Le Maroc pourrait profiter du retour de l'âge de glace entre Moscou et Ankara - Maghreb Emergent

Le Maroc pourrait profiter du retour de l’âge de glace entre Moscou et Ankara

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”Spoutnik”, une nouvelle agence multimédia de propagande russe, livre ici une des options de rétorsion économique contre la Tuquie, et qui profitrerait au Maroc, après l’épisode de l’avion russe abattu par l’aviation turque. ”Spoutnik” annonce même une prochgaine visite à Moscou du monarque marocain.

 

 

 

”Pendant ce temps, de nouvelles opportunités s’ouvrent à d’autres pays, notamment le Royaume du Maroc. Un reportage entier a été consacré tout récemment à ce pays par la chaîne d’information russe en continu Rossiya 24, chaîne très populaire auprès des cercles politiques et d’affaires de Russie. Le reportage se focalisait sur les opportunités existantes entre les deux Etats, surtout au niveau de l’exportation des produits agricoles marocains vers la Russie, ainsi que sur le Maroc en tant que destination touristique. Il a aussi mentionné les liens culturels forts entre les deux pays, depuis l’immigration russe qui a suivi la révolution bolchévique, jusqu’à aujourd’hui en passant par les liens datant de l’Union soviétique (nombre de cadres et spécialistes marocains ont été formés en URSS et en Russie, et continuent de l’être). En effet faut-il le rappeler, le Maroc est le deuxième partenaire économique et commercial de la Russie en Afrique et dans le monde arabe, derrière l’Egypte. Les deux pays sont également signataires de la Déclaration sur le partenariat stratégique, signée à Moscou en octobre 2002. Le Maroc est de loin le premier fournisseur d’agrumes sur le marché russe: plus de 60% de sa production exportée va vers la Russie, le reste principalement dans l’Union européenne. Aujourd’hui, compte tenu de la limitation décidée par la Russie envers toute une série de produits turcs, y compris agricoles, le Maroc peut accroître encore plus cette position dominante. Le Maroc avait aussi depuis déjà un certain temps commencé à exporter ses tomates sur le marché russe, une position qu’elle a renforcée notamment depuis la riposte russe aux sanctions occidentales, et l’interdiction d’importer une série de produits alimentaires et agricoles en Russie en provenance des pays concernés. A noter tout de même que jusqu’ici, c’est la Turquie qui dominait largement la part des légumes importés: pratiquement 80% du marché des tomates et 20% du total des importations russes de légumes. Maintenant et avec la réalité du moment, la part marocaine peut largement s’élargir. Tout comme sur d’autres produits alimentaires et agricoles.

Tourisme, la filière russe

Le tourisme russe à destination du Maroc peut également commencer à croître sérieusement. Jusqu’ici, les parts de lion étaient aux mains de la Turquie (4,5 millions de touristes russes pour la seule année dernière, des touristes d’autant plus les plus dépensiers) et l’Egypte (plus de 2,5 millions). Le Maroc en est encore loin: aux alentours de 50 000 touristes russes annuels (statistiques de 2013) est un chiffre bien loin du potentiel véritable. Raisons à cela: prix plus élevés que sur l’Egypte et la Turquie, pas suffisamment de vols charters, le système « ALL INCLUSIVE » largement utilisé par les Turcs et les Egyptiens pas encore au point. Il faut quand même se rappeler que le Maroc n’a véritablement commencé à se concentrer sérieusement sur le marché touristique émetteur russe que depuis quelques années, tandis que la Turquie et l’Egypte en avaient fait leur priorité depuis plus longtemps. Mais le potentiel est bien là, donc à observer, connaissant surtout les énormes atouts du Maroc dans ce domaine, aussi bien au niveau du balnéaire, que du culturel. En tout cas les objectifs annoncés par les services compétents du Maroc et les professionnels du secteur sont claires: multiplier de plusieurs fois le flux touristique en provenance de la Russie vers le Maroc.

En 2014, les échanges entre la Fédération de Russie et le Royaume du Maroc se chiffraient à un peu plus de 1,5 milliard de dollars (bien loin encore des plus de 30 milliards d’échanges turco-russes). Néanmoins, la nouvelle réalité du moment, les objectifs déclarés et la visite annoncée dans les prochaines semaines du roi du Maroc Mohamed VI en Russie peuvent donner un nouvel élan au partenariat bilatéral. Le Maroc après avoir intelligemment su utiliser les contre-sanctions russes contre certains produits européens à son avantage, lui donne aujourd’hui l’occasion d’en faire de même compte tenu du sérieux refroidissement des relations entre la Russie et la Turquie.

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