Pour beaucoup d’experts la »boulimie » d’accords de libre-échange de ces dernières années a nui à l’économie marocaine. L’exemple le plus édifiant est celui de l’accord avec la Turquie. En cinq ans, les importations marocaines depuis la Turquie ont doublé (9,8 milliards de DH en 2012), contre seulement 2,8 milliards de DH d’exportations.
Le ministère marocain du Commerce vient de lancer un appel d’offres international pour une étude d’impact combiné sur l’économie locale de quatre ALE en cours de négociation. In fine, les autorités marocaines ne veulent plus conclure a parte des accords qui profitent plus à ses partenaires qu’à l’économie marocaine.
»La démarche procède de la nouvelle loi sur le commerce extérieur », explique le secrétaire général du ministère du Commerce, Mohammed Benayad, cité par le journal marocain L’Economiste. Il ajoute: »Désormais, toute négociation doit obéir, au préalable, à une étude d’impact mesurant les gains, ainsi que les retombées, des concessions à accorder. » L’objectif, selon lui, »est d’éviter les erreurs du passé dont le tribut s’est révélé lourd à gérer. L’accord d’Agadir (Maroc, Egypte, Jordanie et Tunisie) et celui conclu avec la Turquie sont révélateurs à cet égard. »
Les quatre ALE en phase de négociation sont ceux avec le Canada – actuellement en »stand-by » -, les Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (les discussions sont encore à l’état de projets) et, enfin, l’accord sur l’union douanière avec les pays arabes membres de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE). Les négociations avec les Etats de la GZALE sont très avancées et le Maroc les mène dans l’objectif »de rectifier le tir s’il y a lieu », admet M. Benayad.
Une »boulimie » d’ALE, selon le CMC
Entre 2003 et 2006, le Maroc a signé trois grands accords de libre-échange, qui, tous, se sont avérés un semi-échec, sinon un échec total. Outre l’accord d’association avec l’UE, il a signé en 2004 un ALE avec les Etats-Unis puis, en 2005, il y a eu la mise en place de l’accord d’Agadir puis celle de l’accord avec la Turquie.
Beaucoup d’experts, dont ceux du Centre marocain de conjoncture (CMC), avaient critiqué cette »boulimie » d’ALE qui, en définitive, sanctionne l’économie marocaine, notamment l’industrie et l’agriculture. L’exemple le plus édifiant est celui avec la Turquie, qui a fait paniquer les »textiliens » marocains, incapables de rivaliser avec leurs homologues turcs. En cinq ans, les importations marocaines depuis la Turquie ont doublé (9,8 milliards de DH en 2012) contre seulement 2,8 milliards de DH d’exportations. Le déficit commercial avec Ankara s’est ainsi établi à près de 7 milliards de DH en 2012.