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Maghreb

Le Maroc garde son statut de premier producteur mondial de cannabis (ONUDC)

Par Yazid Ferhat
juin 25, 2016
Le Maroc garde son statut de premier producteur mondial de cannabis (ONUDC)

Le Maroc reste toujours le premier producteur mondial de cannabis et une zone de transfert de résine de cannabis vers l’Europe, indique le rapport 2016 de l’organisation des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). 

 

Les chiffres de la production marocaine de cannabis restent ahurissants: 700.000 tonnes en 2013, selon l’ONUDC, qui ajoute que dans ce pays, au moins 47.196 hectares de terres agricoles sont réservées à cette culture. Et, sur la période 2009-2014, l’ONUDC maintient que le royaume chérifien est le plus grand producteur au monde de résine de cannabis, puis vient en seconde position l’Afghanistan, le Liban, l’Inde et le Pakistan. Dans son rapport 2014, l’Organisation internationale de contrôle des stupéfiants (OICS) relève que 42 % du cannabis dans le monde est produit au Maroc, alors que près de 72 % du haschich saisi en 2013 en Europe provient de ce pays.  Le commerce illicite du cannabis rapporte en moyenne 10 milliards d’euros chaque année aux réseaux de trafiquants marocains, et moins de 8.000 dirhams par mois aux cultivateurs, concentrés dans les régions déshéritées et marginalisées du Rif, entre Nador, El Hoceima et Tetouan, ainsi que dans les montagne de l’Atlas, dans les forêts de Chefchaouen et Ouazane. Globalement, il y aurait plus de 800.000 familles qui vivent directement ou indirectement de la culture du cannabis, selon l’ONUDC, qui n’a plus été autorisée depuis 2003 par les autorités marocaines à effectuer ses enquêtes sur site de la culture du cannabis. 

 

32% des saisies mondiales au Maroc et en Algérie

 

Dès lors, les spécialistes de la lutte contre la production et le trafic de drogues travaillent à partir d’estimation sur la base des saisies, notamment en Europe, et au Maghreb, ainsi que qu’en Egypte. Selon l’ONUDC, les plus grandes quantités de résine de cannabis saisies en 2014, représentant 40% du total, ont été opérées en Europe occidentale et centrale. A elle seule, l’Espagne représente 26% du total mondial des saisies, car étant sur le route du trafic de drogue entre le Maroc, zone de production, et l’Europe, zone de consommation. Près de 32% des saisies l’ont été au Maroc et en Algérie, et 25% a été comptabilisé par les pays du Proche et Moyen-Orient (principalement le Pakistan, suivi par l’Iran et en Afghanistan). La proportion des quantités globales de résine de cannabis saisie en Europe a diminué de 77% du total mondial en 1998 à 48% en 2009 et 43% en 2014, selon le rapport2016 de l’ONUDC. Quant à la consommation de résine de cannabis (chira),  près de 3,8% de la population mondiale en avaient consommé en 2014. Selon les estimations, 183 millions de personnes auraient consommé en 2014 du cannabis.

 

Au Maroc, le débat est ailleurs

 

Au Maroc, pourtant, le débat est ailleurs. A l’approche des élections locales et législatives du mois de septembre prochain, plusieurs partis, ceux de l’opposition comme ceux de la majorité, veulent positiver sur la culture du cannabis qui fait vivre plus d’un million de familles marocaines des régions pauvres du Rif. Ces partis, dont le PJD (au pouvoir) n’hésitent plus à demander officiellement la légalisation de la culture du cannabis et l’instauration d’un débat parlementaire. L’Istiqlal, berceau du nationalisme marocain, a déjà proposé fin 2013 un projet de loi dans ce sens, suivi et soutenu dans cette démarche par le PAM (Parti de l’Authenticité et de la Modernité), un parti créé par Fouad Al Himma, ancien ministre délégué à l’Intérieur et proche d’entre les proches du roi. Le projet de loi de l’Istiqlal voudrait que la culture du cannabis soit limitée à cinq régions : Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane, Tétouan et Taounate, alors  qu’une agence étatique devrait se charger de contrôler l’exploitation et la commercialisation. Ce projet de loi, introduit par le groupe parlementaire de l’Istiqlal, reprend dans ses grandes lignes la proposition du collectif marocain pour l’usage médical et industriel du Kif (CMUMIK), en fait une législation qui, tout en sanctionnant le trafic de drogue, autorise l’exploitation du Kif à des fins médicales et industrielles (médecine, cosmétiques, …). 

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