L’ONG américain Human Rights Watch (HRW), a qualifié ce dimanche, le procès du détenu d’opinion Karim Tabbou d’«expéditif » et d’«inéquitable », dans un communiqué rendu public. « Alors que le Hirak suspend ses manifestations pacifiques pour cause de pandémie, les autorités en profitent pour emprisonner l’un de ses dirigeants au terme d’un procès expéditif et inéquitable », a déclaré Eric Goldstein, directeur Moyen-Orient et Afrique du Nord par intérim à Human Rights Watch.
Tabbou n’aurait pas dû être jugé, d’emblée, pour ses propos, a poursuit la même source. Le droit international des droits humains garantit le droit à la critique pacifique de la légitimité des dirigeants et des institutions, y compris l’armée, rappelle le directeur. D’après lui, les États ne sont autorisés à sanctionner les discours que dans des circonstances étroitement définies, telles que l’incitation directe à la violence.
Les engagements internationaux de l’Algérie garantissent les droits d’expression et d’opinion, note l’ONG. « L’Algérie est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Dans son Observation générale n° 34 relative à l’interprétation de ce traité, le Comité des droits humains des Nations Unies indique que : Dans le cadre des débats publics concernant des personnalités du domaine public et politique, le Pacte accorde une importance particulière à l’expression sans entraves. […] Les États parties ne doivent pas interdire la critique des institutions telles que l’armée », lit-on dans le document.
En outre, le procès en appel de Tabbou selon HRW, « semble violer les principes fondamentaux d’un procès équitable, comme le prévoient, par exemple, les Directives et principes sur le droit à un procès équitable et à l’assistance judiciaire en Afrique ». Celles-ci prévoient que la défense dispose d’un délai raisonnable pour préparer ses arguments et d’un accès, dans des délais suffisants avant la tenue du procès, à tous les dossiers et documents relatifs à l’affaire, y compris le jugement écrit du tribunal de première instance dont les avocats ont fait appel.
Eric Goldstein dira également qu’au moment où plusieurs gouvernements à travers le monde « libèrent des prisonniers pour réduire les risques de propagation du COVID-19 dans les prisons, l’Algérie continue d’incarcérer des dissidents comme Karim Tabbou, simplement parce qu’ils ont exprimé des opinions politiques ».