Les banques algériennes ne connaissent pas l’austérité. Elles continuent de financer les projets d’investissement. Les crédits ont augmenté de 11.72% durant le premier semestre 2014.
Le financement de l’économie algérienne s’est maintenu à un niveau élevé durant le premier semestre 2014. La hausse des crédits devrait se maintenir jusqu’à la fin de l’année, les effets de la chute des prix de pétrole ne se faisant pas encore sentir dans le système bancaire. Selon M. Boualem Djebbar, délégué général de l’ABEF (Association des banques et établissements bancaires), les crédits à l’économie ont augmenté de 11.72% durant le premier semestre 2014 par rapport à la même période de 2013, après un boom de 20% en 2013 par rapport à 2012.
Au mois de juin, ces crédits ont atteint 5.760 milliards de dinars (65 milliards de dollars) contre 5.165 milliards en 2013. 51.5% des crédits sont allés au secteur privé, ce qui représente 2.591 milliards de dinars (29.44 milliards de dollars), contre 2.373 milliards de dinars en 2013, a indiqué M. Djebbar au cours d’une émission de radio.
Contrairement à une idée répandue, l’essentiel des crédits va à l’équipement, selon M. Djebbar. 73.79% des crédits accordés par les banques sont des crédits à moyen (22.82%) et long termes (51%), et donc destinés à investissement, a-t-il déclaré.
L’agriculture en bonne place
L’agriculture commence à se faire une place dans ces investissements. Pour le seul secteur des céréales, 17.000 agriculteurs ont été financés en 2013, pour un total de 15 milliards de dinars (170 millions de dollars). Ce secteur est de nouveau privilégié par le gouvernement algérien, après les déconvenues de l’année 2013, marquée par un recul de 30% de la production de céréales, ce qui implique une augmentation substantielle des importations, et une flambée du prix de la pomme de terre suite à une baisse de la production. Le ministre de l’agriculture a effectué une grande tournée cette semaine pour rassurer les fellahs et promettre de maintenir et de renforcer l’aide aux agriculteurs, particulièrement dans les domaines de l’irrigation d’appoint pour les céréales, la construction de silos de stockage, la mécanisation agricole, et le soutien à la production de pomme de terre et de lait.
Selon M. Djebbar, 60% des projets financés par la BADR (Banque de l’Agriculture et du Développement rural) s’adressent à l’agriculture. Les banques ont aussi financé 40.000 dossiers dans le cadre de l’ANSEJ (aide au lancement d’entreprises au profit des jeunes), 10.000 autres selon la formule CNAC (aide aux chômeurs). Les deux formules ont totalisé des crédits de 80 milliards de dinars (900 millions de dollars pour les deux).
Financement bancaire des grands projets
Par ailleurs, le gouvernement algérien a annoncé un nouveau dispositif pour financer les grands projets d’équipement par le secteur bancaire, en vue d’alléger les charges du budget de l’Etat. Les contours de cette démarche n’ont toutefois pas encore été précisés, mais la pression monte après la chute des prix du pétrole, qui entraine une baisse importante des recettes de l’Algérie en devises. Un pétrole à 70 dollars signifierait, pour l’Algérie, un manque à gagner de 18 milliards de dollars, selon un économiste, alors que la balance des paiements était à peine équilibrée en 2013, avec un pétrole nettement au-dessus de cent dollars. Ce nouveau choix ne s’est pas encore répercuté sur l’activité bancaire, qui se poursuit au même rythme que durant les années fastes.