Le procédé des achats groupés ou « chouala » est une pratique très répandue dans le segment de l’importation des vêtements et chaussures notamment via la Turquie.
Dans, un courrier adressé par le Délégué général de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, à l’attention des directeurs généraux des banques et établissements financiers, l’ABEF demande aux patrons des banques « d’instruire leurs services quant à la nécessité de demande de suspension de toute domiciliation bancaire concernant l’importation de vêtements et chaussures, sous forme d’achats groupés, dits « chouala », sur la base des extraits du registre de commerce portant les codes d’activités suivants : 405102, 405105, 402205, 405109, ce malgré la présentation du certificat de respect des conditions valide prévu par le décret exécutif n° 05-458 du 30/11/2005″.
Dans le cadre de la rationalisation et l’encadrement des importations de vêtements et de chaussures, il est également précisé que les importateurs activant dans ce segment « doivent se conformer aux dispositions du décret exécutif n° 21-94 du 09/03/2021 modifiant et complétant le décret exécutif n°05-458 du 30/11/2005 fixant les modalités d’exercice des activités d’importation de matières premières, produits et marchandises destinées à la revente en l’état, et ce avant le délai de mise en conformité fixé au 31 décembre 2021 ».
A noter que cette nouvelle disposition, communiquée à l’ABEF par la Direction générale du Trésor, intervient suite à une réunion multisectorielle, consacrée à l’examen des importations de vêtements et chaussures sous forme d’achats groupés, ayant entre autres réuni les ministres du Commerce et des Finances.
Cette disposition légale censée réduire les importations de vêtements et chaussures et limiter la fuite de devises risque, à terme, d’engendrer une indisponibilité des produits sur le marché.
Les importateurs dans la tourmente ?
Du côté des importateurs en achats groupés comme des grossistes et détaillants, l’ambiance n’est pas au beau fixe. Il faut dire que cette pratique quasi « sacerdotale » était jusque là le moyen le plus efficace d’approvisionner toute la filière de prêt-à-porter en produits de qualité et gammes variées, tout en permettant aux fournisseurs de réaliser des économies d’échelle sur leurs importations. Selon nos informations, le coût moyen pour l’importation d’un conteneur se situe entre 350 et 400 millions de centimes.
Les achats en chouala consistent, en effet, à remplir un conteneur avec différents produits et non un seul. Mais les modalités de cette activité ont été modifiée par le décret exécutif n° 21-94 du 09/03/2021, qui dispose ceci : « Les activités d’importation de matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en l’état, sont exercées sur la base d’extraits de registre du commerce électronique portant des codes d’activités homogènes relevant d’un seul sous-groupe des groupes d’activités d’importation inclus dans la nomenclature des activités économiques soumises à inscription au registre du commerce ».
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En d’autre termes, et afin de réduire la voilure des importations de ce type de produits, il ne sera désormais plus possible de recourir à la méthode des « chouala » pour approvisionner le marcher de prêt-à-porter, ce qui porte préjudice aux affaires des commerçants de détail, à la fois au niveau de la disponibilité des produits et celui des prix. « Depuis la modification de la loi sur les importation des « chouala », le marché de vêtements et chaussures en Algérie a été impacté de plein fouet par la crise. Tout le monde pense que c’est uniquement à cause de la Pandémie Covid-19 mais ce n’est pas le cas. La marchandise d’origine turque manque cruellement depuis un moment car les importations ont sensiblement baissé. » A-t-on appris après d’un vendeur de vêtements prêt-à-porter dans la wilaya de Tipasa.
La suspension de cette pratique commerciale risque encore une fois de se répercuter sur les prix des vêtements et chaussures dans les magasin, faute de concurrence sérieuse des producteurs locaux sur la marché national, alors que sur les réseaux sociaux, la riposte des grossistes et importateurs s’organise déjà.
Selon une étude comparative entre l’Algérie et la Tunisie, publiée en février dernier par le cabinet de conseil et d’audit Finabi les besoins nationaux en chaussures avoisineraient les 70 millions de paires par an pour une valeur estimée à 150 milliards de dinars. Dans un secteur qui compte entre 800 et 900 opérateurs dont le potentiel de production est de 120 millions de paires par an, la production nationale atteint difficilement les 5% des besoins du marché.