Le Maroc a déjà mis en place en 2007 un Fonds carbone, chargé de négocier et d’acheter les crédits carbone. Ce Fonds de 300 millions de dirhams, détenu à 50% Par la CDG (Caisse de dépôts et de gestion), a pour mission d’accompagner les promoteurs marocains à réaliser leurs projets par l’acquisition de leurs crédits carbone sur la période 2008-2017.
Le Maroc compte réduire d’au moins 13% ses émissions à effet de serre d’ici à 2030. C’est l’engagement pris par les autorités marocaines avant la conférence sur le Climat prévue à Paris en décembre prochain. C’est la ministre déléguée à l’Environnement, Hakima El Haite, qui en a fait l’annonce lors d’un colloque à Skhirat, sur la côte est de Rabat.
Le Maroc « s’engage à réduire de 13% ses émissions (prévues) en 2030 », a ajouté Mme El Haite, qui a précisé que l’effort financier, qui sera pris en charge par le royaume est « de 10 milliards de dollars ». En outre, elle a affirmé que le Maroc était prêt à une « réduction additionnelle de 19% » de gaz à effet de serre d’ici à 2030, d’un coût évalué à 35 milliards de dollars, à la faveur d’un appui international », soit un effort de réduction de 32% au total à l’horizon 2030.
Le soutien viendrait en particulier du Fonds vert pour le climat, qui dispose actuellement de 10 milliards de dollars, mais espère en engranger dix fois plus à moyen terme. Nicolas Hulot, représentant du président français pour l’organisation du sommet de Paris, a qualifié l’engagement marocain d' »assez ambitieux ». « Ce qui est important, c’est aussi le signal que cela donne à un moment où on n’a pas reçu les contributions de certains pays émetteurs », estime t-il, avant de relever que les pays du Sud « nous délivrent un message, à savoir qu’ils sont prêts à faire quoi qu’il en soit un effort, mais qu’ils peuvent en faire encore plus si on les aide ».
Le Sommet de Paris sur le Climat doit aboutir à un premier accord engageant tous les pays dans la lutte contre les dérèglements climatiques à partir de 2020. Trente-sept pays ont annoncé jusque-là leurs engagements.
Bras de fer entre pollueurs sur le Climat
L’objectif du Sommet de Paris sur le climat est d’arriver à un seuil du réchauffement climatique de 2°C. Mais »nous ne sommes pas sur une trajectoire de 2°C », reconnaît Laurence Tubiana, la négociatrice française, au vu des premiers engagements.
Jusqu’à présent, 37 parties dont l’Union européenne, les Etats-Unis, la Russie, le Canada et le Mexique ont annoncé leur « contribution nationale » à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Chine, considérée le premier pollueur, devrait le faire prochainement, ainsi que l’Australie, le Brésil ou le Japon.
Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il est urgent d’abandonner les énergies fossiles, en particulier du charbon, et d’investir massivement dans l’efficacité énergétique pour découpler croissance et émissions de gaz à effet de serre. En outre, six compagnies pétrolières et gazières mondiales (BG Group, BP, Eni, Royal Dutch Shell, Statoil et Total) ont lancé lundi dernier un appel à tous les Etats pour une approche « pratique et réaliste » de la tarification du carbone afin qu’elle soit plus homogène entre les pays »émetteurs ».
Carbone à vendre
Le Maroc est très engagé dans le processus de lutte contre les gaz à effet de serre, et a déjà mis en place en 2007 un Fonds carbone, chargé de négocier et d’acheter les crédits carbone. Ce Fonds de 300 millions de dirhams, détenu à 50% Par la CDG (Caisse de dépôts et de gestion), a pour mission d’accompagner les promoteurs marocains à réaliser leurs projets par l’acquisition de leurs crédits carbone sur la période 2008-2017. »Le FCCM opère dans le trading. Nous achetons des crédits carbone et les revendons sur le marché international », a expliqué une responsable au FCCM citée par la presse marocaine.
A Tanger, l’usine Renault est dotée de système de filtres qui éliminent à la source l’émission de carbone. Les émissions de CO2 de l’usine sont ainsi réduites de 98%, soit environ 135 000 tonnes de CO2 évitées par an.
