera mieux prémunie de la volatilité des prix sur le marché international des engrais».Les cadres locaux de la Sonatrach avaient expliqué lors d’une rencontre, tenue il y a quelques mois au siège de la wilaya, que ce projet entre dans le cadre de la nouvelle stratégie de l’ entreprise. Elle vise la réalisation de projets structurants à travers plusieurs régions du pays pour, «transformer et valoriser la matière première ici en Algérie, au lieu de vendre le brut directement à l’étranger. Notre stratégie est de réaliser des raffineries de pétrole brut, des complexes pétrochimiques, des unités de maintenance lourde, des unités d’accompagnement et des installations de support à ces complexes», a-t-on ajouté.
Un vaste plan de charge pour Naftal
Le plan de développement de Naftal dans la région est en rapport étroit avec l’implantation et la mise en service du complexe. Il s’agira de la réalisation d’un nouveau dépôt carburants, d’un centre GPL sur une superficie globale de 40ha (Carburants : 30 ha, GPL : 10 ha).L’approvisionnement du futur dépôt de carburants se fera à partir du prochain port pétrolier, tandis que les futures installations de stockage et de distribution de carburants consisteront en un parc de stockage d’une capacité totale de 200 000 m3 dont 128 000 m3 (8 x 16 000 m3) pour le gasoil et 72 000 (8 x 9000 m3) pour l’essence ; une installation de chargement et de déchargement des camions et des wagons-citernes qui comprendra le chargement des camions-citernes en source 10 îlots à simple voie ; le chargement des camions-citernes en dôme 05 ilôts à double voie ; le déchargement des camions et wagons – citernes (tous produits confondus) sur six postes à double voie ; une pomperie carburants pour le chargement des camions et le transvasement de bac à bac. Il est également prévu des installations annexes (collecte de purge, traitement des effluents, système de lutte anti-incendie…).