Le fonds, qui détient plus de 2% du capital du groupe pétrolier français, a cédé en 2005 ses participations dans Kerr McGee estimant que ses activités d’exploration pétrolière offshore au Sahara occidental appuyaient les revendications du Maroc de sa souveraineté sur ce territoire.
Le fonds souverain norvégien, qui gère un portefeuille de plus de 600 milliards d’euros et est considéré comme un des plus grands investisseurs au monde, veut s’assurer du caractère éthique des activités du géant pétrolier Total au Sahara occidental, territoire annexé par le Maroc en 1975 et dont le Front Polisario revendique l’indépendance.
Selon l’agence de presse Reuters qui a rapporté l’information, le fonds entend déterminer si ces activités respectent la charte de « l’investissement éthique » qui lui interdisent d’investir dans des projets nuisibles à la santé publique (sociétés de fabrication de tabac, etc.), à la paix mondiale (sociétés d’armement) et aux droits humains en général.
Pour rappel, la compagnie pétrolière française, dont le capital est détenu à hauteur de 2,06% par le fonds norvégien, dispose depuis 2011 d’une licence d’exploration de pétrole au large des côtes sahraouies. Cette licence lui a été délivrée par le Maroc alors que le Sahara occidental, aux termes de la loi internationale, n’est pas un territoire marocain et que le cessez-feu qui y est observé depuis 1991 entre l’armée marocaine et le front Polisario devait déboucher sur un référendum d’autodétermination. Ce référendum n’a toujours pas eu lieu, les autorités marocaines proposant à sa place un plan de « large autonomie » qui a été rejeté par le Polisario.
Un précédent
Il y a de quoi inquiéter Total dans cette décision du fonds norvégien de mettre ses activités sahraouies sous la loupe de l’« investissement éthique ». En 2005, celui-ci a cédé ses participations dans la société pétrolière Kerr McGee estimant que ses activités d’exploration offshore au Sahara occidental appuyaient la revendication du Maroc de sa souveraineté sur cette région. De même, six ans plus tard, en 2011, il a cédé ses parts dans Potash Corporation of Sasktchewan et dans FMC Corporation parce qu’ils achetaient du phosphate extraits des mines sahraouies sous contrôle marocain.
Commentant la décision du fonds norvégien, un responsable de Total a assuré à Reuters que les activités offshore de celui-ci au Sahara occidental « sont en ligne avec le droit et les standards internationaux applicables figurant dans notre Code de conduite, en particulier ceux liés aux droits humains ».