Attendu depuis deux ans, l’appel à concurrence pour l’octroi de licences 4G au Maroc est désormais publié, pour un probable lancement courant 2015. Les trois opérateurs effectuent déjà des tests sur leurs réseaux respectifs. Certains, comme Inwi, posent des conditions.
Depuis le 17 novembre 2014, les opérateurs marocains de télécommunications et « autres parties intéressées » sont appelés à retirer le dossier de « l’appel à la concurrence pour l’octroi de licences en vue de l’établissement et l’exploitation de réseaux publics de télécommunications utilisant des technologies mobiles de 4e génération », indique un communiqué de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Le dossier contient le « Cahier des Charges fixant les conditions pour l’établissement et l’exploitation » de la 4G, ainsi que le « règlement de l’appel à concurrence fixant les règles applicables à ce processus ainsi que les critères d’évaluation ». L’appel à concurrence est donc ouvert pas seulement aux opérateurs actuels de la 3G, Maroc Télécom (IAM), Meditelecom, et Wana (Inwi), mais également à d’ »autres parties intéressées », comme le stipule le communiqué de l’ANRT. Selon l’évaluation qui est faite du potentiel du marché marocain, de nouveaux acteurs télécoms pourraient donc faire leur entrée à l’occasion du lancement de la 4G.
Depuis plusieurs semaines déjà, les opérateurs marocains effectuent des tests de leurs réseaux respectifs pour la 4G LTE, après autorisation du régulateur. Le premier à s’être lancé dans cette opération est Maroc Télécom (IAM) qui a effectué, en octobre, des tests à Rabat sur des équipements 4G, avec des débits atteignant 140 Mbps. « Ce test permettra à Maroc Telecom de valider les choix technologiques en attendant l’obtention de la licence pour la commercialisation du service 4G au Maroc », annonce l’opérateur historique, dont la filiale Gabon Telecom a lancé, au début du même mois, une offre 4G au Gabon.
De son côté, le 11 novembre, l’opérateur Wana Corporate (Inwi) a, lui aussi, effectué des tests de la 4G, en présence de journalistes, dans des « conditions réelles » et une « infrastructure partagée », selon une vidéo de la démonstration diffusée sur Internet. Le débit atteint variait entre 86 et 97 Mbps. Selon son PDG, Frédéric Debord, Wana Corporate participera à la 4G si certaines conditions sont réunies. La plus importante, selon lui, est le partage des infrastructures télécoms. Le patron de Inwi estime qu’il serait plus intéressant de focaliser les investissements sur la qualité de service que d’installer de la fibre optique dont dépendra le déploiement de la 4G. Pour le moment, le partage des infrastructures (entendre par là obliger l’opérateur historique, IAM, à mettre sa fibre optique à disposition des autres opérateurs) n’est pas prévu par la loi sur les télécoms en vigueur au Maroc. Adopté début 2014, l’amendement introduisant la notion de partage des infrastructures dans cette loi, n’a pas encore dépassé le seuil du Conseil des ministres.
Plus de 7,5 millions d’abonnées à la 3G
Reste aussi la question du coût de la licence de la 4G dont le prix total de cession est prévu à hauteur de 1,5 milliard Dh, par le projet de loi de finance 2015. Faudra attendre les détails du cahier des charges pour savoir sur quelle base seront octroyées les licences 4G, notamment en terme de prix et de fréquences attribuées.
Hormis ces questions fondamentales pour le lancement de la 4G, les opérateurs marocains peuvent espérer de bonnes perspectives pour la 4e génération de téléphonie mobile. Les résultats réalisés par la 3G, après huit années de son lancement, montrent qu’il existe encore une demande et un potentiel qui pourrait se décliner en faveur de la 4G LTE. Les derniers chiffres de l’ANRT font état de 7,55 millions d’abonnés à la 3G, à fin septembre 2014, soit taux de croissance trimestriel de 9,89%. Sur une année, le parc d’abonnés à l’Internet 3G a augmenté de 70,50%, passant 4,43 millions en septembre 2013 à 7,55 millions en septembre 2014.
En une année, il y a eu un chamboulement dans les parts de marché des opérateurs. En septembre 2013, Meditelecom était à la 1ère place avec 43,66% du nombre d’abonnés de l’époque, suivi de IAM avec 43,31%, et de Wana Corporate (Inwi) avec 13,03%. En septembre 2014, IAM passe en première place avec 58,69% de part de marché de la 3G, suivi de Meditelecom 35,19%. Avec 6,12% Wana Corporate occupe toujours la 3e place mais avec la perte de plus de la moitié de la part de marché. C’est en raison de ce recul, très important pour Inwi, que son PDG réclame des conditions meilleures pour son lancement dans la course à la 4G.