Les politiques foncières en Afrique sont gangrenés par la corruption et l’incapacité des Etats à identifier ce qu’ils possèdent et ce qui appartient au privés. Ce sont des obstacles majeurs face au développement des industries et de l’agriculture, constatent les experts participant à la troisième édition de la conférence sur la politique foncière en Afrique, qui se tient du 25 au 29 novembre à Abidjan (Côte d’Ivoire), sous le thème : « Remporter la lutte contre la corruption dans le secteur foncier : voie viable pour la transformation de l’Afrique ».
Les travaux de la 3ème conférence sur les politiques foncières en Afrique ((CLPA2019) sont organisés par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Banque africaine pour le développement et la commission de l’Union africaine.
Ces problèmes de mauvaise gestion ou d’incapacité à gérer le foncier s’accentuent, surtout que presque tous les pays du continent sont des pays agricoles et non industriels, des pays qui ne quantifient pas leurs possessions en l’absence de bases de données identifiant « qui possède quoi ».
Pour Stephen Karingi, directeur de la Division de l’intégration et du commerce régionaux de la CEA, « une gouvernance foncière efficace est essentielle à la réalisation du développement de l’Afrique, en particulier du Plan de développement de 50 ans du continent, l’Agenda 2063 ». Et d’ajouter que la terre était « le bien fondamental sur lequel les économies étaient construites, ajoutant que les droits de propriété indispensable pour créer un environnement propice à attirer les investissements du secteur privé sur le continent »
« Quand ça bloque, ça corrompt »
La déclaration de Charles Boamah, vice-president de la Banque Africaine de Développement (BAD), n’a pas étonné les résents : il a pointé du doigt la question des dessous-de-table en Afrique quant aux questions foncières qui, selon lui, « est un véritable handicap ».
Pour Josefa Sacko, Commissaire en charge de l’économie rurale et de l’agriculture de la Commission de l’Union africaine, « pour gagner la lutte contre la corruption, nous devons nous assurer que la terre est distribuée de manière équitable et accessible à tous, plus particulièrement aux femmes, aux jeunes et aux autres groupes vulnérables. Les femmes continuent de contribuer de manière significative à la production agricole en Afrique, mais dans certaines circonstances, elles ne peuvent pas jouir de leurs droits à la terre. C’est donc une réalité que les femmes et les hommes ne jouissent toujours pas des mêmes droits sur la terre »
#Corruption in the #land sector inhibits people’s ability to access & own land; marginalizes some sectors of society thereby undermining their livelihoods and perpetuating conflicts, hunger and poverty. Let us fight corruption. @_AfricanUnion‘s Commissioner Amb. Sacko#CLPA2019
— ECA (@ECA_OFFICIAL) November 25, 2019
Dans les recommandations adoptées lors des éditions précédentes des conférence sur la politique foncière en Afrique, l’Union Africaine a appelés les pays membres à « collaborer avec le Secrétariat de l’Initiative sur les politiques foncières en Afrique en vue d’une mobilisation de l’assistance technique et financière au profit des Etats souhaitant entreprendre la réforme de leur politique et législations foncières ».
Une thèse soutenue par le vice-president de la BAD, qui note que la BAD octroie des aides financières pour rendre les lois régissant le secteur foncier cohérentes, mais pour y avoir accès, les politique des pays bénéficiaires doivent être transparentes.
Héritage ou bien public ?
Selon le même intervenant, le foncier dans une partie de l’Afrique est régi par des lois coutumières, souvent non identifiées. Et le rôle de la BAD est de promouvoir les meilleurs pratiques. Il a aussi précisé que la BAD était convaincu que « l’agriculture est le domaine qu’il faut régler et réguler. Surtout pour permettre l’accès au foncier aux jeunes et leur permettre un d’investir et aussi acquérir le savoir-faire.