In Salah, contestation, gaz de schiste. Le CPP n’arrive plus à échapper à ce rituel, dans un pays où les députés sont « convoqués par SMS ».
Avant même de polluer la nappe albienne, le gaz de schiste a déjà pollué les débats du CPP. Ce thème s’impose désormais comme sujet incontournable au Café Presse Politique de Radio M, malgré les tentatives de Souhila Benali d’aborder des sujets moins rébarbatifs. La Grèce, où la gauche radicale a remporté les élections législatives, aurait pu constituer un thème pour le CPP de cette semaine. Les démarches du FFS pour organiser une conférence de consensus national, avec une rencontre FFS-FLN au moment où se tenait le CPP, pouvaient aussi constituer un sujet de débat. Mais le CPP a été contraint de revenir au gaz de schiste, avec la contestation qui dure depuis un mois dans plusieurs villes du sud du pays.
Le président Abdelaziz Bouteflika y a été aussi pour beaucoup, avec sa tentative d’amadouer les populations du sud en offrant de nouvelles wilayas déléguées à des Algériens qui demandaient de la considération. Mais, fait remarquable, le président Bouteflika n’a pas cédé sur le gaz de schiste. Il a simplement affirmé qu’il faudra prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter tout risque pour l’environnement dans le cas où l’exploitation du gaz de schiste se révèle nécessaire pour assurer la sécurité énergétique du pays. « Le pouvoir a répondu par la rente à une revendication citoyenne » en « proposant de l’argent et des mesures bureaucratiques », a noté Khaled Drareni, qui n’est pas surpris, car le pouvoir a utilisé les méthodes qu’il connait le mieux.
La concertation est bonne, même entre mauvais dirigeants
Abed Charef estime que « pour une fois, la réponse du président Bouteflika a posé les termes du débat », en parlant de « sécurité énergétique du pays ». Pour Abed Charef, il y a eu « concertation au sommet de l’Etat parce que la production de gaz conventionnel est devenue très insuffisante. La concertation est toujours bonne, même entre mauvais dirigeants. Une position a été décidée, celle de dire qu’on ne peut pas écarter le gaz de schiste sur le long terme. Mais d’autres éléments sont venus parasiter cette position », comme le fait de parler de découpage administratif.
Il note aussi que le débat se déroule en dehors des institutions. Il n’est ni au Parlement, ni dans les partis politiques, ni au Conseil national de l’Energie, parce que « le pouvoir sait qu’il serait dangereux d’engager le débat au sein des institutions ». La contestation peut-elle dégénérer, demande Souhila Benali ? Saïd Djaafar note que « le pouvoir gère la contestation dans le sud de manière pacifique. Il n’y a pas eu de répression ». Ce que confirme Nejma Rondeleux, qui revenait d’un séjour à In Salah, où elle a été séduite par l’organisation mise en place par les contestataires, mais choquée par les difficultés d’organiser un simple voyage dans le sud. « C’est plus simple d’aller à l’étranger », a-t-elle dit. Arborant des bijoux touareg, Nedjma a indiqué que les « contestataires attendaient beaucoup du message du président Bouteflika. Ils avaient beaucoup d’espoir ».
Parlement convoqué par SMS
Retour ensuite à la politique plus traditionnelle, pour tenter de décoder les démarches du FFS visant à organiser une conférence de consensus national. La recette ? Il n’en a pas. Il veut « faire bouger les lignes, tenter une sortie qui ne soit pas un effondrement ou une confrontation », affirme Saïd Djaafar, qui ne cache pas ses sympathies pour le FFS. Vouloir le consensus « impose des choses lourdes, y compris de parler avec des gens qui peuvent nous paraitre insignifiants », dit-il.
Selon lui, c’est « un appel à la raison qui ne sera pas nécessairement entendu ». C’est une attitude « différente de celle de la CNLTD qui pose comme condition le départ de Bouteflika et des présidentielles anticipées. Le FFS s’adresse au pouvoir, la CNLTD s’adresse à une partie du pouvoir pour lui demander de congédier Bouteflika ». En tout état de cause, « on ne peut pas continuer avec un faux parlement dont on convoque les députés par SMS ». Pour Abed Charef, le FFS n’a pas la force politique pour imposer sa vision, mais « il s’appuie sur la force morale que représente Hocine Aït Ahmed et sur responsabilité morale de ceux qui doivent veiller sur l’avenir du pays ».
Extraits vidéo : http://bit.ly/1JUIymF