Pour le vice-président du Forum des chefs d’entreprises l’Algérie a besoin de deux fois plus d’entreprises qu’elle n’en a aujourd’hui.
Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a connu une « évolution positive » depuis l’élection d’Ali Haddad à sa tête, le 27 novembre dernier : c’est la conviction exprimée par le vice-président de cette organisation, Salaheddine Abdessemed, lors de son passage, hier, à l’émission L’Invité de direct, sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.
Né en 2000, le FCE « était, pendant dix ans, une sorte de think tank », et son modèle était un « modèle élitiste assumé », a admis Salaheddine Abdessemed. Mais aujourd’hui, « il se veut être représentatif de l’ensemble des entreprises algériennes », a indiqué son vice-président, précisant que le nombre d’adhérents sera de plus de 1.000 entreprises dans les prochaines semaines « contre 260 en moins de cinq mois ».
L’organisation du forum, a expliqué Salaheddine Abdessemed, a changé, car désormais, c’est une approche sectorielle qui est adoptée pour la première fois : « 27 commissions de différents secteurs d’activité ont été mises en place. Chaque chef de commission réunit une dizaine de chefs d’entreprises de son secteur. L’adhésion se fait de manière volontaire. »
Le vice-président du FCE a annoncé que celui-ci comptait désormais des représentants des TPE, des PME et de groupes et que les entreprises y affluent des quatre coins du pays : « Le 15 avril prochain, nous allons installer deux représentants du forum dans chaque wilaya, afin de lui donner de la densité et de la profondeur régionale. »
« Il faut passer à 1,5 million d’entreprises »
Concernant les cotisations au FCE, connues pour être élevées, Salaheddine Abdessemed a affirmé que l’ancien barème n’avait pas été revu à la baisse mais qu’il a connu une évolution, faisant en sorte que les grandes entreprises payent plus que les petites, car le FCE, a-t-il dit, a besoin de moyens pour fonctionner. Abordant le thème des réalisations du forum, il s’est félicité du fait que celui-ci ait réussi, selon lui, à convaincre l’ensemble de la classe politique que l’entreprise doit être au centre des politiques économiques du pays et le moteur de toute politique industrielle. Il a rappelé que la population algérienne sera dominée à l’horizon 2030 à 50% par la catégorie des 25/45 ans et qu’il « faudrait passer de 700.000 ou 800.000 entreprises actuellement à 1,5 million comme un minimum vital dans les prochaines années ». Et de relever que « cela ne peut se faire sans l’ouverture de l’investissement dans le secteur privé ». Dans cette optique, a-t-il assuré, le FCE voudrait doubler dans les prochaines années la part de l’industrie au PIB, qui est actuellement de moins de 5%.
Le FCE veut l’ouverture de l’investissement dans le secteur aérien
Plaidant pour l’ouverture de l’investissement dans tous les secteurs économiques, « y compris le transport aérien », le vice-président du FCE a estimé qu’il n’y avait « pas de pays émergent qui ait percé sans un secteur privé fort lors de cette dernière décennie ». Nous plaidons pour l’ouverture du secteur des transports aériens aux investisseurs privés algériens et non pas pour l’open sky, a-t-il, toutefois, nuancé.
Faisant le parallèle avec le fret maritime national, dominé à 97% par les compagnies étrangères qui imposent aux transport des marchandises algériennes un barème supérieur de 50% à celui imposé à nos voisins, Salaheddine Abdessemed a déploré que « la part de marché de l’Algérie dans le secteur aérien (soit) de moins de 50% aujourd’hui » et qu’ « elle (soit) de 30% dans le cargo aérien » : « Un carton émis depuis l’Espagne vers l’Algérie doit passer par Doha pour arriver chez nous », s’est-il exclamé. « La question se pose actuellement: la demande d’ouverture des investissements dans le secteur aérien vise à protéger qui : les 30% algériens ou les 70% étrangers? », s’est-il interrogé préconisant de préparer une offre algérienne pour le transport privé aérien « le jour où l’open sky sera imposé, vers 2020 ou 2023 », et ce, pour éviter que le transport aérien ne vive la même expérience que le fret maritime.
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